AMOEBA (FRA) - Day In Black (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : octobre 2011
Pays : France
Genre : Death Metal
Type : EP
Playtime : 3 Titres - 11 Mins
Nous sommes le 27 octobre 2011 et à l’heure où j’écris ces quelques lignes, la moyenne d’âge des membres d’AMOEBA est de 17 ans. Pourquoi est-il important de le relever ? Pour qu’il reste une trace écrite, quelque part, de cette anecdote stupéfiante. Pour que dans quelques années, la réflexion « ces mecs n’étaient pas majeurs quand ils ont composé cet EP » puisse trouver une preuve concrète pour l’étayer. Depuis les exploits des allemands d’HACKNEYED, je n’ai pas souvenir d’avoir écouté un Death Metal aussi juvénile et qui tienne la route. Alors quand j’ai lu que ces quatre lorrains étaient influencés notamment par TRIGGER THE BLOOSHED, avec lesquels je ne m’entends pas très bien, je voyais venir le copycat gros comme une maison. C’était comme d’habitude, sans compter sur les faits, qui me donnent tort à 200%. Avec ce premier EP nommé Day In Black et disponible gratuitement, faut-il le préciser, les mectons se mettront déjà pas mal de monde dans la poche, parce que la démarche est belle et que sa mise en application est bien foutue.
Pour être bref, il sera impossible de faire croire à un métalleux lambda dans la rue que ce Metal lourd, torturé et vicieux, émerge des tripes de jeunots de 17 balais sans lui apporter de preuves matérielles. AMOEBA épate par sa grande maturité et une certaine noblesse dans son sens de la composition. Respectant à la lettre les schémas classiques d’un Death belliqueux en y apportant une production aussi sobre que bétonnée, le groupe la joue un peu intégriste sur la forme. « Martyrdom » explose sans prévenir. Dès les premières notes, Marius branle sa guitare comme un vieux renard du circuit et sort de sa riffothèque des accords techniques qui fileraient une demi-molle à peine incestueuse au vieux Pat O’Brien de CANNIBAL CORPSE. Il est soutenu dans son propos par une assise rythmique infaillible manœuvrée par la paire Simon (basse) / Louis (batterie), ce dernier abattant sur ses fûts une frappe classique qui corrobore la première impression très ritualiste qu’on se fait de cette musique. « The Incoming Vehemence » débute différemment, avec des guitares saccadées aux légers accents Deathcore doublées par de rutilants pig-squeals qu’on retrouvera en milieu de piste L’accélération violente qui les sépare dévoile une attirance discrète mais existante pour le Grind. Compactes et carrées, ces deux premières créations mettent l’accent sur une volonté flagrante de jouer vite et bien, sans laisser trop de place aux pitreries technico-techniques. Les vocaux assourdissants de Lucas sont évidement un atout majeur pour le combo, qui a trouvé un vocaliste de sa génération capable de beugler comme ceux de la précédente. Plus en retrait même si on saluera le coup de frein brutal à 1’33’’ et les chœurs virils et unanimes, « Our Last Gasp » conclut sans étincelles un premier essai très digne. Malgré ça, je continue de m’interroger. Et si ces mecs avaient la trentaine, aurait-on entendu cet EP d’une même oreille ? Probable que non, et c’est ça qui est géant ! C’est qu’AMOEBA, par sa précocité, sa vista, modifie totalement la perception classique qu’on a du Death Metal. C’est loin d’être révolutionnaire dans la construction, c’est même plutôt banal je dirais, mais c’est tellement débordant d’envie et de bonne volonté qu’à l’heure où le Death Metal se demande s’il sera capable de se renouveler un jour, l’éclosion de ce type de formations ne peut être que saluée.
En définitive, jeter une oreille sur leurs travaux ne vous coutera de facto que quelques clics de souris et onze minutes de votre précieux temps. Pour un résultat qui risque bien de vous coller le cul par terre, on peut dire que c’est pas cher payé. Avec Day In Black, AMOEBA annonce donc clairement la couleur. D’une précision d’orfèvre et composé honnêtement, avec les moyens du bord (et Dieu sait que quand on a 17 ans, on ne roule pas sur l’or), ce premier jet suscitera bien des réactions, pour peu qu’il trouve le succès auquel il aspire et qu’il mérite amplement.
Ajouté : Mercredi 09 Novembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Amoeba Website Hits: 11098
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