MANIGANCE (FRA) - Divan du Monde à Paris (24/01/15)
Groupes Présents au concert : ADX (FRA), MANIGANCE (FRA)
Date du Concert : samedi 24 janvier 2015
Lieu du Concert : Divan du Monde (Paris, France)
MANIGANCE et ADX. Dans un contexte de rassemblement auprès des valeurs républicaines, cette affiche bleu-blanc-rouge est bien dans le thème !
Voilà un concert qui a vu le jour sur les cendres du mythique Paris Metal France Festival, que le monde entier nous a tant envié. C'est un petit lot de consolation pour ces dizaines de hardos purs et durs, qui affichent leurs idoles sur les patches de leurs vestes en jean ou exhibent sans gêne leurs flasques bedaines sous des t-shirts vintage. Il faut dire qu'ADX, fort de ses 30 ans de carrière, possède une fan-base assez impressionnante et extrêmement fidèle. Ce soir la salle est bien remplie, environ 300 personnes, un bon score.
Sans fioritures le groupe débarque dans une belle ambiance, et envoie une bonne dose de son Heavy Metal old-school avec deux grosses tartes : "Tourmente et Passion" et "Notre-Dame de Paris". Le son est clair, bien que très fort, et les deux guitares balancent d'emblée des riffs agressifs et lourds qui enfoncent dans nos oreilles un message bien net : on va morfler. Une heure durant, à fond la caisse, ADX va donner à son public ce qu'il est venu chercher. Du bon gros Metal qui tâche. Au milieu de la salle se forme un mosh pit du plus bel effet, et les "stage divers" bas de plafond se succèdent, surfant sur une marée déchaînée de rockers gominés. J'aime assez le trip revival, après tout c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe parait-il. Mais là je ressens comme une gêne...
Philippe Grelaud (dit "Phil) a la voix caverneuse, rendue rauque par les années et souvent mal placée, très bleue sur les notes tenues et à l'élocution douteuse. Je l'écoute enchaîner les allocutions pas très fines entre les morceaux. L'image de ce grand gaillard en cuir, gouailleur, qui s'acharne à massacrer en beuglant des titres vieux de 30 ans devant une foule en délire me laisse perplexe. A la batterie, Didier Bouchard (dit "Dog") a tant soigné son look 80's qu'il frise la caricature. Pascal Collobert (dit "Betov") et Bernard-Yves Quéruel (dit "B.Y.), les deux gratteux, arborent une certaine retenue de bonne aloi, alors que le tout jeune bassiste, Julien Rousseau, qui ne s'est pas encore choisi de nom de scène savoureux, a encore bonne mine et les cheveux propres, puisqu'il n'est là que depuis un an...
Côté musique, c'est souvent lourd et mal fichu, terriblement kitsch, mais parfois assez accrocheur pour qui ne veut pas s'embêter à réfléchir : les refrains hyper simplistes se résument à la répétition béate, voire pavlovienne de quelques syllabes, comme sur "Caligula" ("Caligula ! Caligula ! Caligula-aaah !"), "Red Cap" ("Red Cap ! Red Cap !"), "Commando Suicide" ("Commando Suicideuh Commando !") ou encore la très attendue "Division Blindée" ("Division, division blindéééée"). Vestes cloutées, nuques longues et gras tatoués frôlent l'hystérie dans l'assistance.
Bon alors comme j'apprends de mon expérience, en particulier celle des festivals Rock sauce franchouillarde, je me dis qu'il faut parfois admettre ne pas saisir toute l'intensité spirituelle d'un instant et laisser simplement ces moments de grâce à la postérité d'une cause qui nous dépasse. Voilà. Allez, la suite est plus réjouissante.
