Savez-vous vraiment ce qui fait la différence entre un bon album (mais sans plus) et une tuerie intégrale ?
Au delà du contexte, d'une humeur, ou de l'époque qui est plus ou moins propice à l'éclosion d'un chef d’œuvre, qu'est ce qui détermine vraiment un putain d'album ?
Alors, vous en savez quelque chose vous ? Moi j'ai bien une idée.
Un indice, servi par Roland Grapow (MASTERPLAN) : "avant je voulais être le meilleur guitariste du monde ; aujourd'hui, tout ce qui m'intéresse c'est d'écrire de bonnes chansons".
Je crois que le père Roland n'est pas loin de la vérité.
Les gars de WOLF l'ont bien compris, du reste. Le cinquième album de ce combo suédois, Ravenous, m'a pourtant laissé un goût amer d'inachevé, comme si ces mecs avaient fait preuve de fainéantise, ou pire, d'un terrible plan calculateur. Ravenous ou le guide parfait de l'album qui te fait croire à une bombe avant de déchanter !!!
Pourtant WOLF possède d'indéniables qualités qui laissent présager le meilleur en matière de Heavy Metal. Un guitariste chanteur à la voix puissante (Niklas Stalvind), un soliste technique qui connaît son instrument et les bons plans du Metal lourd (Johannes "Axeman" Losbäck), une production massive (Roy Z aux manettes), et même des guests plutôt alléchants : le chanteur Mark Boals, un ancien de chez Malmsteen, et surtout, oui surtout, le guitariste Hank Shermann, et quand on entend un gratteux du cultissime MERCYFUL FATE on se met à genoux s'il vous plaît !
La connexion avec le FATE apparaît d'ailleurs évidente au bout du deuxième titre. On passe vite fait le premier morceau qui porte bien son nom ("Speed On") et fait office de hors d’œuvre, pour s'intéresser donc à "Curse You Salem". Stalvind prend la voix menaçante et stridente du grand King Diamond (A GENOUX JE VOUS AI DIT !!!), les grattes envoient un petit riff oriental façon égyptienne, et quand déboule le refrain et ses choeurs accrocheurs, n'y allons pas par quatre chemins, c'est énorme !!
Histoire de battre le fer tant qu'il est encore chaud, WOLF balance "Voodoo" juste après, la définition même du Heavy Metal : ça commence par des cordes étouffées, toujours avec cette voix maléfique, en cherchant un peu ça me rappelle "The Ripper" de JUDAS PRIEST. Le morceau prend son envol sur un riff carré et lourd (qui a dit PRIMAL FEAR ?), quand on n'entend pas ces voix malsaines nous ensorceler à coupes de "Voooodooooo". Souvenez-vous que l'un des albums du King s'intitulait justement Voodoo. Et ça ne doit pas être une coïncidence ...
Jusque là on ne peut qu'être enthousiastes. Voilà deux titres qui provoquent une jouissive nostalgie, et oui, franchement, on prend son pied. Et soudain, c'est le drame ....
WOLF a du habilement positionné ces excellents titres à un moment stratégique de l'album, car la suite (en majorité) n'est pas de ce calibre. Dès les premières notes de "Hail Caesar", on comprend immédiatement que la pression va retomber. En dépit de super soli, d'où le souvenir des disques moyens d'ANNIHILATOR où Jeff Waters se sauvait de l'auto-parodie en nous servant des exploits guitaristiques de folie ....
Sur "Ravenous", par exemple, on ne relève rien de transcendant. Idem pour "Hiding In The Shadows" où il manque vraiment le petit truc en plus. Tout ça est beaucoup trop prévisible et conventionnel. Quant à "Mr Twisted", qui pue le Happy Metal opportuniste copié sur HELLOWEEN (surtout le refrain), pourquoi ne pas l'avoir carrément appelé "Mr.Torture" ou "Dr.Stein" ?!!!!!
Alors au milieu de cette fumisterie, "Love At First Bite" sort quand même du lot : mid-tempo, parsemé d'un break entrainant avec power chords à la clé, jouant sur les mélodies et rendant un vibrant hommage au Heavy Metal à l'allemande. Et puis "Secrets We Keep" et "Blood Angel", toujours dans l'esprit de MERCYFUL FATE (comment ? Vous ne vous êtes toujours pas prosternés ?!!) au niveau des ambiances, c'est pas mal aussi.
Disposer entre les mains d'un album aussi moyen alors qu'il contient des chansons absolument excellentes, mais donc trop rares, ne peut que générer de la frustration.
Savoir écrire de bonnes compos, c'est bien.
Savoir en écrire 10 de suite, ça n'est visiblement pas donné à tout le monde.
J'aime autant vous dire que si WOLF nous avait pondu un album constitué de 10 pépites comme "Love At First Bite" ou "Voodoo", on aurait affaire à l'album de la décennie.
Mais non, en fait ...........