Une naissance minable, une vie inscrite sans le sou au départ et ensuite empêtrée dans la solitude, ponctuée par une mort toute aussi brutale que piteuse. Voilà ce que l’on retient de la vie de Jimi Hendrix à travers la passionnante lecture de cette biographie de l’auteur Charles R. Cross, Jimi Hendrix, l'expérience des limites.
Une vraie grosse claque comme on n’aime pas en recevoir. Hormis ses tubes intemporels et inter générationnels dont on ne fera pas l’affront de les citer tant ils sont passés dans la postérité et ont construit l’Histoire du Rock, il faut avouer que l’on ne connaissait que très peu de détails à propos de la vie de ce guitariste et compositeur hors pair, et on ne peut imaginer à quel point la description de ces vingt sept années de présence sur terre furent si difficiles à vivre, hormis les phases de succès où l’argent et les femmes lui tombèrent dessus tout d’un coup.
Et effectivement, l’expérience a des limites : le livre porte ainsi magistralement son nom, tant le guitariste natif de Seattle a toujours voulu pousser plus loin ses propres limites, repoussant dans leurs derniers retranchements ses idéaux et ses concepts.
Fondé et surtout axé sur une pléthore d’interviews inédites privilégiant une galerie de proches parents, de familiers ou d’amis de l’artiste présenté comme le Dylan noir, cette biographie, étonnamment peu orientée sur l’œuvre intrinsèque de Jimi, insiste plus sur le côté humain que sur le côté artistique de l’homme. De ce fait, cela permet d’assister à la difficile genèse d’un génie dans un monde impitoyable et miséreux, c’est à dire le tristement célèbre univers des Etats-Unis des années 50-60, cocon de la ségrégation raciale qui sévissait partout dans le pays. Il s’en dégage ainsi une dimension particulièrement humaine et poignante, tant on a l’impression d’accompagner Jimi tout au long de sa courte vie et de ses aventures humaines et musicales au fil des rencontres qui jalonnent son parcours d’homme et de musicien. De son enfance pauvre des quartiers noirs de Seattle au guitariste d’accompagnement traversant les clubs de Blues du Sud des Etats-Unis pour aboutir à l’icône suprême du festival de Monterey, l’auteur brosse un portrait réaliste et sans condescendance sur cet artiste de génie et dépeint à travers lui une intéressante vision culturelle des années 60 vraiment très instructive.
Marqué par une enfance difficile et misérable, on comprend mieux comment et pourquoi le petit Jimi trouvera son salut et connaitra la délivrance à travers sa guitare, lui qui s’amusait avec un balai en guise de guitare encore enfant. Ensuite sa voie semble tracée avec son incorporation dans l’Armée, où il parvient tout de même à se dégager de ses obligations de militaire (après moult remous) pour ensuite jouer avec des artistes reconnus du monde du Rhythm & Blues. Ensuite, ce sera la reconnaissance et la renommée avec son envol musical et artistique en Angleterre, terre de fondation du mythique The Jimi Hendrix Experience. La suite, on la connaît : Woodstock, Berkeley, et des concerts de folie qui resteront gravées dans les mémoires.
Par ailleurs, comme vous pourrez le constater ci-dessous, les divers chapitres de cette biographie étonnante retracent de façon parfaitement chronologique l’évolution de ces vingt-sept années fortement secouées pour le frêle Jimi. De cette lecture, on en ressort avec un certain sentiment de malaise tant la courte vie d’Hendrix ne peut nous laisser de marbre ! Le mieux est de se souvenir de ses morceaux et de s’écouter de bons vieux «Purple Haze», «Voodoo Child», «Hey Joe», etc..Un personnage de génie vraiment impressionnant.


Prologue : une pièce pleine de miroirs
Liverpool, Angleterre 9 avril 1967
Chapitre 1 : mieux qu’avant
Seattle Washington janvier 1875 – novembre 1942
Chapitre 2 : seau de sang
Vancouver, Colombie Britannique 1875 – 1941
Chapitre 3 : très en avance pour son âge
Seattle Washington septembre 1945 – juin 1952
Chapitre 4 : le chevalier noir
Seattle Washington, juillet 1952 – mars 1955
Chapitre 5 : Johnny Guitar
Seattle Washington mars 1955 – mars 1958
Chapitre 6 : « Tall Cool One »
Seattle Washington mars 1958 – octobre 1960
Chapitre 7 : Spanish Castle Magic
Seattle Washington novembre 1960 – mai 1961
Chapitre 8 : « frère sauvage »
Fort ord, Californie mai 1961 – septembre 1962
Chapitre 9 : chasseur de têtes
Nashville Tennessee octobre 1962 – décembre 1963
Chapitre 10 : Harlem world
New York new York janvier 1964 – juillet 1965
Chapitre 11 : rêve en technicolor
New York new York juillet 1965 – mai 1966
Chapitre 12 : mon enfant terrible
New York new York mai 1966 – juillet 1966
Chapitre 13 : le Dylan noir
New York new York juillet 1966 – septembre 1966
Chapitre 14 : l’homme sauvage de Bornéo
Londres Angleterre septembre 1966 – novembre 1966
Chapitre 15 : « free feeling »
Londres Angleterre décembre 1966 – mai 1967
Chapitre 16 : de la rumeur à la légende
Londres Angleterre juin 1967 – juillet 1967
Chapitre 17 : bruit noir
New York new York aout 1967 – février 1968
Chapitre 18 : nouveau bouleversement musical
Seattle Washington février 1968 – mai 1968
Chapitre 19 : le premier sur la lune
New York new York, juillet 1968 – décembre 1968
Chapitre 20 : musique de l’église électrique
Londres Angleterre janvier 1969 – mai 1969
Chapitre 21 : bonheur et succès
Toronto Canada mai 1969 – aout 1969
Chapitre 22 : gypsy, sun and rainbows
Bethel, new York aout 1969 – novembre 1969
Chapitre 23 : le roi de l’éden
New York new York décembre 1969 – avril 1970
Chapitre 24 : garçon magique
Berkeley Californie mai 1970 – juillet 1970
Chapitre 25 : l’ange bleu sauvage
Maui, Hawaï, juillet 1970 – septembre 1970
Chapitre 26 : l’histoire de la vie
Stockholm Suède aout 1970 – septembre 1970
Chapitre 27 : mon train arrive
Londres Angleterre septembre 1970 – avril 2004
Epilogue : une longue Cadillac noire
Seattle Washington avril 2002 – avril 2005
Remerciements