Il fallait assurer une certaine traçabilité. C'est vrai, quoi ! On ne pouvait pas laisser s'envoler un tel oiseau rare dans la nature. Une nature qui plus est hostile, dominée sous la canopée par toutes sortes de bestioles piquantes, mordantes et surprenantes. Ce monde, c'est celui du Metal, auquel appartient désormais le robuste mais inexpérimenté groupe autrichien CONFESSIONS OF PAIN. Leur EP éponyme de 2010, c'est un peu mon coup de cœur de l'année... 2013. Découvert sur le tard au hasard d'une étagère goulument dévorée par les termites, cet attrape-poussière méritait, en dépit de son allure impersonnelle, de sortir de l'ombre. Car à l'intérieur, pareil décoction de Metal moderne, Death Metal, Metalcore et Hardcore laissait son monde coi. De l'aveu même de votre serviteur, on n'avait plus entendu pareilles dispositions depuis... des temps immémoriaux pour ne froisser personne. Alors quand est venue l'heure d'As The Vultures Watched Me Die, leur premier album, vous vous doutez bien que demeurer impassible n'était pas au programme.

Sans pouvoir expliquer pourquoi, j'ai le sentiment que CONFESSIONS OF PAIN est un groupe qui n'en a rien à carrer, que leur unique vocation est d'être sur scène pour ruiner des cervicales. On est quand même en 2013 et si pour dégoter ne serait-ce qu'une foutue date de sortie officielle, il faille s'équiper comme pour une expédition dans la jungle amazonienne, c'est que la communication n'est pas leur fort. Censé être un outil, Facebook nous apprendra seulement que le 13 juillet 2013, Chris (chant) et Betty (basse) se sont dit oui devant Dieu. Pour des infos sur l'album, on peut toujours courir. Qu'à cela ne tienne, l'obstination est payante. As The Vultures Watched Me Die est proposé au public le 2 mars via Transwaved Records. Conformément à l'EP, ce full-lenght démarre sur de mêmes bases. La pochette est fade, l'intro est nulle mais tout se décante avec l'arrangeante "Death Illusion". Entre TRIVIUM et PANTERA, quelque chose a changé. Mais oui, CONFESSIONS OF PAIN est monté en puissance ! Le Metal de garage pourtant si attachant de l'EP s'est mué en un Metal solide, bien produit, bien ficelé et un petit peu plus... rangé. Ok, les promesses faites par ledit EP autorisaient ce côté expansible. De là à vibrer au rythme de riffs formatés, c'est une demi-surprise. A vrai dire, très vite, je perds quelques repères. Où est passée cette personnalité grassouillette, avec ces guitares entières, ces breakdowns pur beurre, ce chant limite Death old-school ? "Killing Dreams" ? Vous voulez rire. Beaucoup plus superficiel, plus "pro" également, As The Vultures Watched Me Die est une pépite de Metal moderne au sens stérile du terme. Les fans de MACHINE HEAD, FEAR FACTORY, TRIVIUM, CHIMAIRA, LAMB OF GOD ou AS I LAY DYING auront tous de quoi picorer sur "Justice Has Failed" (cette voix claire, n'importe quoi...) ou "Wasted Time". Les références sont plaisantes ? Oui, mais elles étaient autrement plus ciblées et parlantes dans ma chronique de l'EP. Quant au chant de Chris qui est pour moi la grosse déception de l'album car trop lunatique, que dire, si ce n'est que l'amour ne rend pas toujours service.

Je ne peux pas m'avouer trop déçu car en même temps, je m'attendais à un tournant. Soit CONFESSIONS OF PAIN validait la facette pantouflarde et écrasante de "Dark Days In Heaven", soit ils évoluaient vers des horizons plus mélodiques, plus plastiques tout en gardant une relative bonne tenue de route. Au vu de leur âge et de leurs capacités, il était clair que ces autrichiens feraient le nécessaire pour grimper très vite à l'échelle. Au grand bénéfice du fan de Metal pas trop exigeant et au grand dam de cette colonie d'ersatz de Metal US, qui voit là débouler un concurrent plus qu'ambitieux !