LIVE AT WACKEN 2007 (de) - 18 Years In History (2008)
Label : Wacken Records
Sortie du DVD : 2008
Pays : Allemagne
Genre : Metal
A défaut de pouvoir se rendre à Lourdes pour tenter de guérir ses maux les plus intimes, le petit pèlerin a tout de même la possibilité de noyer son chagrin en visionnant les innombrables DVD’s et autres produits dérivés qui sont mis à sa disposition. Marketing, quand tu nous tiens. Hélas, la triste vérité le rattrapera toujours : il ne pourra pas s’y rendre cette année. Alors ce DVD qui retrace l’édition 2007 du plus grand festival Metal au monde est un peu l’homologue version « Hardcore » du DVD « Bernadette, princesse de Lourdes ». Pour moi notamment, qui, comme tous les ans, a eu une pensée pour les nombreux festivaliers qui se sont rendus sur ce lieu de culte, pour y vénérer les quelques 66 groupes venus partager rien d’autre que de la musique et une bière. La vie, c’est beau et simple après tout… D’ailleurs, pour en revenir à ma relation farfelue entre Lourdes et Wacken, il y’a tout de même un chiffre troublant qu’il me faut souligner. Chaque année, près de 6 millions de pèlerins se rendent dans la région Midi-Pyrénées pour y visiter la basilique Notre-Dame-du-Rosaire dont… 60000 malades, exactement la capacité d’accueil de notre festival préféré ! De là a dire que tous les métalleux qui se rendent en Allemagne au mois d’aout ont des incapacités physiques et intellectuelles, il n’y a qu’un pas et une pointe d’humour…Et à la lecture du programme de ce double DVD, on va s’en mettre plein les papilles. Mais je vous laisse découvrir mes réjouissances au fil de ce texte.
Avant cela, je tiens à attirer votre attention sur le fait que ceci est la review du DVD et non du festival. Nul doute que l’ambiance derrière l’écran est différente que celle qui régnait sur place. Aussi, la description des shows proposés est descriptive du contenu relaté par le disque et non de la réalité qui a pu être vécue par certains festivaliers présents à la fois sur ce site et sur l’édition 2007.
DVD 1
Premières secondes, premiers moments de plaisir avec déjà, de très belles demoiselles et de très grands artistes (Tom de SODOM, Vortex et Silenoz de DIMMU BORGIR, Mark de NAPALM DEATH, Biff de SAXON) qui nous font partager la joie et l’émotion de fouler le foin du Wacken. Le show s’ouvre avec du lourd. On a droit au « Fatalist » de NAPALM DEATH, au « Ausgebombt » de SODOM et au « We Hate Everyone » de TYPE O NEGATIVE. L’occasion pour moi de découvrir la véritable tuerie en live qu’est NAPALM DEATH et l’énergie immense déployée par son vocaliste, Mark Greenway. Entre ça, très bonne surprise aussi que le « From The Cradle To The Grave » de RAGE accompagné par le Lingua Mortis Orchestra et la reprise quelconque du mythique « Enjoy The Silence » par LACUNA COIL. Seul le sourire coquin de Cristina viendra me mettre un peu de baume au cœur. Intervient ensuite un passage très Hard, Speed & Heavy avec du ROSE TATTOO, du BLIND GUARDIAN, du ICED EARTH et du SAXON. Malgré ma relative inexpérience dans ce domaine, sans doute liée à mon âge, il faut bien reconnaître que ces prestations furent de loin, les plus spectaculaires avec un très beau visuel pyrotechnique signé ICED EARTH. Mais le vrai plus de ce premier DVD, c’est incontestablement les interviews multiples de chaque artiste et les minis-documentaires sur la vie à Wacken entre deux chansons. N’est-ce pas une des plus belles choses du monde que d’entendre une aïeule témoigner de son affection pour la horde de chevelus qui envahissent chaque année son village ? Que d’entendre les habitants se réjouir de la venue des « gens les plus sympas au monde » ? Que d’entendre une petite fille demander à des gars bourrés de lui faire un dessin à la craie sur la route devant sa maison ? A force d’entendre que nous sommes de méchants profanateurs de tombes, satanistes, nazis, drogués, on pouvait commencer par y croire. Et si ces témoignages auraient pu faire le tour de la planète, notre blason n’en aurait été que redoré. Puis soudain, on rebascule dans l’extrême avec un magnifique « Progenies Of The Great Apocalypse » de DIMMU BORGIR, joué quasiment dans la pénombre et un diablement efficace « Unsilent Storms In The North Abyss » d’IMMORTAL avant un peu de CANNIBAL CORPSE et d’OVERKILL.
