LOUDBLAST (FRA) - Stéphane Buriez (Juin-2009)
LOUDBLAST a marqué l’histoire du Metal français mais aussi mon histoire puisqu’un album comme The Time Keeper a tellement tourné dans mon lecteur qu’il en a usé la lentille.
Après plusieurs sollicitations, rendez-vous est donc pris avec Stéphane Buriez, avant même de savoir que ces derniers, après plusieurs années de silence, s’apprêtaient à sortir un cd live accompagné d’un dvd live bonus, Loud, Live & Heavy.
Line-up : Stéphane Buriez (guitare /chant), Hervé Coquerel (batterie), François Jamin (basse), Alex Colin-Tocquaine (guitare)
Discographie : Licensed To Thrash (Album - 1987), Sensorial Treatment (Album - 1989), Disincarnate (Album - 1991), Sublime Dementia (Album - 1993), Cross The Threshold (EP - 1994), The Time Keeper (Live - 1997), Fragments (Album - 1998), A Taste Of Death (Best Of - 1999), Planet Pandemonium (Album - 2004), Loud, Live And Heavy ! (Live - 2009), Frozen Moments Between Life And Death (Album - 2011), Burial Ground (Album - 2014)
M-I Interviews du groupe : Stéphane Buriez (Juin-2009), Stéphane Buriez et Hervé Coquerel (Fév-2014)
Crédit Photo : LudoPix.com (Retrouvez d'autres photos sur ce lien)
Metal-Impact. LOUDBLAST est sur le point de sortir un live (ndr : cette interview a été réalisée début juin). Qu’et-ce qui a motivé cette sortie, quatre ans après Planet Pandemonium ?
Stéphane Buriez. Cela fait longtemps que le projet dans les cartons. Le dernier live a été enregistré en 2005. Le tout aurait d’ailleurs pu sortir il y a trois ans mais avec toutes nos activités annexes – Hervé jouant dans BLACK BOMB A, moi étant pas mal par la prod – cela a un peu ralenti le processus et on s’est progressivement rendu compte de la charge de travail que cela représentait. A fouiller dans les archives, on n’arrêtait pas de retrouver du matériel qui nous semblait intéressant.
En fait, l’idée à la base était de sortir un dvd, le live n’était qu’un prétexte.
Nous sommes partis sur un format cd/dvd car un dvd en soi, dans le Metal, en termes de positionnement, cela ne passe pas ; de plus, nous souhaitions offrir un produit qui ne soit pas trop cher. Tu as deux lives enregistrés, l’un en 2005 et l’autre en 1999 sur notre tournée d’adieux pour Fragments. On a aussi repêché une de nos premières prestations live en 1989. C'est bien roots, contrairement aux autres concerts proposés qui ont été filmés avec plusieurs caméras, mais c'est aussi représentatif d’une époque. A cela, tu rajoutes des vidéos, des making-of… Au final, tu as 2h30 d’images pour le prix d’un cd.
MI. La sortie de Loud, Live & Heavy est-elle aussi un moyen de dire que LOUDBLAST est toujours vivant ?
Stéphane. C'est clair que depuis 2005, nous n’avons pas beaucoup donné signe de vie mais nous n’avons jamais dit que l’aventure LOUDBLAST était terminée… Et dès que tu remets le pied à l’étrier, comme cela a été le cas avec ce dvd, tu y reprends vite goût, tu recommences par être sollicité. Nous ferons d’ailleurs de nouvelles dates alors que ce n’était pas prévu initialement, d’ici novembre à mon avis…
MI. Avec la même formation que sur le dernier album, avec Alex (AGRESSOR) ?
Stéphane. Non, non. Moi j’en serai, cela va de soi (rires). Il y aura aussi Hervé. Pour le reste, cela reste encore un peu tôt pour en parler.
MI. Tu connais Alex depuis longtemps. Vous aviez enregistré un split au début de votre carrière avec AGRESSOR. Il n’était pas difficile de faire cohabiter au sein d’une même formation deux figures de proue du Metal français ?
Stéphane. Pour moi, ce n’était pas un problème. Pour lui non plus à mon avis, mais je crois qu’il a maintenant envie de se consacrer à AGRESSOR, car AGRESSOR, c'est ALEXOR (rires).
MI. Première cassette démo en 1985, Behind The Darkness : dans quel état d’esprit étais-tu à l’époque ?
