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UFO (uk) - Paul Raymond (Fév-2012)


UFO fait partie du club très fermé des groupes ayant plus de quatre décennies au compteur ! D’emblée, cela force le respect et l’admiration. Après des péripéties tumultueuses qui auraient pu les anéantir définitivement et grâce à la foi inconditionnelle de Phil Moog, le vaisseau spatial a enfin trouvé une certaine sérénité avec l’arrivée en 2004 de Vinnie Moore. Depuis le combo aligne les albums comme un véritable métronome avec une réussite plus ou moins grande en fonction des cuvées. Seven Deadly, le petit dernier n’est pas un millésimé mais reste totalement acceptable pour un groupe qui n’a pas moins de 22 albums à son actif. Metal Impact s’est mis en quête de capturer Paul Raymond pendant quelques instants pour essayer d’en savoir un peu plus sur la genèse du nouveau-né !

Line-up
: Phil Moog (chant), Vinnie Moore (guitare), Paul Raymond (guitare/clavier), Andy Parker (batterie)

Discographie : Ufo (1970), Flying One Hour Space Rock (1971), Live In Japan (1972), Phenomenom (1972), Force It (1975), No Heavy Petting (1976), Lights Out (1977) ,Obsessions (1978), Strangers In The Night (1978), No Place To Run (1980), The Wild, The Willing, The Innocent (1981), Mechanix (1982), Making Contact (1983), Misdemeanor (1985), Ain’t Misbehavin’ (1985), High Stakes & Dangerous Men (1992), Lights Out In Tokyo (1992), Walk On Water (1995), Werewolves Of London Live (1999), Covenant (2000), Sharks (2002), Live On Earth (2003), You are Here (2004,) Showtime (2005), The Monkey Puzzle (2006), The Visitors (2009), Seven Deadly (2012)

Traduction : Fabienne Brownswick



Metal-Impact. Seven Deadly sera dans les bacs le 27 Février 2012, comment s’est passée l’année 2011 pour vous ?
Paul Raymond. Nous avons beaucoup tourné et parcouru les Etats-Unis d’Est en Ouest. Ensuite on a commencé à travailler sur le nouvel album un peu avant les fêtes de Noël. Et enfin nous avons surtout beaucoup répété afin d’être prêts pour les sessions d’enregistrement. Le quotidien d’un groupe de Rock.

MI. Vous êtes, en effet, l'un des rares groupes Anglais à avoir percé aux Etats-Unis. En 1978, vous tourniez dans les stades, as-tu une explication à ce succès ?
Paul. [Rires] c’est parce que nous étions beaux ! Non, je plaisante. Je ne sais pas du tout... Nous étions jeunes et en pleine forme. Nous étions incroyables sur scène et on avait un guitariste génial du nom de Mickael Schenker. Tout ça a fait que c’était une période fantastique qui reste à jamais gravée dans ma mémoire !!!

MI. Il paraît qu'en 1978, AC/DC assurait la première partie de vos concerts sur la tournée US, est-ce exact ?
Paul. Oui c’est exact mais je crois que c'était plutôt en 1977 si je me souviens bien, et à l’époque il y avait Bon Scott au chant.

MI. Tu as pu passer quelques moments avec lui au cours de la tournée ?
Paul. Oui bien sûr, c'était un vrai pilier de bar, il buvait énormément de Whisky, alors tu penses bien qu'on a tout de suite sympathisé. Je ne sais pas comment il pouvait chanter après avoir ingurgité autant de Bourbon ! Finalement, c'est très triste ce qui lui est arrivé en février 1980. C’était un type adorable et je m’entendais à merveille avec lui, il était très drôle et prenait son petit-déjeuner avec un pur malt à quatre heures du matin ! J’aurais tellement de choses à raconter sur lui. C’était un grand bonhomme et un chanteur exceptionnel !

MI. Aimerais-tu assurer leur première partie sur leur prochaine tournée mondiale ?
Paul. Je ne pense pas, ils ont encore une première partie ??? [Rires] !!!! Je croyais même qu’ils s’en passaient depuis longtemps [Rires] ! J’aimerais plutôt tourner avec THIN LIZZY. Ca ferait une belle affiche pour tous les fans et qui serait dans le même style. Je suis sûre que les places partiraient comme des petits pains en Angleterre et que ça plairait aux fans.

