ANTAEUS (FRA) - MKM (Déc-2002)
Ce ne fut pas une sinécure de se rendre à Strasbourg pour assister à ce X-mas festival car les conditions météorologiques étaient déplorables. Mais bon, une fois sur place, le début de la mission était déjà accompli, le reste n'étant que formalités (enfin presque). Arrivé au bout de mes peines, assis tranquillement derrière les backstages, une bière à la main, l'interview de MKM pouvait commencer.
Line-up : Set (guitare), Thorgon (guitare), MKM (chant), Yov (batterie), Sagoth (basse)
Dicographie : Reh' (1995), Supremacist Dawn (démo 1996), Antaeus/Eternal Majesty (split demo 1998), Promo Rekordin 2000 (mcd 1999), Nihil Khaos Live (tape 1999), Cut Your Flesh & Worship Satan (cd 2000), Antaeus/Necrophagia (split vinyl - 2001), Antaeus/SPK kommando (split 4 groupes parisiens/2001), De Principii Evangelikum (2002), Satanikaudioviolence (live tape 2002), Antaeus/Aosoth (split 10" 2002)
Metal-Impact. Faisons un bref flash-back, peux-tu nous rappeler les débuts d'Antaeus ?
MKM. Le groupe s'est formé en 1993, c'était un one man band, moi je suis arrivé en 1994. Il y avait une petite casette que le mec avait fait, c'était pas bon du tout. A l'époque, je faisais un zine, il m'a contacté pour voir si je voulais chanter à sa place. J'ai rejoins Antaeus parce que j'avais du temps de libre mais je m'en foutais totalement à ce moment là.
Au bout d'un an, on a décidé de chercher un véritable batteur. C'est toujours le même depuis. Ensuite, il y a eu le déclic, j'ai laissé tomber le zine parce que c'est vachement dur de faire un zine en France, puis Antaeus est devenu une priorité.
Nous avons sorti la démo "Supremacist Dawn" fin 95-début 96, on en a écoulé 350 copies. C'était honnête.
Puis nous avons eu pleins de problèmes avec les groupes français, les problèmes de l'époque. Tout le monde se crachait sur la gueule dans tous les sens. Cela nous a empêché de trouver des concerts à cause d'une mauvaise réputation non fondée. En 98, nous avons encore changé de musiciens, en fait ceux-là changeaient constamment, puis nous avons récupéré deux membres d'Eternal Majesty.
Je considère que le groupe a été viable à partir de ce moment là. On a enregistré une démo, vendu à 700 ex. Cela nous a permis de pouvoir enregistrer un mini-cd qui nous a servi de promo.
A ce moment Killjoy de Necrophagia nous a contactés car il était intéressé par ce que nous faisions et qu'il allait créer son propre label, Baphomet Records. Moi, personnellement étant fan de Necrophagia, quand j'ai vu ça, j'ai pas trop cherché en fait. Le contrat était assez moyen, il était même nul d'ailleurs mais c'était un honneur de pouvoir le faire, donc on a signé avec lui.
Ca s'est très mal passé, on a perdu beaucoup de temps, mais au moins le premier album était sorti même s'il a mis un an à sortir.
Vu qu'il y avait pas mal de problèmes, Neropolis allait déposer le bilan, Baphomet ne savait plus chez qui vendre ses licences, on a dit salut. Je suis allé aux Etas-Unis, j'ai essayé de rencontrer Killjoy quand je bossais là-bas mais ce fut impossible de le voir.
Maintenant nous sommes chez Osmose et c'est vraiment une bonne chose.
MI. Venons-en maintenant à votre nouvel album, celui-ci est sorti en septembre 2002, trois mois après, quel regard portes-tu sur ce disque ?
MKM. Cet album a été créé lorsque j'étais aux U.S.A donc je suis arrivé devant le produit fini, pas que je sois spécialement omniprésent au niveau de la composition mais j'ai mon mot à dire, là c'était trop tard.
Il y a 2 ou 3 petits trucs qui me font tiquer encore mais dans l'absolu, j'en suis assez satisfait. Je ne l'ai pas réécouté depuis que nous l'avons fait car j'aurai un regard critique. Je ne serai pas du tout objectif car je suis assez sujet à l'autocritique, c'est même trop exagéré certaines fois. Le seul point, c'est les intros, j'aurai préféré des intros un peu plus longues, plus "noise", plus malsaines dans l'approche.
MI. A l'écoute de "De Principii Evangelikum", on ressent certaines influences Death voire Grind, était-ce voulu ou cela s'est t-il fait naturellement ?
