RUINER (usa) - Hell Is Empty (2009)
Label : Bridge Nine Records
Sortie du Scud : 22 septembre 2009
Pays : Etats-Unis
Genre : Hardcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 25 Mins
« Baltimore est la plus belle ville des Amériques » prétendaient les mecs de RUINER. Sauf que depuis la mort du groupe en octobre 2010, on n’a plus rien à y faire. Juste avant de splitter, ces légendes du (Post-)Hardcore nord-américain ont pris le soin de nous laisser un héritage conséquent, avec deux albums torturés, dont le petit dernier, Hell Is Empty sorti en septembre 2009. Même si ce nom reste relativement anonyme dans nos contrées, RUINER fait figure d’institution pour beaucoup de coreux. En effet, son Hardcore, emblématique d’une génération qui n’avait pas froid aux yeux, s’inscrivait dans une veine beaucoup plus sombre et insidieuse que celui de ses compatriotes new-yorkais de BIOHAZARD ou SICK OF IT ALL. Avec Hell Is Empty, le groupe avait probablement atteint le sommet de ses capacités artistiques, distillant une musique tout à fait singulière et inimitable, malgré les fréquents rapprochements constatés avec SINKING SHIPS ou KILLING THE DREAM.
La première recommandation à vous faire, c’est de bien ouvrir vos cages à miel. Car Hell Is Empty fend le ciel aussi vite qu’une étoile filante. Dix chansons, c’est réglo. Vingt-cinq minutes de son, ça passe vite. Et ça passe d’autant plus vite que la chape d’énigmes et de mystères qui pèse avec insistance sur cette œuvre ne se dissipe jamais. Emmenée par un Rob Sullivan aussi charismatique que désespérant dans ses cris aléatoires, la petite troupe du Maryland écrase toutes ses précédentes productions. Pourquoi ? Parce que c’est crade, parce que c’est old-school, parce que ça tire une latte sur le Punk sans se défiler, parce que c’est moite et oppressant mais surtout, parce RUINER est un groupe qui a su mûrir depuis Prepare To Be Let Down. Ils ont très vite oublié les ambitions des troupiers débutants pour se consacrer au vif du sujet, un Hardcore décérébré et pachydermique. Inconstant dans sa manière de faire cracher les guitares, RUINER couvre l’auditeur d’une pluie acide de riffs grassouillets et de frappes de basse régulières. Tout ça parait millimétré sur la forme mais sur le fond, une légèreté et une zénitude déstabilisante englobent ces quelques compositions qui n’hésitent pas à explorer différentes formes de Hardcore. « Constrictor » et « Committed » par exemple, reviennent à des choses plus basiques avec des rythmiques Punk explosives. « Part One » pour sa part, fait plus dans la psyché avec des tempos décalés et des teintes Post-Hardcore. RUINER joue énormément sur les variations de cadences et sur l’esprit crasse de son disque pour lui insuffler une dynamique et donner un sens à son déroulement. Et ça marche ! En moins d’une demi-heure de son, les Américains sauront rallier à leur cause la grande famille du Hardcore U.S ! A l’image du booklet au cœur duquel s’épanouissent des monstres en surbrillance, Hell Is Empty est une création complexe qu’il vaut mieux lire en filigrane.
L’énergie débordante qui transpire de cette rondelle sera un facteur déterminant de sa grande richesse. Je comprends qu’on puisse être réfractaire au style, mais cette musique crache ses entrailles et fait preuve d’une immense générosité. Alors oui, techniquement c’est peut-être un peu brouillon, maladroit dans la mise en œuvre et surement trop agressif pour du « simple » Hardcore, mais c’est justement celui qui broie du noir qui vous regonfle à bloc. Si vous aimez écouter de la musique d’excités quand vous êtes excité pour devenir encore plus excité, alors RUINER était fait pour vous…
Ajouté : Lundi 13 Août 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Ruiner Website Hits: 7038
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