CLAWFINGER (se) - Zak Tell (Oct-2007)
Avoir l’occasion d’interviewer un groupe comme CLAWFINGER que je suis depuis leurs débuts, c’était une aubaine que je ne pouvais laisser passer. Zak, qu’il faut absolument voir sur scène lorsqu’il vous transperce avec ses yeux grands ouverts, revient sur la sortie de leur nouvel album et sur sa sensation par rapport au public français.
Line-up : Zak Tell (chant), Jocke Skog (claviers, chant), Bård Torstensen (guitare), Henka Johansson (batterie), Andre' Skaug (basse)
Discographie : Deaf Dumb Blind (Album - 1993), Use Your Brain (Album - 1995), Clawfinger (Album - 1997), A Whole Lot Of Nothing (Album - 2001), Zeros And Heroes (Album - 2003), HateYourself With Style (Album - 2005), Life Will Kill You (Album - 2007),
Metal-Impact. Bonjour. Tout d’abord merci de répondre à nos questions pour Metal Impact. Life Will Kill You semble être un lien entre Hate Yourself With Style et les albums précédents (même riffs de guitare et même son que HYWS mais retour des samples qui avaient presque disparus). Dans quel esprit avez-vous composé cet album ?
Zak Tell. Avec cet album, nous sommes arrivés à un stade de notre carrière où nous avons la liberté de faire ce qui nous plaît. Notre style est unique et nous le pratiquons depuis assez longtemps pour savoir ce qui sonne bien ou pas ! Et, de toute façon, plus personne ne s’attend à des changements dans notre façon de jouer. De plus, nous avons décidé de donner à chaque idée la possibilité de devenir une chanson. Autrefois, nous les supprimions quand elles arrivaient trop tôt dans le processus de création, ou quand nous avions une impression de déjà-vu. Ce coup-ci, nous avons laissé à nos idées le temps de grandir à leur rythme, que ce soit pour devenir une ballade, un hymne de stade ou tout autre chose. C’était un formidable sentiment de liberté ! D’une certaine manière cet album est une sorte de « best of » de CLAWFINGER, mais uniquement avec des nouvelles chansons représentant toutes les phases de notre carrière.
MI. Quels retours aviez-vous eu avec Hate Yourself With Style, qui changeait tout de même votre style de manière radicale, et que pensez-vous que vont être les retours sur Life Will Kill You ?
Zak. Je pense que cela avait plu à la plupart des fans de Hardcore. Nous avions viré une grosse partie des samples électroniques et des mélodies plus commerciales que nous utilisions précédemment. Malheureusement, cette façon d’agir nous a éloignés de notre plus ancien public qui aimait, précisément, ces choses que nous avons fait disparaître. Sans regret car Hate Yourself With Style était l’album que nous devions faire à cet instant-là ! La réalisation de cet album avait eu lieu pendant une période troublée pour le groupe, nous venions de perdre un membre, débutions avec un nouveau staff managérial et dans une nouvelle boîte. Hate Yourself With Style a permis d’expulser la colère et la frustration venant de ces difficiles moments.
Cela fait plus de quinze ans que notre groupe existe, les mots gentils et les bonnes critiques, nous les avons eus à nos débuts, maintenant, il nous faut travailler très dur pour obtenir quoi que ce soit. Pour le feed-back de Life Will Kill You, l’album a été mixé comme d’habitude…
MI. Une nouvelle fois, vous nous offrez un album riche en influences diverses et pourtant homogène. Est-ce que vous réfléchissez à l’effet global que vous voulez produire avec un album ? Quelles sont justement vos influences majeures ?
Zak. Pas d’effet global, nous faisons juste notre boulot aussi honnêtement qu’on puisse le faire, sans plus de compromis que nécessaire avec ce que nous ressentons. Pour les influences personnelles, c’est un peu différent. Elles sont, bien sûr, propres à chaque membre du groupe. Les miennes prennent sans doute leurs racines parmi DEAD KENNEDYS, JOHN LENNON, PUBLIC ENEMY et FRANK ZAPPA. Mes influences ne se limitent pas, cependant, au milieu musical, des artistes ou politiques tels que Ghandi, Mandela, Van Gogh… m’ont également apporté leur aide !
Les autres membres du groupe fourniront sans doute des listes complètement différentes mais comme c’est moi que vous interviewez, il va vous falloir vous contenter de la mienne !
MI. Un titre comme « Little Baby » (du moins dans la première partie du morceau) fait toujours l’effet d’un OVNI sur vos albums (j’ai même entendu dire « ce n’est pas du CLAWFINGER ça ! »). C’est quelque chose de reposant pour vous ? Une manière de montrer que vous pouvez faire autre chose ?
Zak. Nous ne recherchons pas vraiment ce but, il s’agit plutôt d’une pause, d’une chanson qui permet aux auditeurs de souffler un instant avant que les riffs et hurlements rageurs ne redémarrent ! Pour moi, « Little Baby » est un morceau de CLAWFINGER comme les autres, mais quelqu’un qui n’a jamais entendu que les classiques du groupe peut probablement le trouver spécial.
Nous ne nous sommes jamais sentis limités par quoi que ce soit et nous avons toujours fait ce qui nous semblait bon, peut-être que c’est pour prouver que nous pouvions réaliser quelque chose de différent mais je n’ai jamais pensé de cette manière. Voyez plutôt cela comme une volonté d’originalité sur nos albums, parfois ça marche, parfois pas !
MI. Je parlais tout à l’heure d’un lien pour Life Will Kill You. Plus que cela, il me semble qu’il sonne comme un nouveau départ pour CLAWFINGER. Comment le voyez-vous ?
