Plonger dans l’univers de GRIVF, c’est un peu comme mettre sa propre existence et le monde qui nous entoure de côté. On se retrouve dans un lieu intriguant, sombre et suspect, dans lequel nos repères ont disparus. On n’a pas d’autre choix alors que d’aller jusqu’au bout de l’aventure pour découvrir ce qu’elle nous réserve. Ici, Isar, l’homme du projet GRIVF, nous narre une période de la mythologie nordique dans un danois ancien. Odin est au centre de l’histoire. Pour ceux qui n’ont pas séché les cours, le livret qui accompagne le CD est écrit en futhark. Pour ceux qui préférait dormir près du radiateur, la seconde moitié du livret reprend les mêmes textes, mais traduits dans la langue de Shakespeare. A noter que la présentation en est soignée, même si elle ne déborde pas d’ornements inutiles. Bref, on se retrouve déjà face à une démarche intéressante qui prouve qu’Isar a bien réfléchit à son sujet et ne l’a pas abordé à la légère. Au niveau de la musique, c’est lent et pesant. Le Doom est par essence lent et pesant, mais le Funeral Doom de GRIVF l’est bien plus. Il entre par tous les pores de la peau afin d’infecter les cellules de notre corps. La musique ne parle pas seulement à notre esprit mais à notre être tout entier. Cette sensation est renforcée par l’absence d’une formation rythmique classique. Ici, pas de batterie mais des tambours qui interviennent de temps à autre sur les morceaux, jamais de manière récurrente. Et des guitares, tantôt claires tantôt saturée, qui souligne des passages, sans jamais être débordante d’agressivité ni vraiment de mélodie. La musique qui parcourt Yggdrasil n’est pas une musique que l’on écoute comme on écoute classiquement un disque de Metal. C’est une musique propice à soutenir des ambiances, faite pour plonger les auditeurs dans un puits hors du temps et de l’espace. Même si on peut citer « Mirmirs Wisdom » comme le morceau le plus intéressant et complet parmi les cinq qui composent l’album, il faut envisager ce disque comme un tout indissociable. C’est une histoire qui demande à être entendue du début jusqu’à la fin.
Il est vraiment difficile et délicat de parler de ce disque tant il est particulier. Le mieux encore est de se faire sa propre opinion dés que l’occasion se présente. En tous cas le disque est sincère et la démarche de qualité. Et cela vaut déjà beaucoup.