LA SOUCHERIE (FRA) - Parasite Auditif (2010)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 13 novembre 2010
Pays : France
Genre : Rapcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 54 Mins
« Le rap est une forme d'expression vocale sur fond musical appartenant au mouvement culturel hip-hop, apparue au milieu des années 1970 dans les ghettos… ». Ah, pardon, on me souffle dans mon oreillette qu’ici c’est Metal-Impact et pas Rap-Impact. Alors putain, c’est quoi ce délire avec LA SOUCHERIE ? Vous ne connaissez pas LA SOUCHERIE ? Moi non plus. Enfin, je préfère me convaincre que je vais réussir à oublier ce nom rapidement, mais vu La Boucherie proposée sur Parasite Auditif, j’en doute. Pour faire simple, ceci n’est pas un groupe, c’est un « collectif ». Et le concept est simple, mélanger aussi grossièrement que possible le côté revendicatif-vindicatif du Rap et la violence du Hardcore. Le milk-shake est osé, certes, mais comment omettre de mentionner la réussite toute relative de certaines formations similaires dans l’esprit tels qu’ENHANCER, URBAN DANCE SQUAD ou LIMP BIZKIT ? On aurait évidement souhaité avoir affaire à un « collectif » qui tire son épingle du jeu, qui soit capable de surclasser des pointures vieillissantes. Mais à côté de ce projet, Fred Durst a presque l’air d’un musicien de génie.
« Pour la peine, ta France, on vient la brûler. Génération Hardcore, te montres l’envers du décor ».
C’est simple, il n’y a rien à retenir de ce disque, sauf peut-être les paroles. Trois chanteurs pour déblatérer de telles bêtises, c’est tout sauf une surprise. Une voix grave, ersatz de Joey Starr victime d’une trachéotomie, une autre plus Hardcore, une troisième claire (ou plutôt transparente), voilà pour la palette vocale qui ravira certainement les amateurs de diversité. Ceux qui aiment bien quand les lignes de chant sont supportables seront sommés d’aller voir ailleurs.
« Séquestration du patron, si il paye pas l’addition (toi, paie tes fautes de grammaire), attention, agression, on lui met un god dans le fion ».
Musicalement, ne riez pas, mais LA SOUCHERIE ne se démerde pas toujours trop mal. Les deux guitaristes en place proposent des riffs parfois intéressants (« Gène Lacrymogène ») et sont surtout les garants d’une certaine rage, propre au Hardcore comme il se fait généralement de l’autre côté de l’Atlantique. Malheureusement, la production bancale brise un peu cette authenticité en plaçant les cordes en dernière ligne, rendant leurs attaques inoffensives. C’est d’autant plus dommage que sur le plan de la construction instrumentale, ces mecs ne sont pas des branques. Je dirais même qu’on capte ça et là l’ombre d’une bonne idée, d’un bon solo, d’un bon pattern de batterie (« Souches Dans La Foule »).
« La Souche pèse, te baise et tu fais un malaise ».
Malgré ça et même si en disant les choses telles qu’elles sont, je risque de « prendre cher » ou de me faire « assommer à la pelle », c’est un risque que je consens à encourir. Cet album n’est pas abouti d’un point de vue musical, il est ennuyeux, rébarbatif, plat. Pire encore, sous ses faux-air d’opus rassembleur, il ne cessera d’élargir le fossé qui sépare Rap et Metal. Je suis plutôt mal placé pour juger le premier même s’il me semble avoir déjà entendu des choses plus convaincantes. En ce qui concerne le second, il n’y a pas tortiller du cul pour chier droit, c’est pas dégueulasse, mais qu’est ce que c’est mou ! La présence régulière de samples et d’arrangements électroniques (« Derniers Jours », « Motherfucker G ») est une décoration qui alourdit toujours plus l’ensemble. Parasite Auditif relègue davantage LA SOUCHERIE au rang de grosse blague ringarde qu’à celui de projet ambitieux susceptible de faire le buzz. Mention très bien à celui qui a trouvé le nom de l’album, il ne pensait pas si bien dire.
« C’est comme ça, génération sacrifiée, pour la peine Marianne on va t’violer ».
J’espère vraiment du fond du cœur que cette chronique ne provoquera pas chez eux de réactions épidermiques. De toute façon, rien que pour avoir démarché un webzine spécialisé comme Metal-Impact, ils ont tout mon respect. Culottés, téméraires ou inconscients, on ne sait plus vraiment dans quel tiroir ranger LA SOUCHERIE au final. Ce qui semble sûr, c’est que ces gars ont totalement foi dans leur projet et qu’ils croient dur comme fer en ce qu’ils disent. Mais ont-ils seulement réalisé qu’ils ne provoquent aucune autre émotion chez la plupart de leurs auditeurs que de la moquerie ou l’indifférence ? Ce premier album bonimenteur est finalement bien fade et fait malgré lui l’apologie de la vulgarité, de l’anarchisme de comptoir et de la réflexion godiche. Aux amateurs de littérature, de bons mots, aux épicuriens de la Lettre, aux aficionados de Metal burné et sans compromis, cet album est à fuir comme la peste.
« Alors mec écoute un peu la zik et balance ta réponse si t’as pas peur qu’on t’nique ».
Non, même pas peur.
Ajouté : Mercredi 13 Juin 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: La Soucherie Website Hits: 8166
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