CELTIC FROST (ch) - Cold Lake (1988)
Label : Noise Records
Sortie du Scud : septembre 1988
Pays : Suisse
Genre : Glam Rock
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 45 Mins
S’il fallut attendre deux ans entre To Mega Therion et son successeur, une seule année s’écoula entre celui-ci et Cold Lake. Avec Into The Pandemonium, CELTIC FROST s’était aliéné une partie de son following de base, mais avait, de part sa téméraire exploration de l’expérimentation sonore, gagné de nouveaux fans, prêts à suivre les musiciens partout où ils allaient.
Enfin, presque.
Le recto de cette nouvelle livraison avait de quoi inquiéter. Un lettrage anonyme, un fond mauve, et le logo du groupe trafiqué sur fond rose, il y avait effectivement de quoi se faire du mouron. Mais ça n’était rien face au choc que représentait le verso. Je crois que cette photo abominable à du hanter les nuits de bons nombre de CELTIC addicts, et le fera encore jusqu’à leur trépas.
De voir Tom Warrior, pardon, Thomas Gabriel ainsi déguisé, le lipstick fier aux lèvres, et les mitaines blanches en nylon, et ce grand sot de Curt Victor Bryant la braguette grande ouverte sur une excroissance pileuse que n’aurait pas reniée Gene Simmons, ça avait de quoi coller des hauts le cœur.
Alors, nous étions en 1988, en plein boum Glam. Et nous aurions pu croire à une énième preuve de l’humour à froid de Warrior, mais dès que les premiers sillons de l’intro stupidement intitulée « Human II » en hommage à celle figurant au début de Morbid Tales, plus de doute possible… Ce beat Funky, ces gémissements, il n’aurait pas poussé la blague aussi loin…
Et malheureusement, « Seduce Me Tonight », outre son titre débilitant à pleurer, allait nous donner raison.
Le pire était donc arrivé, Tom G. Warrior avait bien pété les plombs… Ecoeuré de l’attitude de ses ex comparses et du business en général, il avait lui aussi voulu croquer la pomme de la facilité. Et avait été de fait expulsé du jardin des tortures avec pertes et fracas, avec en poche un des retournements de vestes les plus ignobles de la création de la musique.
Car, et ce malgré l’intitulé des morceaux qui ne laissait guère place au doute (« Obsession Mesquine », « Comme Le Velours », « La Ceriseraie », j’en passe et des plus pathétiques…), on voulait encore y croire, et on laissait la musique se développer, mais en vain… Quarante cinq minutes de souffrance sonore, sans regrets, sans remords, enfin, pour l’époque…
Alors de deux choses l’une, ou l’on occultait le fait que cette horreur portait le nom de CELTIC FROST, et on le jugeait comme le premier album d’un groupe inconnu, ou l’on admettait le postulat indéniable, et on s’arrachait les cheveux par plaque de mille.
Dans le premier cas, il n’y avait pas de quoi tirer à boulet rouges, mais il y avait matière à être légèrement déçu. Car pour un disque de Glam/Sleaze, Cold Lake manquait singulièrement de mélodies accrocheuses et de gimmicks aisément assimilables. Car depuis Into The Pandemonium, POISON était passé par là avec sa Pop-Metal légère et colorée comme un lot de ballons de la foire du trône. Ici, tout était constamment le cul entre deux chaises, les riffs trop sombres pour éclairer, mais trop light pour ensevelir. En gros, si un groupe de Thrash faux cul avait essayé de se foutre de la gueule de son public en enregistrant un album de Sleaze sans rien y connaître, le résultat eut été le même. Non que les chansons furent intrinsèquement mauvaises, mais il aurait alors fallu inventer un nouveau style, le Glam-Death par exemple, pour les définir avec honnêteté.
Après, on ne peut remettre en cause l’investissement fondamental dans ce projet de Tom. Mais la solution idoine eut été de sortir cet album sous son propre nom, ou de monter un projet parallèle pour pouvoir y exprimer certaines de ses idées sans pour autant entacher la réputation de son groupe d’origine. Le cas est relativement courant, et si l’on prend pour exemple FAITH NO MORE, rien n’a jamais empêché Patton de sortir des œuvres absconses au sein de M.BUNGLE, ou Roddy Bottum se de montrer sous un jour plus Pop avec IMPERIAL TEEN. Car ils étaient tous assez intelligents pour dissocier leurs propres attentes individuelles de l’ensemble dont ils faisaient partie, et de qui le public avait certaines attentes. Et lorsque le grand rival du sieur Warrior, j’ai nommé Quorthon de BATHORY se sentit une soudaine vocation Punk-Rock, il le fit sous son propre pseudo, et non sous la bannière de BATHORY, ce que ses fans acceptèrent, et même apprécièrent !
Il n’est pas question ici d’intégrisme, ou de purisme déplacé, et sortir un mauvais album n’a jamais enterré un groupe (KISS s’est bien fourvoyé dans Dynasty et The Elder, ça ne les a pas empêché de se relever, et de quelle manière au milieu des années 80), mais dans Cold Lake, l’intention, la démarche, et le résultat sont en parfaite adéquation pour une condamnation globale. Le problème, c’est que sortir trois albums de Thrash-Death-Black – quel que soit l’étiquette que vous préférez leur coller – qui ont fait office de référence, et attendre le quatrième pour soudain clamer sa passion en un style dont vous n’aviez jamais fait allusion jusqu’à lors pose un grave problème de crédibilité.
Et en relisant les interviews d’époque, on se rend compte à quel point Fischer était ridicule. Quel crédit peut on porter à son amour intempestif pour MÖTLEY CRÜE ou L.A. GUNS, alors même qu’il n’en avait jamais parlé avant ? Chuck Schuldiner n’a jamais nié être fasciné par le Heavy classique et le Hard Rock français, alors il est évident que l’album de CONTROL DENIED (pour lequel il avait même consenti à ne pas utiliser le nom de DEATH) n’avait rien d’absurde ou d’illogique !
Alors, me direz-vous, pourquoi tirer sur l’ambulance ? Tom a toujours renié cet album, au point d’en interdire toute réédition (ce qui en fait – ironie incroyable – l’album du FROST le plus recherché !), et sur le site officiel du groupe, il est celui dont la description est la plus succincte. Tout simplement d’une part, parce que musicalement, la cible est manquée, et de loin, et parce qu’il est impossible, au regard du personnage, de son histoire et de son parcours de cautionner un tel gâchis, même profondément animé d’empathie et d’abnégation.
Vous pouvez, à la rigueur, y jeter une oreille pour vous rendre vous-même compte du désastre, ou par curiosité malsaine, mais rien de plus.
Difficile, même pour le plus aguerri des capitaines de redresser la barre après une telle tempête.
Et comme vous allez le voir, le dernier effort de Tom ne lui permit pas vraiment de remettre le cap sur l’histoire.
Discographie Complète de Celtic Frost :
Morbid Tales / Emperor's Return (Album - 1984),
To Mega Therion (Album - 1985),
Into The Pandemonium (Album - 1987),
Cold Lake (Album - 1988),
Vanity/Nemesis (Album - 1990),
Parched With Thirst Am I And Dying (Best-Of - 1992),
Monotheist (Album - 2006)
Metal Impact Bonus :
HELLHAMMER (ch) - Apocalyptic Raids (EP - 1984),
HELLHAMMER (ch) - Demon Entrails (Best-Of - 2008),
Order of The Tyrants (Tribute - 2003)
Ajouté : Mercredi 04 Mai 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Celtic Frost Website Hits: 13272
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