Stéphane. LOUDBLAST a commencé comme un groupe de lycéens et est né de ma rencontre avec Nicolas Leclerc, qui a fait un bon bout de chemin avec LOUDBLAST, jusqu’à Fragments. Deux ados qui, chacun de leur côté, avaient une guitare électrique, mais qui s’emmerdaient à jouer chacun dans leur coin. On a commencé par des reprises de SAXON, JUDAS PRIEST, MOTÖRHEAD… On a ensuite enregistré notre première K7 qu’on a commencé à diffuser, avec la chance qu’on avait d’habiter à côté de la Belgique, car c'est là-bas que tu trouvais tous les gros concerts de Metal extrême – SODOM, DESTRUCTION, ANTHRAX, TESTAMENT – et on avait toujours sur nous des K7 qu’on essayait de vendre.
C'est clair que quand on a sorti notre première K7, je ne m’imaginais pas en être là vingt ans après, même si forcément tu en rêves. Et puis, on n’est pas des stars non plus, mais c'est flatteur quand tu entends dire qu’en France, il y a eu TRUST, maintenant GOJIRA et qu’entre les deux, il y a eu LOUDBLAST.
C'est vrai que tout a été assez vite pour nous, mais je peux te dire que le succès n’arrive pas comme ça : on a été de vrais travailleurs acharnés et on ne s’est jamais reposés sur nos lauriers… bon, c'est vrai, peut-être plus ces derniers temps, en raison de nos activités extra LOUDBLAST.
MI. Tu parlais de reprises de SAXON, JUDAS PRIEST… Qu’est-ce qui vous a orientés vers le Death Thrash à l’époque ?
Stéphane. Des groupes comme VENOM, METALLICA… J’avais un pote qui avait une émission de radio et qui recevait beaucoup d’imports. Son émission était un vendredi et je me souviens de la première fois où j’ai entendu Kill’em All comme si c'était hier. Je suis resté sur le cul : je n’avais jamais entendu quelque chose d’aussi violent . A l’époque, on avait un groupe de Heavy Metal : le groupe s’est alors scindé en deux, certains souhaitant poursuivre dans une voie à la MÖTLEY CRÜE, et Nicolas et moi, avec les claques METALLICA et SLAYER, décidés à faire dans le brutal et l’extrême. Un groupe, comme THE EXPLOITED, a aussi été une influence majeure dans mes orientations musicales.
MI. Quand tu regardes en arrière, y a-t-il des albums de LOUDBLAST dont tu es particulièrement fier ?
Stéphane. En réalité, ça dépend des moments. Licensed To Thrash, notre premier album, n’aurait jamais dû sortir comme ça : on voulait le remixer mais quand on est retournés en studio, le mec avait effacé les bandes parce que, autant te dire qu’à l’époque, on était les vilains petits canards, le style de musique que l’on jouait n’était vraiment pas compris. Pourtant, cet album reste hyper culte : Mika (IMPALED NAZARENE) m’a dit qu’il adorait cet album.
J’aime beaucoup Fragments avec quelques années de recul, car sur le coup, on en a tellement bavé, notamment pour l’enregistrement – on y a laissé notre chemise – que je ne savais pas quoi en penser.
Sur Sublime Dementia, je pense qu’en termes de compos, tu y retrouves vraiment l’identité LOUDBLAST alors que sur Disincarnate, on se cherchait encore, c'était un peu fourre-tout avec une tendance à oublier l’aspect Heavy et mélodique qui fait aussi l’identité du groupe.
MI. Et l’album de la reformation, Planet Pandemonium ?
Stéphane. Je le trouve très réussi. Il a été décrié en son temps mais nous en avons quand même vendu près de 10.000, certes pas notre meilleure vente, mais il faut donc croire que des gens l’ont aimé. Tout n’y est pas non plus génial, mais je ne le renie en aucun cas.
MI. Comment définirais-tu l’univers, pas seulement musical, de LOUDBLAST ?
Stéphane. Pour ce qui est des textes, c'est François qui s’en occupe essentiellement, avec toujours de très bonnes idées, d’autant que, même si nous n’avons pas de concept albums, il y a toujours eu des lignes directrices. Ainsi, Cross The Threshold, c'est clairement une introduction à ce qui sera développé sur Fragments, avec le développement sur la nature sexuelle de l’homme, ses perversions. Ce qui est génial aussi, c'est que nous avons bénéficié des services d’un mec comme Bolek Budzyn pour nos covers, après Disincarnate, et qui a vraiment réussi à mettre en image notre musique et je dirais même qu’il nous a influencés sur certaines orientations conceptuelles.
Quant à notre univers, je dirais qu’il est métaphorique, assez subtile en même temps dans le sens où on ne fait pas dans le gros qui tache, même si j’adore CANNIBAL CORPSE par exemple. Mais nous avons des influences Heavy qui sont clairement là.
MI. Tu parles d’influences. Certains musiciens ou groupes sont souvent les premiers à dire qu’ils n’écoutent rien de ce qui sort pour ne pas être influencé. Quel est ton point de vue ?