C’était donc un bien beau programme pour la partie initiale du premier disque. Mais maintenant, fini la rigolade puisqu’on entre dans le vif du sujet avec une suite « day after day ». Commençons donc dans la joie et l’allégresse par le jeudi et son lot de satisfactions et de déceptions. Dans les points positifs, la présence des indétrônables SODOM, des turbulents MAROON, HATESPHERE et NEAERA (avec en prime, un beau Wall Of Death), des vikings de TYR et des légendes anglo-saxonnes de SAXON. Dans les négatifs, on relèvera les partitions très anecdotiques d’ANIMAL ALPHA et d’ELECTRIC EEL SHOCK ainsi que les soporifiques gars de NARZISS imités par GUTBUCKET dans un registre plus Rock & Roll. Et déjà, on arrive à la fin de ce premier palet qui aura été un vrai moment de partage et de convivialité. Ce DVD numéro 1 aura pour ma part, eu le mérite de me démontrer par A+B que la communauté Metal n’a jamais parue aussi soudée qu’en ces temps. C’est un esprit bon enfant qui règne sur l’Allemagne et ce sont des valeurs qui sont transmises. Le cœur plein d’espoir pour les journées de vendredi et de samedi, je fais bouffer à mon lecteur la seconde rondelle.
DVD 2
Ce vendredi démarre en trombe et en kilt avec SUIDAKRA et son très bon « Wartunes ». Le public est venu massivement et, on l’aura compris, ils jouent en territoire conquis. Et quand je vous disais que, comme Lourdes, Wacken accueille beaucoup de malades, il y’en a un dont il faut à tout prix souligner le degré de démence : c’est notre bon vieux Barney de NAPALM DEATH qui nous offre une prestation d’épileptique sur « Nazi Punks Fuck Off ». Sa rage contraste avec la beauté sournoise de THERION et leur « To Mega Therion » interplanétaire. Et de nouveau, on tombe dans le creux de la vague avec les gentils petits VOLBEAT, les clowns de MENNEN et leur public exclusivement masculin (pour nous les hommes, quoi ?), les vrais-faux méchants de DRONE, du CHTHONIC pas très tonique et leur Black bizarroïde. La grosse et bonne surprise sera la livraison toute chaude de POSSESSED qui était porté disparu depuis pas mal d’année. Leur retour sur les planches du Wacken sera un grand moment de bestialité et de puissance, emmené par un Jeff Becerra qui effectuera son show depuis un fauteuil roulant, lui qui est paraplégique depuis une bonne vingtaine d’années. Ce handicap sera sa grande force et c’est le visage fendu d’un sourire radieux qu’il nous proposera d’excellentes « Confessions ». Ce Wacken aura clairement été son Lourdes à lui. Et puisque les apparitions de J.B.O sont toujours un moment de franche rigolade, il aurait été illogique de voir cette tradition anéantie sans raisons cette année. Leur excentricité est à voir, plus que leur Heavy Metal idiot à entendre. Il faut aussi comprendre qu’après ce moment de détente, ça fait un choc d’entendre le Metal martial et agressif de BELPHEGOR. Ambiance morbide et morceau de cimetière sont au rendez-vous avec la mort. Pas de commentaires particuliers en ce qui concerne LACUNA COIL, BLIND GUARDIAN et ICED EARTH. Par contre, le « Ruun » d’ENSLAVED est incroyablement bien filmé et SCHANDMAUL aura aussi été une belle découverte, dans une atmosphère empreinte de magie. SAMAEL viendra défendre son « On The Rise » avec des fondus et des ralentis dignes d’un Guingamp-Angers en Ligue 2 et DIMMU BORGIR proposera au public leur tout nouveau « The Chosen Legacy » issu de leur petit dernier, In Sorte Diaboli, dans un climat détestable et vaporeux, comme on aime chez eux. Le jour de Vénus s’achèvera en compagnie de DIE APOKALYPTISCHEN REITER (plus facile à écouter qu’à écrire) qui nous offrira avant d’aller dormir une musique survitaminée et une mise en scène particulière, précédée d’un petit speech comique du chanteur qui, à mon grand regret pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Goethe, n’a pas été sous-titré. En prime, le groupe donne en pâture aux festivaliers un homme et une femme sur un bateau gonflable, comme l’a fait et le fait encore RAMMSTEIN. Un grand et bon moment.
