MEKONG DELTA (de) - Wanderer On The Ege Of Time (2010)
Label : Zardoz Media UGh / Aaarrg Records
Sortie du Scud : 11 juin 2010
Pays : Allemagne
Genre : Symphonie Classico-Thrash de haute volée
Type : Album
Playtime : 15 Titres - 50 Mins
Trois ans après Lurking Fear, Ralf Hubert décide de continuer tant bien que mal l’aventure MEKONG DELTA, commencée au milieu des années 80, et à l’écoute de ce Wanderer On The Ege Of Time, on ne peut que l’en féliciter.
Si Lurking Fear sentait la transition et le retour plein de précautions à plein nez, les ambitions sont franchement déclarées en 2010, et le géant de l’ombre est bien décidé à retrouver les fastes d’antan. Si la production de Wanderer n’a rien d’étouffée, contrairement aux chef d’œuvres « classiques » du groupe, et reste très actuelle, elle n’a rien d’up in time…Impossible à l’écoute de cette œuvre de la dater, et c’est bien évidemment ce qui fait le charme du groupe. Même si Ralf n’est pas imperméable aux tendances actuelles, il mène sa barque comme bon lui semble, toujours obsédé par le Néo classique russe du 19ème, autant que par les structures du Thrash européen contemporain.
A cheval entre les débordements du symphonique et la puissance du Metal, on peut dire qu’enfin, l’osmose parfaite a été atteinte.
Aussi proche de Dances Of Death que de The Principle Of Doubt, le quintette réussit le tour de force de se retourner sur son passé, sans être passéiste, et tout en regardant vers l’avenir les yeux grands ouverts.
Mais Wanderer est difficile d’approche, inutile de le nier. Si les fans de progressif seront séduits à force d’écoutes, les autres risqueront de le trouver un peu hermétique. Rien de bien nouveau me direz vous, puisque c’est une constante chez MEKONG DELTA, qui refuse la musique fast-food, sitôt écoutée, sitôt digérée.
Et s’il est décomposé une fois de plus en de nombreuses parties, il reste d’une homogénéité flagrante, qui le confine à la magie. Plus qu’une bande son onirique, c’est à un voyage intérieur auquel nous sommes conviés, ce que nous acceptons de bonne grâce, ou que nous refusons de peur de nous retrouver face à nous même.
C’est toute la complexité de l’existence qui est étalée ici, et il faut une bonne dose d’abnégation pour en accepter les tenants et aboutissants.
Et finalement, c’est du conte humain que se rapproche le plus cet album, et il conviendrait de le ranger en bonne place, aux côtés d’un The Music Of Erich Zann qui en avait laissé plus d’un sur le carreau de l’analyse écrite.
De la splendide et délicate intro « Concert Guitar », toute en subtilités harmoniques, jusqu’au final fortement imprégné de rugosité Thrash, il y a plus d’un pas à franchir.
Il faudra en passer par une multitude d’ambiances maîtrisées à l’extrême. Pour n’en citer que quelques une, je parlerai de la douceur hypnotique de « Affection ( L' Amoureux ), Movement 6 », subtile comme du Neal Morse, du Proto-Thrash « Intermezzo ( Instrumental ), Movement 5 », qui nous ramène aux grandes heures du groupe, lorsque ses membres se voyaient obligés de démontrer sur une portée toute la clarté de leurs compositions absconses, et bien sur, l’énorme « The 5th Element ( Le Bateleur ), Movement 2 », aussi indispensable et novateur qu’un échange de propos entre DREAM THEATER et VOÏVOD.
Et c’est justement de ces premiers dont MEKONG DELTA se rapproche le plus.
Il n’est pas inconcevable de percevoir Wanderer On The Edge Of Time comme le pendant mystique de Metropolis 2000. Même capacité instrumentale, même dévotion face à la hiérarchisation des couches rythmiques et mélodiques, même sentiment de dépassement de soi au final.
La musique de MEKONG évolue telle une vague qui se brise avant de se reconstruire au loin pour surprendre le nageur. Et l’emporter dans un tourbillon de doute, d’effroi, de quiétude et d’inconnu.
Sensation inédite certes, pas forcément agréable au prime abord, mais terriblement formatrice, permettant ainsi l’appréhension de la musique moderne au moyen des sentiments les plus bruts.
On peut être effrayé par un miroir déformant, distordant la réalité au point de la travestir irrémédiablement. Mais quand le miroir se brise, on se retrouve seul face à son Ego, qu’on n’a même pas la chance de pouvoir illustrer concrètement.
Il faut donc puiser au fond de soi pour en ressortir grandi ou anéanti.
Et finir par errer, sur les rivages du temps.
Ajouté : Lundi 20 Septembre 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Mekong Delta Website Hits: 9540
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