UFOMAMMUT (it) - Oro - Opus Alter (2012)
Label : Neurot Recordings
Sortie du Scud : 14 septembre 2012
Pays : Italie
Genre : Sludge Psyché
Type : Album
Playtime : 5 Titres - 43 Mins
Douze ans de carrière pour nos amis transalpins d’UFOMAMMUT… Et quelques mois après la parution du premier volume de l’album concept Oro, Oro – Opus Primum, les revoici sur le devant de la scène avec la seconde partie de ce diptyque majeur, Oro – Opus Alter. Quid de scinder en deux une ouvre conçue comme un tout ? Bonne question…
Si METALLICA s’était déjà prêté au jeu avec Load et Reload, c’était surtout pour masquer par une astuce marketing les faiblesses de composition du second volet. Dans le cas d’ UFOMAMMUT, le résultat est tout autre. Car Oro a bien été pensé comme une œuvre en deux volets, bien que leur écoute ne permette pas forcément au néophyte d’en saisir toutes les nuances.
Je m’adresserai tout d’abord à vous, justement, non initiés au monde si particulier de ce trio infernal. Un rapide coup d’œil aux infos de l’album vous donnera d’abord une indication essentielle. Signé sur Neurot Recordings, qui n’est rien d’autre que le label crée par les membres de NEUROSIS, cet élément vous mettra sans conteste sur la voie, la seule, celle de l’expérimentation doublée de douleur sonore. NEUROSIS, c’est une caution, à coup sur, mais c’est aussi une garance à double tranchant. En cas d’effort mineur, personne ne manquera de vous traîner plus bas que terre.
Mais dans le cas des Italiens, il n’en est rien. Car ils ont depuis longtemps choisi les cieux, le cosmos. Et je les suis toujours avec plaisir, oxygène ou pas…
De l’oxygène, il vous en faudra pour écouter ce nouveau pavé…Douze ans de carrière comme je le disais, pour six albums (si l’on admet que le projet Oro dans ses deux parties n’en forme qu’un), et six déclarations d’amour à une musique unique, lourde, versatile, imprévisible, mais toujours captivante, et oserais je le mot : envoûtante.
Un peu comme si les 13th FLOOR ELEVATORS rentraient de plein fouet dans le mur ISIS. De la lourdeur, du psychédélisme, des ambiances chamarrées, glauques, poisseuses, moites, ambiguës, soutenues par une guitare énorme et une rythmique qui fait trembler le cœur.
Et en parlant de psychédélisme, il faut avouer que c’est le terme qui fut le plus usité pour décrire Oro – Opus Primum. Nous volions à ce moment là d’arrangements subtils en envolées lyriques, pour finalement partir en piqué et frôler le sol de nos ailes.
Le voyage avait de quoi dérouter, et vider l’air dans nos poumons. Fallait-il pour autant attendre la même chose de ce nouveau volume qui vient achever la narration ?
La réponse est négative.
Si Primum pouvait faire rêver, Alter ramène à la réalité. Et durement.
En piochant dans la discographie du groupe, beaucoup d’éléments rattachent Opus Alter à Eve, le fantastique cinquième album d’UFOMAMMUT. Mêmes longues digressions, même concision, à ambiances toutefois différentes… Il s’agit plus d’un parallèle de construction qui me permet cette comparaison. Car tout comme Eve, ce nouvel album semble taillé dans un seul roc, et décomposé en cinq mouvements, pour au final représenter un seul et unique voyage, dans un espace étouffant, oppressant, telles les villes modernes qui ne nous laissent pas le temps de vivre.
Et si l’agression est quasi permanente, au travers d’une lourdeur difficilement appréhendable pour le commun des mortels, elle est souvent striée de moments de grâce, d’arpèges venus d’ailleurs, de mélodies maladives mais reposantes. Quelques rares samples disséminés de ça de là pour détailler le propos, mais dans son ensemble, Opus Alter n’est qu’unité, et suffocation quasi pathologique. Car lorsque le trio s’autorise quelques minutes de pur trip lysergique durant le final de « Sublime » (fabuleux passage qui vous emmène vraiment loin pour peu que vous ayez l’esprit ouvert…), ça n’est que pour mieux nous assener un coup de massue mortel et nous ramener les pieds sur terre lorsque commence « Deityrant ». Oui, l’écoute de cet album demande un effort, car rien n’y est facile… Mais n’est ce pas la définition même de la vie ? Car UFOMAMMUT s’en veut l’illustration…
Aidés en cela par un son gigantesque qui occupe toute la pièce, le trio se déchaîne, et libère ses pulsions en un accord immense, écho d’une misère introspective trop poussée dans l’inconscient pour en ressortir sans un cri primal effrayant.
Il faudra bien sur maintenant écouter les deux opus d’une traite, pour juger de la pertinence de la démarche. Et pour m’être livré à cet exercice, je vous promets que l’expérience n’a rien d’un parcours de santé. Il faut se plonger dans cette œuvre, en y laissant une partie de son âme.
Oro - Opus Alter achève donc le travail accompli, et se pose en conclusion logique de douze années d’essais, de balbutiements, de tentatives, de succès, de coups de génie. Douze années durant laquelle leur identité s’est affirmée, au point de les transformer en monstre effrayant, mais au regard hypnotique.
Allez, laissez tout tomber, refusez la facilité.
Embarquer avec moi, avec eux.
Même si vous ne devez jamais revenir…
Ajouté : Mercredi 03 Octobre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Ufomammut Website Hits: 7488
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