Stéphane. (Assez dubitatif) Tu baignes dans la musique et forcément, tu t’imbibes de tout ce qui sort, tu es à l’affût. L’affirmation de sa propre identité ne vient pas tout de suite, elle s’affirme avec le temps. En ce qui nous concerne, je pense que nous avons trouvé très vite notre identité, rien que dans le nom quand tu sais qu’à l’époque tout se terminait par « or » ou « a »…
MI. Changeons maintenant de casquette pour parler du Stéphane Buriez producteur. Où en es-tu avec le LB Lab ?
Stéphane. Le LB Lab a vraiment été lancé en 2000, après le split du groupe qui m’a permis d’y consacrer plus de temps. Il y a cinq ans, j’ai revendu mes parts pour m’installer à Paris où je bosse maintenant en free lance. J’ai beaucoup plus de liberté maintenant : il n’y a plus le côté contraignant du « il faut faire tourner la boîte »…
MI. Tu travailles pour des groupes de Metal, mais pas seulement. C'est une véritable ouverture d’esprit ou une nécessité économique ?
Stéphane. Je n’écoute pas que du Metal. Quand tu as baigné toute ta vie dans le Metal, par des rencontres, tu es amené à écouter d’autres choses ou à retrouver des choses qui ont baigné ton enfance ou encore des chanteurs comme BREL, BRASSENS… Bon, je n’en écoute pas régulièrement mais j’en ai dans ma discothèque (ndr : moi aussi, j’ai des cds dans ma discothèque que je n’écoute jamais ; allez, Stéphane, y a pas de honte à n’écouter que du Metal) . J’aime bien aussi des groupes comme QUEENS OF THE STONE AGE, le Stoner. J’écoute pas mal d’Electro aussi, même si tout n’est pas bon à prendre, mais c’est comme dans le Metal…
MI. Tu te verrais inclure des éléments Electro chez LOUDBLAST ?
Stéphane. Non. Quand on se retrouve entre nous, on n’a pas envie de ça. LOUDBLAST, c'est guitare, basse, batterie et chant. Dans nos albums, il nous est arrivé de rajouter des éléments, comme une chanteuse lyrique. Sur le making-of de Fragments, tu verras également qu’il y a eu ici et là des notes de claviers dans nos compos, que peu de gens ont remarqué : ces claviers font partie du morceau mais ne font pas le morceau. Nous restons un groupe de rock, au sens large du terme, qui repose sur un quatuor.
MI. Tu écoutes du Black ? Du Black symphonique ?
Stéphane. Oui, j’adore DIMMU BORGIR, je trouve que ce qu’ils font musicalement est intéressant. En Black pur, disons, j’aime bien WATAIN, BEHEMOTH, dont j’ai d’ailleurs enregistré le dernier album live : At The Arena Ov Aion - Live Apostasy… J’écoute du Black, à partir du moment où ce n’est pas un prétexte juste pour se maquiller et jouer de la musique de merde. J’aime bien aussi MAYHEM : je faisais du tape trading avec Euronymous…
MI. Nous sommes ici aux Furieux (ndr : bar parisien). Y a-t-il des choses qui te rendent encore furieux aujourd’hui et est-ce cela qui te motive pour composer ?
Stéphane. C'est surtout l’envie de jouer qui me motive. Mais le Metal reste un formidable exutoire. Au-delà de l’imagerie faussement dangereuse qu’en retiennent ceux qui sont étrangers au Metal, cette musique est au contraire quelque chose de positif, d’utile même, de bon pour la tête, quand tu es jeune… et pas seulement. C'est d’ailleurs quelque chose qui m’insupporte quand tu entends des personnes dire : « C'était bien quand j’étais jeune. » Ça veut dire quoi ? Que le Metal est une musique de teenager ou d’ado attardé ? Ça me met en rage tous ces cons et ces donneurs de leçon. Et bien non, j’ai 41 ans, je suis un père de famille responsable, un chef d’entreprise, même si j’ai les cheveux longs, des tatouages et que je fais de la musique extrême. J’écoute du Hard Rock depuis que j’ai 7 ans – j’ai eu la chance de grandir auprès d’un pote qui avait des grands-frères qui écoutaient AEROSMITH, TED NUGENT –, je continue à en écouter et j’en écouterai jusqu’à la fin de ma vie (ndr : viens-là que je t’embrasse Stéphane).
Est-il utile de rajouter quelque chose après ça ? Non… Merci à Stéphane pour sa disponibilité (près d’une heure tout de même de discussion à bâton rompu).
Ajouté : Dimanche 19 Juillet 2009 Intervieweur : Le Comte de la Crypte Lien en relation: Loudblast Website Hits: 23880
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