FLEO (FRA) - Nocturnal Terror (2010)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : avril 2010
Pays : France
Genre : Hardcore progressif
Type : EP
Playtime : 7 Titres - 42 Mins
Si vous souffrez de terreurs nocturnes et que vous avez la chance de vous en souvenir, ce n’est certainement pas en pratiquant la musicothérapie que vous irez mieux. David Servan-Schreiber glorifiait à l’époque les vertus thérapeutiques de la musique. Il n’avait surement jamais écouté de près FLEO. FLEO, c’est six amis de longue date, une passion commune pour le gros son et probablement le houblon. Formé en 2003, le groupe subit plusieurs standbys avant de reprendre son activité en 2007. La discographie des Nancéiens est famélique avec un petit EP paru en avril 2010, le bien nommé Nocturnal Terror. Vous comprenez désormais tout le sens de ces présentations ? Tant mieux. Parce qu’avec ce premier essai, enregistré par Simon Muller au Fucking Hostile Studio à Dommartin-Sous-Amance (54), les Lorrains ne réinventent surement pas le Hardcore, mais proposent en tout cas une relecture très personnelle du style.
Le Hardcore, musique concise, souvent expéditive, parfois revendicative, connue pour ne pas faire dans la demi-mesure… comment expliquer dès lors à nos chères têtes blondes pourquoi cet EP composé de six titres (et d’une intro) dure près de trois quarts d’heure ? Y aurait-il un dysfonctionnement ? Assurément oui. FLEO ne procède pas exactement de manière très académique au moment d’envoyer le son. Il y a dans ce Hardcore tout un tas d’éléments et d’artifices qui le rendent difficilement décryptable. Tout d’abord, la relative longueur des compositions déstabilise. Six minutes pour « Knock-Out » et « Live & Learn », sept pour « What Would Chuck Norris Do » et treize pour « Paranoiac Unknow », on est loin du Hardcore classique « emballé c’est pesé ». Les tempos sont équilibrés, cadencés. Dans l’esprit, on se rapproche parfois d’un Post-Hardcore bien lourdingue. Les guitares, imprévisibles, ont ce côté pachydermique et cérébral qui fait fureur au sein de groupes comme SELENITES ou WHEN ICARUS FALLS. On y trouve certes davantage de vivacité et de dynamisme (« Modern Men’s Misery » avec son riffing un peu Thrash), mais certains plans prêtent tout de même à confusion. Avec deux chanteurs à son bord, FLEO joue la carte de la diversité vocale. Mais ce choix lourd de responsabilités, à l’instar d’un groupe de Hardcore comme DO OR DIE, prend toute sa dimension sur scène et impacte assez peu sur CD. Du coup, seuls quelques passages clefs donnent du relief à cette décision. On prendra pour preuve les trois premières minutes de « What Would Chuck Norris Do » notamment, au cours desquelles la tempête entre screams et voix gutturales aux limites du Death fait rage. Si cet EP souffre de quelques disparités, il dispose également de puissants atouts. En effet, FLEO se révèle assez mature dans le travail de composition et dans la construction de sa musique. La présence malheureuse de samples décrédibilise un peu tout ça, dans la mesure où les plans atmosphériques, progressifs ou épiques suffisent à donner du coffre à ce Nocturnal Terror. Ce Hardcore typé, complexe et parfois brouillon n’a pas besoin de trucages extérieurs pour exprimer tous ses arômes. L’accumulation de ces quelques détails, il faut bien le dire, lui dessert globalement.
Pour autant, cet EP ne sera rien de plus que prometteur. FLEO a du talent entre les doigts mais l’exprime encore de façon trop inconstante. Entre moments de grâce et réel ennui, Nocturnal Terror souffle le chaud et le froid sans vraiment faire étalage de toutes ses capacités. Alors peut-être en gardent-ils sous le coude en vue d’une production future ? Il faut l’espérer. Car si les Nancéiens ont craché tout ce qu’ils ont dans le ventre ici, on ne donnera pas cher de leur peau pour l’avenir. Et leur incroyable potentiel qui ne sera jamais exploité à sa juste valeur sera probablement un de nos plus grands regrets.
Ajouté : Mercredi 18 Juillet 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Fleo Website Hits: 7330
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