Zak. En fait, je pense que l’album Hate Yourself With Style a été le vrai renouveau pour notre groupe, Life Will Kill You n’est qu’une bonne occasion, pour nous, de montrer que nous ne sommes pas morts et que tous ces problèmes nous ont rendus meilleurs, plus forts ! Life Will Kill You doit être vu comme la continuation du renouveau de CLAWFINGER. De retour aux racines sans nous copier nous-mêmes !
MI. Est-ce aussi pour cela que la pochette est autant épurée ? Une manière de faire table rase et de repartir sur d’autres bases ?
Zak. En tant que responsable de « l’artwork » du groupe, j’en avais simplement marre de toutes ces pochettes Metal clichées avec des dragons, des filles à poil, du sang et des cadavres. Je voulais juste un truc complètement différent. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de choisir quelque chose de très clean, je suis, d’ailleurs, assez fier du résultat.
MI. Pendant longtemps, bassiste et batteur étaient des musiciens additionnels du groupe (pourtant Andre' était présent depuis vos débuts) alors que maintenant ils font partie du groupe. Pourquoi avoir changé ?
Zak. Ils ne font pas encore réellement partie de la base créative du groupe (qui consiste en Bard, Jocke and me). Ils ne participent pas à l’écriture des morceaux, ils partent en tournée avec le groupe en tant que musiciens de scène. Cependant, cela fait tellement longtemps que nous sommes avec eux et que nous entretenons d’amicales relations que nous avons décidé qu’ils méritaient enfin d’être sur les photos promotionnelles. En outre, une photo avec le line-up complet est plus sympa, peu importe qu’ils soient ou non membres officiels du groupe !
MI. Comment expliquez-vous que vous soyez un groupe qui dure autant mais avec un public toujours malheureusement assez « restreint » (en France tout du moins) ?
Zak. Je ne peux malheureusement pas répondre à cette question, cela ne dépend pas vraiment de nous. Je suis certain que le fait que nous ne soyons ni anglais ni américains ne nous place pas en bonne position mais je ne peux pas trop râler sur ce point vu que nous avons beaucoup plus de succès que beaucoup d’autres groupes suédois, mais évidemment, on en veut toujours plus !
Pour la France, nous n’avons jamais été très connus chez vous. Le pays et ses habitants sont charmants mais la scène Rock/Metal est assez particulière et votre culture Metal n’a jamais été aussi développée que dans beaucoup d’autres pays européens.
MI. Et comment percevez-vous le succès d'un groupe tel que RAMMSTEIN ? Leur succès vous fait-il envie ? Seriez-vous prêt à des concessions musicales pour obtenir un tel succès ?
Zak. RAMMSTEIN est un très bon groupe qui a choisi un son, des riffs de guitares fortement inspirés par des nôtres, et un producteur, Jacob Hellner, qui a travaillé avec nous sur nos deux premiers albums. Je peux donc dire qu’ils ont bon goût ! (Rires)
Sérieusement, je pense qu’ils ont créé un style visuel unique, une touche de bon vieux rock’n’roll provoc’ mélangée avec des paroles sombres, lyriques et aiguisées. En suis-je jaloux ? Bien sûr, mais c’est la manière dont ce boulot fonctionne. Si vous voulez nous coller ensemble, en 1995, ils nous supportaient, en 2001, nous les supportions et peut-être qu’en 2010, plus personne ne se supportera ! Nous faisons ça, tout d’abord, pour l’amour de la musique, pour la célébrité ensuite. Si c’était l’inverse, alors je ne voudrais pas être ici. Nous ne sommes pas disposés à vendre notre âme au diable ou à sucer des queues pour devenir plus célèbres.
MI. Connaissez-vous quelques groupes français (Mireille Mathieu est hors concours !) ? Si oui, qu’en pensez-vous ?
Zak. Désolé mais ma réponse est non pour une raison simple : je ne comprends pas le français, donc les paroles, qui sont très importantes pour moi. Malgré tout, je dois dire que SAÏAN SUPA CREW et MC SOLAAR ont sorti quelques trucs vachement biens ! Et à propos du Metal français, je ne connais rien du tout !
MI. Comment trouvez-vous le marché musical français ? Le trouvez-vous ouvert par rapport à d’autres pays ?
Zak. Non, je ne crois pas qu’il soit ouvert, vous avez un gouvernement qui régule ce qui passe à la radio et vous semblez surtout apprécier le Reggae, le Dub et le Triphop bien plus que le Metal. Je n’ai rien contre ces genres musicaux mais cela ne facilite pas notre introduction sur le marché français.
MI. Pour terminer, un petit regard vers le futur… comment voyez-vous votre musique dans quelques années et, à plus courte durée, pour votre prochain album ?
Zak. Je n’ai pas de réponse, non plus, à cette interrogation. Chaque album est le fruit de ce que nous vivons et de ce qu’il se passe autour de nous. J’espère que nous continuerons à sortir des albums mais, allez savoir, dans cette industrie toujours en mouvement !
Je croise mes « griffes » (« Clawfingers ») et j’espère le meilleur pour notre avenir… quant à jusqu’où nous irons, nul ne le sait !
MI. Merci encore d’avoir répondu à nos questions. Et bon courage pour défendre Life Will Kill You, dont vous pouvez trouver la chronique sur le site.
Zak. Merci.
Ajouté : Dimanche 18 Novembre 2007 Intervieweur : Wong Li Lien en relation: Clawfinger Website Hits: 22202
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