Mais qu'arrive-t-il à WITHIN TEMPTATION ? Le groupe batave a effleuré la perfection symphonique par le passé (Mother Earth, ça commence à faire loin), avant de migrer lentement et pas vraiment sûrement (ça tâtonne sévère entre The Silent Force et The Heart Of Everything) vers des cieux plus lucratifs, dans l'intention en tous cas ... Même si le site officiel du groupe rappelle que WITHIN TEMPTATION, c'est 3 millions d'albums et DVD vendus dans le monde, une discographie distribuée dans 48 pays différents et 2 récompenses aux World Music Awards, on s'en tamponne. On s'en tamponne grave, même.

Le sextet hollandais n'a pas encore perdu ses fans (pour moi, c'est fait) mais a déjà perdu en route son guitariste / fondateur Robert Westerholt, qui préfère pouponner à la maison. Mais le bonhomme opère dans l'ombre et continue de composer pour le groupe, avec le producteur Daniel Gibson. En toute objectivité, cela avait porté ses fruits sur The Unforgiving, la qualité des compos justifiant à elle-seule le virage entrepris par Sharon Den Adel (chants) & Co. Son successeur, Hydra, installe définitivement WITHIN TEMPTATION sur le trône laissé vacant par EVANESCENCE ... Que la confusion vous soit épargnée, on parle bien du trône des chiottes, pas celui de fer. Sharon vient d'expulser Amy Lee à grands coups de fesses, victoire par K-O.

Pas la peine de la ramener avec le single qui tape bien comme il faut, celui avec Tarja, intitulé "Paradise". La mélodie butte bien, le rythme est entrainant, les filles chantent comme deux anges, pas de problème (c'est Ruud Jolie qui joue ce solo ? le doute est permis). Quoique, en y repensant, entendre Sharon répéter 1 356 849 fois "what about us" et "paradise" finit par lasser ... Et ce n'est que le début du calvaire. Prenons "And We Run" : n'essayez pas de retenir ce titre, Sharon va s'occuper de vous l'enfoncer dans le crâne. Ça commence comme "Sinead" (sur The Unforgiving), des voix célestes s'élèvent pour couvrir ce duo insupportable et improbable entre Madame Den Adel et le rappeur Xzibit, et ça y est, enfin, WITHIN TEMPTATION achève de creuser sa propre tombe.

Pas la peine de m'insulter, Sharon me déçoit et c'est comme ça. On dirait que même les comparses de la brunette en ont ma claque puisque les invités sont légions sur Hydra. Howard Jones, ex-frontman de KILLSWITCH ENGAGE, se prend pour Matt Barlow (l'unique vrai chanteur d'ICED EARTH) pendant "Dangerous" et ses faux airs de Speed Metal batardisé avec le style d'AMORPHIS ... la classe en moins. Je ne vous le cache pas : Sharon répète "dangerous" à tout va. Qui est l'invité suivant ? Ah ben tiens voilà Dave Pirner (le leader de SOUL ASYLUM) pour un duo pas déplaisant : ça fait ballade américaine, ça s'appelle "Whole World Is Watching", et ça contraste tellement avec le reste que ça n'a pas sa place sur Hydra !

Non, parce qu'attendez, je vous ai pas dit : Hydra a un sous-titre, c'est "WITHIN TEMPTATION fait de la soupe et n'arrive même plus à se servir de ses vieux pots". Robert, il veut plus tourner mais il veut bien faire le guest-star et s'essayer à quelques growls quand même, comme dans le passé ! Sûrement pour donner un côté "true evil qui tue" aux mélodies insignifiantes de "Silver Moonlight" et "Tell Me Why", le père Westerholt rote par ci par là, et même les riffs de "Tell Me Why" sentent le Death pas du tout sincère. Pour la scène, on ne sait pas trop comment WITHIN TEMPTATION va reproduire ce fiasco : "eeeeuh chérie, je veux bien péter un coup dans le micro, mais j'ai plus trop envie d'aller me coltiner l'odeur de vos pieds dans le tour bus hein, surtout les tiens d'ailleurs ...".

Oui, oui, je sais, je suis dur avec eux. Mais quand j'entends Sharon m'émouvoir à m'en faire pleurer sur cette ballade, "Edge Of The World", je n'ai que des regrets quant à cette sensibilité qui ne s'éveille que trop rarement, lors d'une ballade ou pas. Et on ne me la fait pas : c'est pas parce que la nana me fait un câlin que j'oublie toutes les crasses qu'elle m'a faites.