Après les sonorités démentielles de Zos Kia Cultus, BEHEMOTH continu de nous étonner avec DEMIGOD, un album qui marque une nouvelle évolution, un retour à certaines influences plus "classiques" on y trouve par exemple des extraits de guitare acoustique, mais cependant ce n'est pas pour le moins plus calme, au contraire, il viennent de réussir à merveille sous la houlette de Daniel Bergstrand (In Flammes, Meshuggah...) le mélange du Metal extrême et de plus de mélodie sans altérer la brutalité et la rapidité de la musique. Entretient téléphonique avec Nergal…

Line-up : Nergal (guitare, chant), Havok (guitare), Inferno (batterie)

Dicographie : ...From The Pagan Vastlands (Demo - 1994), Grom (1996), Bewitching The Pomerania (1997), Pandemonic Incantations (1998), Live From Strasbourg (1999), Satanica (1999), Thelema.6 (2000), Antichristian Phenomenon (2001) Zos Kia Cultus (2002), Conjuration (2003) Demigod (2004)

Metal-Impact. Tout d'abord le prochain album, « DEMIGOD ». Tu parles d'un album plus extrême que « Zos Kia Cultus » mais avec plus d'influences classiques. Tu peux m'en dire plus sur ce travail ?
Nergal. Nous ne voulions pas nous répéter, nous voulions enfoncer notre tête vraiment dedans, repousser les limites de ce que nous avions déjà fait. Alors d'une certaine manière nous avons été plus névrosés mais aussi plus mélodiques - c'est ce que j'appelle des influences classiques - ce qui signifie qu'il y a plus d'influences comme le Heavy Metal - surtout dans la guitare rythmique - ce qui rend la musique plus mélodique. Mais d'un autre côté cet album est aussi plus rapide. Ca part dans plus de directions et c'est bien. Je pense que c'est ce que je voulais pour cet album, nous n'avons pas essayé de refaire « Zos Kia Cultus ».
MI. Oui c'est vrai, on y trouve aussi des influences plus Thrash...
Nergal. Oui, bien sûr, un mélange de différents styles Metal. Si on veut qualifier ma musique de Black Metal, ça ne me pose pas de problème mais c'est en fait plus varié. J'ai toujours eu des influences de groupes très classiques comme Slayer et tout les groupes qui mettaient en avant les guitares. Je ne dis pas que nous sommes le groupe le plus original de la planète, tout ce que nous voulons, c'est faire de bonnes chansons car j'en avais les moyens. Je veux juste donner le meilleur de moi-même.

MI. Que veux-tu dire par "Je crois que nous avons achevé la meilleure écriture et la meilleure production dont nous étions capables" ? Penses-tu que cet album soit le Zénith de ton art ou est-ce simplement que Behemoth n'a plus suffisamment de ressources en ce moment ?
Nergal. Oui, bien sûr, il s'agit toujours d'un "pour le moment". Je ne veux pas penser que j'ai fait le meilleur album de ma carrière car cela voudrait dire que je ne croirais plus en ma musique. Si je me met à penser de cette façon, j'arrête, tu vois ce que je veux dire [rires]. Je suis une personne optimiste, tu sais ce genre de personnes qui s'implique à fond dans leurs activités jusqu'à n'en plus pouvoir. Je suis certain de pouvoir continuer, mais pour l'instant je suis totalement explosé. Je suis vraiment fatigué et très bas aussi. Tu sais c'est comme quand une femme donne la vie: d'abord elle tombe enceinte puis elle donne naissance et après elle a tendance à déprimer. Et bien c'est pareil pour moi, j'ai fini un album donc ça me déprime [rires]. Enfin, tu vois ce que je veux dire…