MKM. Pour les influences Death et Grind, le principal guitariste et moi sommes fans de tout ce qui est extrême depuis 1990, tous les groupes genre Traumatic, Corpse Molestation, etc…quand il n'y avait pas encore vraiment d'étiquettes. Lorsque tu écoutes Beherit, Blasphemy, les mecs se retrouvaient dedans parce que c'était vraiment le style le plus extrême que tu pouvais trouver. Ce n'était pas encore sectorisé.
L'influence c'est normal qu'on la remarque. Je pense que cela avait été aussi remarqué sur le premier album mais le son était tellement mauvais que cela donnait le côté Black un peu cru de certaines démos. Le Grind, on ne peut pas dire le contraire surtout au niveau des blast-beats, mais c'est surtout dans le but de mettre une sorte de chaos.
MI. Votre batteur joue aussi dans Sublime Cadaveric Decomposition, un groupe de Grind.
MKM. Oui, mais tu sais, il peut jouer dans des groupes différents sans se limiter à un style. Lui, il veut donner une approche vraiment brute et directe au groupe. Il se retrouve dans tout ça. Il y aura des changements sur le prochain disque car il y a 2 ou 3 plans linéaires qu'on aimerait pouvoir changer.
MI. Quelles sont tes sources d'inspiration pour les textes ?
MKM. Je suis le seul responsable des textes même si pour cet album, il y a eu une espèce de trinité qui c'était formée. C'est en fait une discussion avec Constance, une nana qui fait un zine au Portugal et l'ex batteur de Bestial Summoning, un groupe Hollandais de Chaotic Black Metal.
C'était assez étrange, c'était des discours religieux, un peu fanatiques, très poussés mais avec beaucoup de dévotion. C'est devenu la ligne directrice numéro 1 d'Antaeus. "Cut Your Flesh And Worship Satan" était vraiment personnel, j'utilisais la première personne du singulier tout le temps, tandis que là, il y a un côté plus global.
Nous avons utilisé le terme "gospel" mais ce n'est pas non plus prêcher car il n'y a pas le côté philanthrope, ni un côté qui cherche à convertir qui que ce soit. C'est une espèce d'exposition que je m'applique à donner. C'est en quelque sorte un rituel.
Nous n'avons pas pris le chemin le plus simple pour exprimer certaines idées. Le but est de faire réfléchir les gens. Le chant est calé sur la musique comme une sorte de discours, il est plus lent, ce qui crée un décalage avec la musique beaucoup plus rapide. Nous avons travaillé sur un contraste.
MI. Vous êtes à l'affiche de ce festival (X-mas 2002), que penses-tu justement de cette affiche ?
MKM. L'affiche de ce festival est inégale, inégale dans les styles.
Personnellement, je suis plus que fier de partager l'affiche avec Immolation. C'est un groupe incroyable. Ce sont vraiment les derniers maîtres du Death avec Morbid Angel. Six Feet Under, no comment.
Marduk, ce n'est plus ce que c'était, ils sont formatés pour le public allemand. Hate Eternal, grand groupe, un peu trop technique pour moi mais gros groupe de scène. Ragnarok, un peu trop norvégien.
MI. Quel est ton avis sur la scène Black Metal française ou internationale ?
MKM. C'est comme toutes les scènes, il y a des bons groupes et toujours plus de mauvais. Les bons groupes méritent d'êtres soutenus.
Je passe mon temps à citer Funeral Myst car c'est un excellent groupe. Moi, je suis un ardent défenseur d'une certaine scène underground en France, nous avons de bonnes formations. Le problème reste toujours au niveau des concerts.
A l'étranger, j'apprécie pas mal de groupes suédois, américains, grecs mais tant qu'il y a toujours des groupes de valeurs, le reste je m'en fous.
MI. Quels sont tes meilleurs souvenirs de concerts et les pires ?
MKM. Le pire, c'était Essen, tout le public gueulait Marduk pendant que les autres groupes jouaient quoique dès fois le pire peut aussi être le meilleur car cela t'aide à te surpasser.
Une autre date, celle de Wels (Autriche) reste mémorable, c'était le chaos total. Les mecs jetaient des canettes sur les musiciens, des cigarettes allumées, c'était n'importe quoi.
MI. Je te laisse le mot de la fin…
MKM. Je te remercie pour l'interview. Tous ceux que cela intéresse peuvent nous contacter, nous ne dédaignons personnes.
Ajouté : Mardi 18 Février 2003 Intervieweur : Lord Natas Lien en relation: Antaeus Website Hits: 32169
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