PAUL GILBERT (usa) - Vibrato (2012)
Label : Mascot Label Group
Sortie du Scud : 15 octobre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Guitar Hero
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 68 Mins
Mine de rien, mine de crayon, le dernier à avoir écrit chez nous pour Paul Gilbert est un certain… Alexis de Fireball. Pour ceux qui ne voient pas où je veux en venir, cela signifie juste que ça remonte à une éternité. Ou plus précisément au 13 novembre 2006. A l’époque, il s’agissait de déblatérer à propos de Get Out Of My Yard, un album qui confirmait la personnalité d’un Paul résolument tourné vers l’acidité et la dureté d’un jeu de guitare aux intonations métalliques, teinté de shreds enflammés. A l’instar de Silence Followed By A Deafening Roar qui lui succède deux ans plus tard, cet opus avait encore une légitimité sur Metal-Impact. Depuis, les temps ont changé. United States avec Freddie Nelson au micro (2009) puis Fuzz Universe ont vu le jour et le Paul coloré, coiffé comme un porc-épic (ou simplement pas coiffé du tout) et aux faux-airs de Deryck Whibley a laissé place à un Paul sobre, propre, mais toujours amoureux de l’instrument qu’il enlace tendrement sur la pochette de ce Vibrato. Et c’est peu dire qu’avec cette nouvelle sortie en solo, pas loin d’être la douzième depuis 1998 et toujours plus décomplexée, la question de son changement d’univers se pose clairement.
A ceux qui voyaient en Paul Gilbert le guitariste accompli ayant toujours une pensée attendrie pour la sphère Metal, oubliez Vibrato. Je me demande moi-même ce que je viens faire dans cette galère. Déjà que j’ai du mal avec les guitar hero, si en plus ces derniers sont plus Funk, Fusion et Jazz que Metal, ça risque de coincer. Heureusement, il y a un truc qui ne ment pas. Le feeling. Et cet opus en est bourré. Rythmiquement, techniquement, on est très loin de mes standards. Cependant, fort de créations enjouées, entrainantes, pêchues et funky comme « Put It On The Char » ou « The Pronghorn », Paul Gilbert parvient à susciter des émotions, à provoquer un ressenti. Ça fait clairement du bien de taper du pied sur des parties charnues sans vraiment comprendre pourquoi, sans que ce soit un acte bête et machinal. Agrémenté de pianos fantomatiques, de relents groove et fusion qui fleurent bon les seventies, d’errances façon Steve Vai et d’illuminations dignes d’un Frank Zappa, Vibrato se place aussi la moitié de sa durée sous l’égide du chant de Paul, désormais plus qu’acceptable (« Atmosphere On The Moon »). Seule la présence d’un Kiko Loureiro manque un peu à ce disque, qui gagnerait à être moins inaccessible, même pour un public traditionnellement Hard Rock. C’est finalement sur la fin de l’œuvre et sur cet enchainement de reprises live qu’on s’y retrouve le plus. « Roundabout » revisite longuement le tube de YES qui ouvrait Fragile en 1971 et on se dit qu’à l’image de « Rain And Thunder And Lightning » qui aurait très bien pu être écrite par un mec comme Steven Wilson, c’est dans ce Rock progressif un peu barré que Paul Gilbert est vraiment performant. « I Want To Be Loved », génialement bluesy, prend le relais. Cette réinterprétation du classique de Willie Dixon fait bonne figure à la fin de Vibrato, apportant une bonne humeur presque sudiste. Pour finir, c’est le « Go Down » d’AC/DC qui est choisi est la vérité, c’est qu’on est AC/déçu. De une, parce qu’on ne touche pas impunément au répertoire des Australiens. De deux parce que ça apporte encore plus de diversité à un full-lenght totalement illisible.
Mais je crois que c’est « Blue Rondo A La Turk » qui représente finalement le mieux ce Vibrato. Insaisissable, intouchable, peut-être incompréhensible, sauf pour Dave Brubeck qui l’a écrite, elle matérialise toute la folie, la technicité mais aussi le caractère de cochon d’un Paul Gilbert en constante évolution. Si mon instinct primaire avait le droit de s’exprimer, il dirait que cet album est un chouette moment de guitare, sans conséquences sur la santé. Mais c’est la raison qui l’emporte et qui finit par me faire dire que derrière ces compositions volubiles, déglinguées, se cache un artiste, un vrai, dont l’art n’est malheureusement pas à la portée de toutes les bourses.
Ajouté : Vendredi 02 Août 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Paul Gilbert Website Hits: 7936
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