MI. Tu as dis que travailler avec Daniel Bergstrand avait été une très bonne expérience grâce à sa propre expérience. Comment l'as-tu rencontré ?
Nergal. [rires] Et bien je ne l'avais jamais rencontré avant. Ce fut presque automatique, je lui ais dit "hé! Et si on travaillais ensemble?" et il m'a répondu "Oui, bien sûr", alors qu'il ne savait même pas s'il aimerait Behemoth. A vrai dire, il n'avait jamais entendu parler de nous avant. Il a des goûts musicaux très variés. Il n'y a pas besoin de connaître pour découvrir, tu me suis ? Mais il aime aussi la musique qu'on a fait avant comme « Zos Kia Cultus », et je trouve qu'il a fait un très bon travail. J'aime vraiment le son de cette production.

MI. Vous avez prévu une tournée en Europe qui se commence ce mois-ci avec Krisiun, Incantation et Ragnarok. Es-tu lié à ces groupes d'une façon ou d'une autre ?
Nergal. Oui je suis assez lié avec Krisiun et Incantation, mais surtout avec Krisiun. J'adore ce "deal" parce-que c'est totalement entre groupes de Black Metal (ndlr : pas vraiment, mais bon !). Ca va me faire du bien car je suis vraiment à plat et cette tournée va vraiment être géniale, on va tuer le public !

MI. J'ai constaté que votre rythme de tournée est très soutenu puisque vous jouez quasiment un mois complet sans prendre de pause, et vous enchaînez directement après sur une autre tournée. Comment vous vous débrouiller pour avoir autant d'endurance ?
Nergal. Oui (rires). C'est ça le Metal ! Pour moi, c'est une des beautés du Metal, je ne peux pas ne pas le faire.
MI. Oui mais là c'est quand même assez extrême un mois complet sans pause...
Nergal. Oui et encore ce n'est que la première partie de la tournée car après nous allons en République Tchèque, ensuite au Mexique puis dans le reste de l'Amérique du Sud. Après on se prend une semaine et puis on repart en Grande Bretagne en Janvier et enfin en Amérique du Nord, alors on va être très occupés.
MI. Tu sais dans quel ordre vont jouer les groupe pour la tournée européenne ?
Nergal. Oui, Ragnarok, Incantation, Behemoth et Krisiun, on sera le 3ème groupe.

MI. Vous serez à Paris le 24 octobre 2004 à la Locomotive. Vous y êtes déjà venu, que t’inspire cette salle ?
Nergal. En fait, j'adore cette salle puis j'aime beaucoup le quartier qu'il y a autour, car je peux vraiment trouver plein de trucs pour moi-même…

MI. Avez vous déjà une idée de vos projet après toutes ces tournées ?
Nergal. Et bien nous allons être très occupés comme cela jusqu'en mai 2005. Puis je vais me prendre un peu de vacances car je n'arrête pas de bosser et d'ici là ça sera pire. Mais c'est une part de ma vie, je ne peux pas m'en passer. De toute façon rien ne vient tout seul… surtout dans la musique.

MI. Qu'attends-tu d'un webzine comme Metal-Impact ?
Nergal. La Promotion (rires). Par exemple aujourd'hui j'ai quelque chose comme 17 interwiews, j'en ai déjà fait 8, et je peux encore parler, discuter. C'est une partie de mon travail que j'aime aussi beaucoup et je ne me lasse pas, j'aime parler avec des gens.

MI. Et bien si tu as envie de dire quelque chose pour conclure, je te laisse la parole...
Nergal. Bien sûr, bien sûr ! Comme ça je peux faire la promo (rires). Alors déjà c'est toujours bien de parler avec des magazines français, et c'est aussi toujours un plaisir de revenir en France. J'accorde beaucoup d'importance au marché français car ce sont les « putains de plus gros tarés » qu'il y ait sur cette planète et j'adore y aller. Je me souviens lors de la dernière tournée… c'était merveilleux. Je suis toujours très impatient et même au delà de ça j'aime le pays, j'aime votre culture, votre cuisine et j'aime vos femmes !