Je me réveillerais samedi avec la gueule de bois parce que mon réveil-matin s’appelle SONIC SYNDICATE et que c’est aussi nul en live que sur CD. DISILLUSION sera mon café, pas assez caféiné et SACRED REICH, ma cigarette, pas assez chargée… Heureusement, l’explosif « Counterweight » d’HEAVEN SHALL BURN aura été la douche bien glacée qui active les neurones et les vaisseaux sanguins. Je les aime, je ne peux rien y faire. Pour moi, ce sont les dieux du Deathcore et ce concert un des meilleurs depuis le début ! Mais ce DVD est aussi pour moi l’occasion de me souvenir de certains groupes que j’écoutais jadis et dont j’avais perdu la trace. Par exemple, j’avais oublié à quel point MOONSPELL est une formation de feu, à quel point DIR EN GREY me révulse, à quel point NORTHER est une copie ratée de CHILDREN OF BODOM, à quel point DESTRUCTION est le meilleur Thrash de tout les temps, à quel point la fusion entre le Lingua Mortis Orchestra et RAGE donne quelque chose de divin, de féérique, à quel point je ne connaissait pas DIMENSION ZERO. Tant de choses sur lesquelles j’aimerais tant faire long alors que je sais pertinemment que je dois faire court. Alors je vais venir rapidement à l’essentiel, la prestation de TURISAS, ces guerriers en peaux de bêtes m’a botté le cul. Eux aussi, j’ai pris beaucoup de plaisir à les redécouvrir en même temps que leur Battle Metal festif. Très techniques mais pas assez malins, les gars de TORTURE SQUAD ne sont définitivement pas à la hauteur. Mais l’ont-ils déjà été ? Tout le contraire de TYPE O NEGATIVE qui n’a plus à prouver son génie musical. A défaut d’être un combo sympathique, leur Metal est vraiment particulier. Là encore, c’est à entendre tellement c’est unique. Dommage qu’ils fassent tout le temps la gueule sur scène… Même topo sur HAGGARD, la joie dans les traits en plus. Etre plus de quinze sur les planches n’est pas chose aisée et pourtant, chacun à une place bien précise et se donne à fond dans ce Metal médiéval qui me procure tant d’émotions internes. Un morceau agréable et un bien joli jeu de lumières. A la différence d’IMMORTAL qui, il faut bien l’avouer, était l’attraction de la journée puisque leur apparition était synonyme de reformation pour ces trois norvégiens légendaires. Sûr qu’ils sont moches, sûr qu’ils sont gros, sûr qu’ils puent, mais aussi sûr que leur Black Metal est l’un des plus efficaces jamais délivré. Le tout servi par un son monstrueux comme leurs visages et des lumières crépitantes. Ce devait être un instant fort que ce rendez-vous. On s’oriente gentiment vers la sortie quand, des entrailles de l’enfer déboule le « Hammer Smashed Faces » de CANNIBAL CORPSE. Ou plutôt des entrailles de Corpsegrinder qui rugit et fait mouvoir sa longue tignasse en cercles parfaits. On comprend rien, on vomit parfois mais qu’est ce que c’est bon ! Et finalement, on se dit « à l’année prochaine » avec le « Auf Kiel » de SUBWAY TO SALLY. Je conteste un peu le choix de cet artiste pour faire l’outroduction. N’oublions pas que cette année étaient également présents ALL THAT REMAINS, THE BLACK DAHLIA MURDER, BENEDICTUM, IN FLAMES, KAMPFAR, MOONSORROW, SWALLOW THE SUN et VITAL REMAINS. Certes qu’on ne pourra pas tous les faire figurer sur ces disques (où alors il vous faudra dépenser quelques sous en plus pour acquérir l’édition limitée 3 DVD) mais aussi belle soit-elle, la prestation de SUBWAY TO SALLY n’atteint pas n’importe quel KAMPFAR par exemple. Qu’importe !
Durant près de quatre heures, ma seule compagnie n’aura été que des artistes au talent immense, généreux et disponibles. C’était la confirmation que j’attendais. Nous sommes définitivement une communauté à part, avec nos dogmes, nos rites, nos croyances diverses. Chacun d’entre nous est différent et pourtant, nous sommes tous pareils. Nous nous battons tous sous les mêmes couleurs et notre combat est noble. Peut-être le plus beau du monde ? C’est ce message que m’a délivré ce DVD ce soir. Bien plus qu’un concert, j’ai assisté à un moment de vie comme il n’en existe que rarement dans la vie. Comme il n’en existe qu’une fois par an, dans une petite bourgade allemande près de Hambourg. De quoi oublier les galères de la vie, à jamais sous l’étendard METAL !
Ajouté : Dimanche 05 Juillet 2009 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Wacken Website Hits: 48541
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