WEENA MORLOCH (de) - Grüß Gott, Wir Sind die Morlochs (2015)
Label : Trisol
Sortie du Scud : 2 octobre 2015
Pays : Allamgne
Genre : Metal Electro Indus
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 40 Mins
- Il n'y a pas de mal à se faire du bien.
- On peut s'amuser avec les jouets des autres si on les abîme pas.
- L'humour allemand est le plus fin du monde.
- Le Metal Electro Indus est très bricoleur, aime se faire plaisir, et ne rechigne pas à sortir une bonne blague de temps en temps, sans faire allusion aux pommes de terre, ni à la choucroute ou à Angela Merkel.
Ces postulats énoncés (et presque tous vrais...), soyons bref. Vous souvenez vous de cet exercice de style que s'étaient imposés les allemands d'ATROCITY en 1997 ? Si tel n'est pas le cas, je vous rafraîchis la mémoire. L'ex gang de terreurs Techno Death avait cédé à l'appropriation de certaines pièces tubesques des années 80, en citant DURAN DURAN, TEARS FOR FEARS, EURYTHMICS, SOFT CELL et même BOWIE pour le fun. C'était la plupart du temps réussi, parfois même largement supérieur aux originaux.
Depuis, cette idée à fait son petit tour, et en revenant, elle est allée se nicher dans le cerveau perturbé d'Alexander Kaschte, l'homme qui se cache derrière le projet WEENA MORLOCH depuis... 1997.
Coïncidence ? Certainement, mais le parallèle est troublant. Renaissance ? Réincarnation ? Rien de tout ça, mais l'anecdote était suffisamment drôle pour être citée. Et puis avouons le tout net, en sus d'être diablement efficace, Grüß Gott, Wir Sind die Morlochs est aussi très amusant par son approche délirante et grandiloquente de l'art de la reprise.
Des covers, pas de soucis, mais des bonnes mon ami ? Oui, et de tout, du classique, de l'obscur, du traditionnel, du kitsch, et franchement, c'est très bien vu, parce que loin de se contenter de bidouiller un vague traitement électrique/EBM, Alexander à vraiment soigné son boulot, et certains moments sont plus qu'enthousiasmants.
Qu'allez-vous donc trouver sur cette récréation fort distrayante ? Du DIO et du SURVIVOR pour le côté Hard/Rock, du DEATH IN JUNE pour l'hommage déguisé, mais aussi de l'incongru, avec la fausse paire de jumeaux pas chanteurs MILLI VANILLI, du grotesque assumé avec les ineffables DSCHINGHIS KHAN (vous savez, les barrés qui avaient été assemblés pour représenter l'Allemagne en 1977 à l'Eurovision...), un brin d'histoire Punk et les RAMONES, et puis de petites choses qui traînent sur la commode, Ivan REBROFF et WISHFUL THINKING en ornement. Ah, et puis en cadeau deux confiseries. Un traitement haut en couleur du roi du Schlager (style musical très en vogue en Allemagne dans les 60's et 70's, basé sur des mélodies simples et répétitives, en gros des hymnes locaux assez simplistes et populaires, genre HEINO) Michael Holm, et une relecture d'un air traditionnel du 19ème siècle, "Schwarzbraun Ist Die Haselnuss", déjà popularisé par... Heino lui-même.
Sommes-nous en bonne compagnie ? Ai-je attiré votre attention ? Alors allons-y, et festoyons Indus.
Le principe de l'album de reprises étant éminemment casse gueule à la base, la prise de risque était maximale pour ce projet déjà étrange qu'est WEENA MORLOCH. Si son Cyber Metal Indus est très efficace en version originale, le principe reste-il le même en VOSTA ? Car l'homme n'a pas choisi n'importe quoi au hasard, et tâter du MILLI VANILLI ou du SURVIVOR n'est pas donné à tout le monde, surtout avec des gants souillés d'Electro.
Mais ne laissons pas traîner le suspens plus longtemps, OUI, Grüß Gott, Wir Sind die Morlochs (Bonjour Dieu, nous sommes les Morlochs en VF) est une réussite quasi totale, même supérieure à son modèle made in ATROCITY dans les 90's.
Evidemment, certaines figures de style sont plus impressionnantes que d'autres. Si l'instinct nous pousse à nous orienter de suite vers les plus improbables, d'autres se cachent derrière un faux paravent de "normalité", comme cette appropriation du "Fall Apart" de DEATH IN JUNE, qui écrase son modèle par son épure fantastique, bien loin des tics grandiloquents insupportables de Douglas Pearce.
Les blagues sont parfois hilarantes, et l'ouverture/fermeture par des nivellements Indus de traditionnels d'outre Rhin est un véritable bonheur. "Tränen Lügen Nicht" de Michael Holm est une entame redoutable, véritable tube possible d'un RAMMSTEIN ayant légèrement abusé du Schnaps, entraînante et reposant sur un riff jovial, c'est euphorisant, cocasse et pourtant très efficace.
Quant au fermer de rideau, "Schwarzbraun Ist Die Haselnuss", il est du même tonneau, avec une attitude hilare mais martiale qui emporte l'adhésion.
Entre les deux, du très bon, du parfait, mais jamais de médiocre, loin s'en faut. J'ai une inclinaison particulière pour le terrifiant "Moskau" des horribles DSCHINGHIS KHAN, même si la moustache magnifique du danseur me manque, mais cette relecture ne dénature presque pas la patine ultra commerciale et populaire de l'originale, quoique le chant fasse penser à un BONEY M sous LSD.
"Holy Diver", le morceau qui vous concerne le plus risque de vous faire bondir et pourtant, quelle performance... Traité comme un hit EBM des 90's, il aurait pu enflammer les dancefloor des boites Darkwave des années 2000, et garde même la flamboyance de l'interprétation d'origine... Dans un accent plus minimaliste toutefois.
On pourrait dire la même chose du défi lancé à Rocky, qui doit bander ses biceps de rage en tendant l'oreille sur le blasphème "Eye Of The Tiger", qui pourtant ne trahit en aucun cas sa BO fétiche. Même le beat plombé est respecté, et à peine endommagé par quelques scratchs, et notons aussi un effort de mélodie sur la voix, assez inhabituel. Alors pas de quoi rouer de coups de pieds cette pauvre fonte qui n'a rien fait.
Les RAMONES ont aussi droit aux honneurs avec le pied de nez de Johnny envers son ancien batteur, et "The K.K.K Took My Baby Away" de devenir un hymne au stupre des JESUS ON ECSTASY, sensuel, mais une fois de plus relifté avec respect.
Quant au "I'm Gonna Miss You" des dreadlockés et body-buildés faux chanteurs de MILLI VANNILLI, c'est une tuerie, et pas jouée en playback, d'ac ? Je n'en dirai pas plus de toute façon.
Non là, autant parfois l'humour allemand est aussi digeste qu'un ancien officier de la Wehrmacht qui parodie De Funès dans Le Grand Restaurant, autant lorsque la blague est travaillée, subtile et de qualité, je succombe. De l'Indus intelligent, du Metal électro martial dansant, et du second degré bandant. En gros, de quoi crier en gigotant "Muskatnuß herr Muller, Muskatnuß!!!" jusqu'au bout de la nuit noire.
Ajouté : Samedi 04 Juin 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Weena Morloch Website Hits: 5148
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