Setlist ADX :
Tourmente et Passion
Notre-Dame de Paris
Commando suicide
L'étranger
Déesse du Crime
Red Cap
Marquis Du Mal
Le Fléau de Dieu
Suprématie
Paracelse
Caligula
Division Blindée
La salle se vide un peu. Du coup on respire mieux. L'ambiance descend d'un cran ou deux également. MANIGANCE retrouve ce soir une scène parisienne pour la première fois depuis... le PMFF de 2013 ! Entre temps la section rythmique a été changée, Daniel Pouylau (batterie) et Marc Dufau (basse) laissant la place respectivement à Guillaume Rodriguez et Stéphane Lacoude. Et surtout, le groupe a sorti (en catimini) son cinquième disque "Volte-Face" l'été dernier, un album mature et bien écrit, mais peut-être moins abouti et plus linéaire que les précédents. C'est l'occasion de soumettre les nouvelles compos à l'épreuve du live.
C'est également sans chichis que MANIGANCE investit les planches, au son de "Leader", issu justement de "Volte-Face". Finis les lumières stroboscopiques et les rythmes tachycardiques infligés par les isariens, voilà un groupe que l'on sent pro et carré, sûr de sa force, qui distille sa musique avec aisance et sensibilité : c'est le grand écart ! Alors certes au niveau capillaire le groupe connaît une période de transition, mais visuellement on est quand-même loin du freakshow de tout à l'heure !
Didier, qui n'est pas le frontman le plus à l'aise que l'on connaisse, s'adresse à l'assistance de manière posée et simple, avec convivialité mais sans trivialité. Il a même zappé de son vocabulaire les "Paris, tu es là ?" qui gâchent un peu le très bon "Mémoires... live" enregistré en 2004. Sa voix est, elle, restée intacte et, à part peut-être sur la fin du concert où les refrains haut-perchés passeront moins bien, il interprète avec brio les exigeantes lignes de chant de "Larme de l'Univers" ou "Damocles", entre autres. Aux guitares la doublette François / Bruno, juste et complémentaire, alterne cavalcades mélodiques, soli plus sensibles et riffs acérés sans fausse note. Il émane de MANIGANCE une belle élégance, une force tranquille.
La setlist a été très bien montée, elle comporte 5 nouveaux morceaux dont l'excellent "Planète Zemlya", accueillis timidement par la salle. Mais elle brasse intelligemment les trois premiers cd du groupe, dont "Mourir en Héros", "Ange ou Démon" ou "Maudit", taillés pour la scène. Si on note une frange du public qui a pris fait et cause pour MANIGANCE, force est de constater que l'atmosphère est vraiment plus posée, moins électrique que pendant ADX. Le groupe ne semble pas s'en émouvoir, et mène son set avec talent et rigueur. Stéphane (basse), sous ses airs de playboy, est un musicien accompli, et il se charge aussi des chœurs, ce qui n'empêchera pas l'utilisation un peu décevante de samples. Derrière ses fûts, Guillaume a l'énergie et la technique pour palier le départ de Daniel, mais il n'a pas la même classe en short cycliste... On oublierait presque Jean, qui, presque caché au fond de la scène, distille ses nappes de clavier en toute discrétion. On l'entend même pousser quelques growls sur "Ultime Atome", issu du dernier album.
"En mon nom" donne l'occasion à Didier de remercier ceux qui œuvrent pour la promotion du Metal français, dont les palois peuvent d'estimer être de fiers et méritants porte-paroles. Le concert se termine sur le tube de "L'ombre et la lumière", "Privilège" : speed, entêtant et puissant. On aurait aimé que MANIGANCE reste un peu plus longtemps, car on les voit trop peu souvent. Ils sont pourtant certainement ce qui se fait de mieux dans l'hexagone depuis quelques années, et mériteraient une exposition plus digne de leur talent. Encore du bon boulot en tout cas.
Setlist MANIGANCE :
Leader
Volte-Face
Larme de l'Univers
Héritier
Mercenaire
Ange ou Démon
Pur Sang
Damoclès
Planeta Zemlya
Mourir en Héros
Ultime Atome
Maudit
En mon Nom
Privilège
Ajouté : Vendredi 30 Janvier 2015 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Manigance website Hits: 10467
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