Quelques arpèges, quelques cymbales qui trépignent d’impatience d’en découdre, puis des Power Chords qui brisent tout suspense : en quelques secondes, la puissance de GRAND MAGUS parle pour elle, on sent, on sait que The Hunt va rapidement se transformer en panard intégral. Hammer Of The North (2010) nous en avait déjà mis plein la gueule, The Hunt confirme tout le bien qu’on pense de ce power-trio efficace. Certains diront que GRAND MAGUS pratique un Heavy Metal à l’ancienne, on ne pourra pas leur donner tort, dans la mesure où les Stained Class de JUDAS PRIEST et autres Power And The Glory de SAXON ne sont jamais bien loin. En d’autres termes, le feeling qui se dégage de ce nouvel album témoigne d’un savoir-faire et d’une maitrise savoureuse. Croyez-en votre serviteur, qui se retient pour ne pas écrire une chronique enflammée et débordante d’enthousiasme subjectif, des albums de Heavy Metal comme ça, on en voudrait tous les mois, toutes les semaines, tous les jours (non mais écoutez-moi ce son de guitare …). Encore que, la rareté de la chose la rend carrément plus appréciable. Mais bon sang ça déchire !!!
On pourrait se passer en boucle un « Valhalla Rising », avec son allure modérée, l’osmose parfaite entre la guitare rythmique et la voix atypique de Janne « JB » Christoffersson, ce refrain de très haut niveau, oui, oui, et mille fois oui, voilà de quoi headbanguer et lever les poings en l’air des heures durant ! D’ailleurs, à l’instant même où le chroniqueur écrit ces lignes, il pose sa plume pour aller à nouveau hurler « take my hand » à tue-tête. (Quelques minutes plus tard …) Le père JB a cessé de pousser des cris aigus à la Rob Halford pour se concentrer sur un chant plus sobre et plus « roots ». Par instants, on perçoit quelques similitudes avec le timbre de Blaze Bayley, ce qui ne contraste absolument pas avec le Metal de GRAND MAGUS. Le rapprochement avec les premiers disques de BLAZE a tout de logique sur le speedé « Iron Hand ».
Et si un « Storm King » lorgne sans complexe sur son grand frère « Valhalla Rising », de par ce rythme ralenti, avec des lignes de chant parfois répétitives, peu importe puisque JB envoie un solo d’enfer comme on en n’entend plus depuis les prouesses guitaristiques d’un Glenn Tipton (JUDAS PRIEST) au meilleur de sa forme … On pourra se faire la même réflexion sur un « Silver Moon ». Si certains passages ne suscitent rien de folichon, l’aura de GRAND MAGUS agit tôt ou tard. Le trio va droit à l’essentiel (le nouveau batteur, Ludwig Witt, a tout compris), n’abuse pas des artifices, joue sur les nuances rythmiques guitare (JB) / basse (Fox), envoie des breaks démentiels à deux grattes (« The Hunt »), bref, GRAND MAGUS conforte haut la main sa réputation de groupe scénique ultra-rodé. Quiconque a déjà assisté à un concert de ce combo suédois sait déjà que GRAND MAGUS ne triche pas.
Et au-delà de tout concept de Heavy Metal traditionnel, il serait regrettable de ne pas évoquer « Son Of The Last Breath » et « Draksadd ». Le premier titre cité est tout simplement magnifique, presque hors propos : il s’agit d’une ballade aux relents traditionnels avec violoncelles, Folk dans l’esprit, désespérément mélancolique. Quand le morceau prend une tournure plus ambiante (les cris de JB), GRAND MAGUS retrouve le chemin du Metal lourd, toujours avec cette touche grisante. Un grand morceau, un des titres phares de The Hunt, à n’en pas douter ! Quant à « Draksadd », qui voit JB réaliser des prouesses au niveau des voix, il résume à merveille tout ce qui vient d’être relaté et clôt l’album avec une magie épique que votre serviteur a omis de souligner jusque-là.
L’effet de surprise de Hammer Of The North n’est plus là. Mais The Hunt apporte sa pierre à l’édifice et confirme ce que l’on vous ressasse depuis des années : Le Heavy Metal n’est pas mort.