SUICIDE SILENCE (usa) - The Black Crown (2011)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 12 juin 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 39 Mins
Peut-être ne serais-je pas entièrement franc si je vous disais que j’attendais le nouvel album de SUICIDE SILENCE avec impatience. Je l’attendais, il est vrai, uniquement pour me confirmer qu’il n’y a définitivement plus rien à manger sur la carcasse décharnée de nos californiens. Deux ans après un No Time To Bleed que j’avais trouvé décevant et pas catastrophique comme certains ont bien voulu me le faire dire, voilà qu’ils reviennent avec The Black Crown (« La Couronne Noire »), un éminent jeu de mots et un subtil hommage à Corona (« Couronne » en espagnol), ville dont ils sont originaires. On retrouvera dans le staff technique Steve Evetts, collaborateur avec les DILLINGER ESCAPE PLAN, ALESANA ou POISON THE WELL qui aura fait ce qu’il sait faire de mieux ici, offrir une production des plus chirurgicales. Pour l’effet de surprise, il ne faudra pas s’orienter vers le son, comme toujours impeccable mais plutôt vers la moelle épinière de ce troisième opus ; les compositions qui, vous le verrez, regorgent de surprises, et pas que de mauvaises…
Avant toutes choses, je tiens à préciser que SUICIDE SILENCE, en tant qu’hommes et artistes, pour ce qu’ils ont apporté à la scène Deathcore, ont mon respect le plus total et sincère. Pourtant, je n’arrêterais jamais de clamer haut et fort que cet apport ne concerne que la période The Cleansing, du nom de leur premier album qui fut à l’époque une bombe atomique pour un genre musical atone. Mais cette période est révolue, morte et enterrée, sans même une stèle pour s’y recueillir. Et vous savez quoi ? Sur ce disque, SUICIDE SILENCE s’est accoquiné avec le Nü Metal. Non, vous ne rêvez pas, le Nü Metal, celui de SLIPKNOT et KORN, celui qui divise et qui fâche plus qu’il ne rassemble. Paradoxalement, j’ai trouvé cette innovation beaucoup plus séduisante que le Deathcore pathético-générique qui était livré sur No Time To Bleed. Pour la première fois depuis 2007, j’ai presque envie d’accorder à nouveau un peu d’intérêt à ce combo qui pète plus haut que son cul depuis un bout de temps. Alors qu’on pourrait crier au traitre pour cette alliance diabolique sur le papier, je me suis personnellement réjoui d’entendre SUICIDE SILENCE réagir face à sa propre apathie. Les idées sont là, même si elles ne sont pas excellentes. On sent de l’envie dans cet album, ou simplement de la vie. Musicalement, les ricains restent solidement scotchés à leurs rivets Deathcore, dans ces rythmiques hypnotiques, ces patterns de batterie modernes, ces nombreux breakdowns brise-nuques, ces quelques solis typés Diabolus In Musica comme sur « Smashed » (featuring Frank Mullen de SUFFOCATION)… Et il y a Mitch, qui ne mériterait surement pas un paragraphe, mais comment l’éviter ? Sa prestation, dirais-je, est tout aussi honorable que celle de ses partenaires. On retrouve un peu de vivacité dans ses vocaux toujours très aigus et spécifiques. Et surtout, il joue dans ses capacités, dans son registre sans en faire des tonnes et sans s’attirer la lumière des projos. Une performance indéniablement plus humble mais bienvenue. Mais là où The Black Crown se démarque profondément de ces prédécesseurs, c’est dans la très nette remise en question musicale qu’expriment des créations nettement plus accessibles. SUICIDE SILENCE s’est semble t’il rangé… Entre « You Only Live Once » avec ses riffs et ses vocaux susurrés typiquement ‘knotiens ou « Witness The Addiction » qui collabore avec Jonathan Davis de KORN au chant, la petite troupe de Riverside fait table rase du passé et offre à son auditorat des choses nettement plus recherchées et séduisantes. On regrettera pourtant que la fin de l’album soit un peu bâclée et que l’énergie déployée sur les premiers titres, avec l’excellente « Human Violence » en tête de file, ne soit pas une énergie solaire, tant SUICIDE SILENCE rayonne à nouveau.
Il est clair que certains se montreront dubitatifs voire carrément hostiles à cette nouvelle orientation. D’un point de vue purement personnel, même si j’émet encore quelques réserves quant à la pertinence de ce choix et surtout à sa mise en application, parfois brouillonne, je ne cache pas ma stupéfaction de voir un groupe prédit à une mort lente et douloureuse faire encore preuve d’un peu de jugeote et de nous proposer un Black Crown tout à fait acceptable. Hélas, je crois que ce jugement ne soit quand même un peu tronqué par le souvenir navrant de No Time To Bleed qui remonte inlassablement à la surface et nous fait dire qu’après ça, on accepterait presque n’importe quoi, même de pactiser avec le diable.
Ajouté : Mercredi 10 Août 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Suicide Silence Website Hits: 9784
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