Avant ANWYNN, il y eu ARAWN, combo de Heavy Metal, à voix masculine, qui comme un incendie fut circonscrit fin décembre 2006. Les braises encore toutes chaudes, les flammes de l’enfer s’apprêtaient aussitôt à marquer au fer rouge les esprits des fans belges de Symphonic Death Metal avec ANWYNN. Flambeau porté par les téméraires guitaristes Laurent et Mathias avec Fred à la batterie. A la recherche d’un chanteur, c’est une chanteuse qui s’impose, Amandine avec sa voix mezzo. C’est dans cette configuration que sort, en 2008, le premier E.P. Beyond The Weil.
Le line-up va connaître de nombreux changements qui vont générer une nouvelle approche du chant, créant ainsi la personnalité et l’originalité d’ANWYNN, avec la venue de Bouc, le grunter de service. L’opposition du registre de voix mélodique d’Amandine et le chant grunt de Bouc, va plutôt créer un effet Yin et Yang. Cette combinaison va vite donner du relief au chant dans l’interprétation des textes, et la sortie du premier CD le confirme.
Les influences sont multiples et propres au parcours de chaque membre, les fans d’AMON AMARTH, THERION, notamment trouveront leur compte. Je trouve d’ailleurs en Amandine un registre proche de Lari Lewis.
Il y a sur le site d’ANWYNN, une phrase qui résume bien le combo : Groupe de Metal Symphonique et Mélodique à voix féminine accompagnée d’un chant grunt , et aux influences celtiques. Vous remarquerez aussi lors d’un prochain passage sur scène d’ANWYNN que ce côté celte est renforcé par le port du kilt avec les cornes à boire à la ceinture. A n’en pas douter le groupe doit imposer et renforcer son visuel sur scène, entre les belles et les bêtes.
A l’écoute du CD, Forbidden Song, invitation aussi à des jeux interdits, nous sommes constamment confrontés à cette dichotomie, mezzo-soprane, growl, mélodie, lourdeur, féminité, virilité, évanescence, obsession…
Les premiers titres, l’éponyme « Anwynn », « Conquistador », « Requiescat In Pace » confirment le constat, et plantent bien le décor.
Les morceaux sont enrichis d’orchestrations symphoniques qui donnent de l’ampleur à l’interprétation. Les influences lyriques d’Amandine collent à la perfection à ce choix.
Il ne faut pas passer sous silence la complémentarité entre le jeu de Wallace teinté Heavy, et celui de Jukka avec ces riffs typés Death.
Avec « Cum Cantici Veniunt », ANWYNN nous accorde une petite pause musicale, le temps d’aller vite fait, vider les vessies et refaire le plein des cornes à bières.
Dans « Forbidden Song » Wallace nous gratifie d’un solo efficace qui n’a rien de salace. Tout ça c’est pour la rime et non la frime. « Across The Seven Seas », ce titre accrochera plus particulièrement l’auditeur qui recherche des sonorités folkloriques.
Mon coup de cœur va pour « Lost In Avalon », ce morceau est chargé en émotions, nous sommes portés par la voix d’Amandine en totale maitrise. Bouc, quant à lui, véhicule son lot de désespérance, la bête se meurt, « Anwynn », « CAULDRON OF LIFE », et comme une ritournelle, ces paroles s’insinuent dans notre tête. On en redemande des morceaux qui savent réussir cette belle alchimie.
L’album se termine par « Glorious Highlander », Astrid s’y imposant aux claviers, et « At The Gates Of Madness », titre au jeu plus heavy, avec une section rythmique plus présente. La production et le mixage sont de qualité. Les arrangements, et l’écriture des titres permettent de jouer sur les deux registres de voix, Amandine et Bouc, sans que l’une cannibalise l’autre. Nous sommes dans un vrai jeu de miroirs. ANWYNN, avec ce premier album, n’a aucun complexe à avoir vis-à-vis des productions qui nous arrivent des terres nourricières de Finlande et de la Scandinavie en général. La Belgique va vite devenir exiguë pour eux, il va falloir repousser les limites, et les frontières.