NIGHTMARE (FRA) - Dead Sun (2016)
Label : AFM Records
Sortie du Scud : 25 novembre 2016
Pays : France
Genre : Power Metal mélodique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 53 Mins
Coup de tonnerre chez NIGHTMARE. En dépit d'un standing largement assumé et de productions de qualité depuis sa reformation (en particulier l'enchainement Dominion Gate / Genetic Disorder / Insurrection / The Burden Of God), l'ambiance a fini par ne plus être au beau fixe, et les frères Amore (Jo le chanteur et David le batteur) ont décidé de quitter le groupe, déclarant ne plus jamais vouloir travailler avec le bassiste Yves Campion. Cette perte énorme – surtout concernant le poste de frontman puisque Jo Amore possède l'une des plus belles voix du circuit – aurait pu sonner le glas pour NIGHTMARE.
Il n'en est rien. Campion a eu la grande idée d'embaucher non par un nouveau chanteur, mais une chanteuse. Et non des moindres puisqu'il s'agit de Magali Luyten, invitée sur la chanson "The Dominion Gate (Part III)" à l'époque de The Burden Of God. Maggy, dont nous avions déjà dit le plus grand bien en 2008 avec le pourtant moyen Dark Sun de VIRUS IV, avait attiré l'oeil de plusieurs cadors, comme le batteur Uli Kusch (pour son groupe BEAUTIFUL SIN) ou encore le brillant Arjen Anthony Lucassen (sur le 01011001 d'AYREON). Maggy, donc, apporte du sang neuf à un line-up qui comprend désormais Yves Campion, les guitaristes Franck Milleliri et Matt Asselberghs, et le batteur Olivier Casula (fraichement arrivé également).
Ce dernier, dont on n'a peu parlé jusqu'ici, se positionne comme le complément idéal aux riffs du tandem de guitaristes. Le bonhomme a un jeu résolument plus extrême que son prédécesseur, et si NIGHTMARE avait toujours su évoluer avec son temps sans jamais paraître ringard dans les sphères Heavy, là le quintet flirte sans état d'âme avec un Metal plus brut et méchant. On ne prononcera pas le terme Death Metal mais "Infected", morceau d'ouverture, fixe les nouvelles règles, à grands coups de riffs dignes du Groove Metal américain (PANTERA et MACHINE HEAD), breaks ou ponts dévastateurs, et cette voix ô combien puissante de Miss Luyten. C'est sans connotation péjorative qu'on peut affirmer : ouais, cette fille a de la gueule. Aucun registre ne l'effraie, elle arrache tout sur des couplets agressifs, et elle s'envole sur des refrains plus mélodiques. A plus d'une reprise, elle se rapproche de la bassiste/chanteuse de TRIOSPHERE, Ida Haukland, et ce n'est pas un mince compliment. En plus "evil" quand même. La grande classe, quoi.
Indirectement, mais inévitablement compte tenu de ses nouvelles recrues, NIGHTMARE a durci le ton. L'entrée en matière fait très mal aux dents et le danger, c'était de tomber dans la facilité du mastodonte qui détruit tout sur son passage. Et de se perdre en route. Or, comme le disait une célèbre marque de pneu, sans maitrise, la puissance n'est rien. Et là-dessus, NIGHTMARE a trouvé un certain équilibre entre énergie monstrueuse et incantation plus accrocheuse. Un peu à l'image des capacités de sa chanteuse, en fait. On ne s'amusera pas à compter les refrains qui font mouche ("Tangled In The Roots", "Ikarus", "Indifference" ou "Infected" en tête), bien amenés par des rythmiques de tueurs (sans déconner, par instants on croirait vraiment entendre du Thrash, allez vite écouter les premières mesures du titre éponyme, ou l'intro de "Inner Sanctum"). A ce titre, nul doute que les gratteux Franck et Matt prennent un pied d'enfer au sein de cette formation. Attention, NIGHTMARE sonnait déjà "moderne". Sauf que là, un pas de plus a été franchi.
De plus NIGHTMARE n'en a pas oublié ses propres fondements, plaçant de bons solos quand cela s'impose (c'est magnifique sur "Indifference", c'est jouissif sur "Starry Skies Gone Black"), se risquant par instant vers des cieux plus épiques ("Red Marble & Gold"), replongeant avec plaisir dans les abîmes du Metal lourd ("Indifference" encore), et assumant pleinement le mid-tempo de rigueur nommé "Seeds Of Agony", qui a tout d'un single en puissance. Sur ce dernier, encore une fois Maggy est bluffante de maitrise. Son duo avec Kelly Sundown Carpenter (ex-BEYOND TWILIGHT et nouveau chanteur d'ADAGIO) sur ce "Serpentine" à la "Painkiller" en disent long sur sa capacité à s'adapter à toutes les situations. Quand on écoute Maggy chanter au sein de NIGHTMARE, on entend ce qu'Andy B. Franck n'a jamais réussi à atteindre avec son BRAINSTORM.
Alors même s'il ne faut pas négliger le boulot abattu par tous les musiciens, ni les producteurs Patrick Liotard (pour les arrangements) et Joost Van den Broek (EPICA), ni l'ingénieur du son Gerald Jans, on affirmera sans se tromper que NIGHTMARE a trouvé la perle rare en la personne de Maggy Luyten. Elle incarne une sorte de renouveau pour un groupe à la discographie exemplaire. Et Dead Sun la complète à merveille.
Ajouté : Samedi 10 Juin 2017 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Nightmare Website Hits: 48664
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