KIKOBOOK : Le Livre Cul(Te) De Gerard Kikoïne (2016)
Auteur : Gerard Kikoïne
Langue : français
Parution : février 2016
Maison d'édition Française : Editions de l'Oeil
Nombre de pages : 368
Genre : Autobiographie
Dimension : 20 x 27 cm
ISBN-13 : 9782351371862
"j'ai d'abord eu du mal à m'y faire : Il est troublant de donner des indications à un comédien qui vous écoute respectueusement tout en se masturbant consciencieusement pour s'entretenir."
Vous pourriez vous demander pour quelle raison nous vous faisons aujourd'hui la chronique de l'autobiographie d'un homme de cinéma qui s'est fait connaître pour ses films porno ou, comme il les appelle, ses films d'amour.
Je pourrais vous envoyer voir chez Plumeau, mais je vais quand même prendre le temps d'expliquer le pourquoi. Si l'on y réfléchit, le porno et le Metal ont beaucoup en commun. Ils sont tous les deux nés dans les années 1970, ils ont tous les deux développé au fil des ans un nombre hallucinant de spécialités comprises des seuls initiés (il suffit pour s'en convaincre de parcourir les catégories de Pornub, Tiava ou autres Youporn !), ils ont tous les deux été mis en péril par le développement des technologies qui en a profondément modifié la distribution, celle du porno ayant surtout souffert (en qualité de contenu) de l'apparition de la vidéo à la fin des années 80 alors que c'est le numérique qui a bouleversé le disque quinze ans plus tard. Leurs stars sont des figures hautes en couleur qui se dissimulent souvent derrière des pseudos évocateurs, ont une apparence provocante et font autant rêver leurs fans qu'elles exaspèrent les culs bénis. Mais plus important, comme le Metal, le porno est un divertissement décrié, critiqué et considéré par les bien pensants comme une expression artistique avilissante, blessante, cruelle et hautement critiquable. Alors metalleux, pornographes, même combat !
Pour vous parler du porno j'appelle aujourd'hui à la barre l'un de ses maîtres français, un réalisateur qui est un peu le Tony Iommi du X. Un technicien doublé d'un artiste de génie qui a inventé une manière de filmer le cul. Un style décontracté, décomplexé, non dénué d'humour et dont la matière se déguste aussi bien au premier degré, la main collante, qu'au second ou au troisième pour apprécier les indéniables qualité de cinéma de genre qui n'a pas si mauvais genre.
Et du style, Gérard Kikoïne en a aussi bourré son autobiographie éponyme, le Kikobook. Il peaufinait depuis plusieurs années, un livre qui raconte Kikoïne, son cinéma, ce qui l'a amené à tourner des films pour adultes, les acteurs, les techniques de cadre, la narration, les lieux de tournage... Bref, une bible du cinéma d'amour écrite par son géniteur et illustré de très nombreuses photos de tournage, comme une illustration du propos. Le livre était prêt, l'éditeur trouvé, il manquait juste un financement pour l'impression. Gérard Kikoïne l'a obtenu grâce à une campagne de crowdfunding sur Ulule (la liste des plus généreux donateurs figure en dernière page).
L'auteur se présente, enfant de l'après guerre nourri au cinéma, fils de technicien du cinéma, devenu monteur son à l'âge de 18 ans, puis réalisateur apprenti dix ans plus tard pour son premier film, dans la veine d'Emmanuelle : L'amour à la bouche. La carrière de Gérard Kikoïne se déroule en une quarantaine de film, essentiellement porno, mais aussi quelques réalisations plus classiques. Le Kikobook parle exclusivement de la carrière dans le cul et une fois que Gégé a mis les pieds dans le milieu, il abandonne le récit autobiographique pour une narration par thèmes, mettant un coup de projo plus ou moins appuyé sur les différentes facettes de sa pratique. Le livre est très largement illustré par des photographies de tournage, forcément très chaudes, ce qui réserve la lecture du Kikobook à un public majeur et averti. La qualité des illustrations, ajoutée au format, fait du Kikobook un livre de belles images agrémenté de bons textes. Ce n'est pas du foutage de gueule, il y a vraiment du contenu.
Le ton est sympathique, dépourvu du moindre didactisme. Gérard se raconte avec des mots simples et des formules qui font mouche, on sent qu'à l'instar de ses films d'amour, ce que le réalisateur veut transmettre avec son livre, c'est aussi de l'amour.
"Aux gens du métier qui nous méprisaient, nous les hardeurs, j'avais envie de leur dire que les avances qu'ils touchaient du CNC pour leurs films "sérieux" avaient tout de même un peu le goût de ma queue" (Alban Ceray)
Ajouté : Samedi 09 Avril 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Editions de l'Oeil Website Hits: 13980
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