MI. Tu as joué au Hellfest avec THIN LIZZY justement, près de Nantes, tu t’en souviens ?
Paul. Oui, on en garde un très bon souvenir. C'est vraiment un excellent festival. Mais c'est quand même spécialisé dans le Heavy Metal avec pas mal de Black Metal et de HardCore. A coté, nous on passe vraiment pour un groupe de Pop !!! [Rires]

MI. Finalement, l’enregistrement de votre nouvel album a été rapide. Il arrive deux ans après le précédent !
Paul. Tu trouves ? Moi pas. Dans les années seventies, on en sortait un par an. C’était le rythme normal pour un groupe de Rock, c’était même obligatoire !!!! Les maisons de disque t’imposaient des cadences infernales. Alors maintenant un album tous les deux ans c’est plutôt tranquille. Remarque, c’est sûrement parce qu’on vieillit. On est presque des retraités !!! [Rires]

MI. Quelle a été ta participation en terme d’écriture sur cet album ?
Paul. J'ai écrit les morceaux « Fight Night », « The Fear », « Year Of The Gun » et « Waving Goodbye ».

MI. J'aime beaucoup ce titre ainsi que « Angel Station » et « Burn your House Down ».
Paul. Que penses-tu de « Wonderland » ?

MI. Il est super puissant comme morceau. Il me rappelle un peu « Lights Out » !
Paul. Et « Waving Goodbye » ?

MI. C’est un bon morceau...
Paul. C’est une balade qui est basée sur un orgue avec une bonne sonorité et cette fois on m’entend bien et ça change tout. Le son est très seventies sur ce morceau. C’est ce que j’aime le plus sur ce titre. Il faut dire que Tommy Newton a tendance à faire disparaître les claviers au mixage. Je ne suis pas mis en avant, heureusement je joue aussi des parties de guitare, ça compense.

MI. Qui est votre bassiste maintenant, car il n'est pas mentionné sur la bio fournie avec l’album ?
Paul. Il s'appelle Lars Lehmann. C’est un musicien de studio. Il ne joue que sur l’album mais il ne sera pas avec nous sur la nouvelle tournée. C’est le bassiste de Sebastian Bach (ex SKID ROW) Rob De Luca qui nous accompagnera, ce n’est pas la première fois qu’il joue avec nous. Il a déjà assuré la tournée US en 2008 à la place de Pete suite à ses problèmes de visa. C’est dommage mais cette fois-ci encore, Pete Way ne sera pas de la partie mais il a toujours sa place au sein d' UFO.

MI. Tu as des nouvelles de lui ?
Paul. Il est assez mal en point !!! Il a toujours de très gros problèmes d’alcool à tel point qu’il ne peut plus jouer tellement il boit ! Quand tu le vois sur scène, ce n’est pas lui qui joue mais quelqu’un d’autre. C’est apparemment ce qui s’est passé sur la tournée MSG. C’est aussi arrivé avec nous. Il y a des soirs où il était incapable de monter sur scène. Alors à quoi bon ! C’est ingérable comme situation et ça peut mettre en péril l’existence même du groupe qui se doit d’assurer en tournée. Le plus important, c’est le show que nous donnons chaque soir ! Face à des cas comme celui-ci, tu es totalement impuissant. C’est une terrible maladie. Il faut attendre qu’il s’en sorte par lui-même et il fait tout pour. Il reste un élément essentiel du groupe et on aimerait tous qu’il revienne parmi nous. Nous sommes prêts de nouveau à l’accueillir dès qu’il sera rétabli ! Nous avons choisi de ne pas annoncer de remplaçant définitif pour lui laisser toutes les chances de revenir. C’est important qu’il sache que nous sommes là et qu’il peut compter sur nous quoi qu’il arrive.

MI. En fait, quand on regarde bien ta bio, on s’aperçoit que tu as commencé dans les années 60. Tu étais pianiste de Jazz et tu jouais avec un groupe nommé PLASTIC PENNY…
Paul. Oui, je m’en souviens très bien [Rires]

MI. Et vous avez sorti un sorti un 45 tours appelé « Eveything I am » qui a été ton premier hit ?
Paul. Exact, tu as bien appris ta leçon ! Et le batteur était Michael Hodson. Il était aussi très doué pour le chant, c’était un peu dans un style à la Steve Marriott. Se sont de très beaux souvenirs. Mes débuts professionnels, si on peut dire ça.

MI. Il y avait les BEATLES, les ROLLING STONES, LED ZEPPELIN. Comment était-ce en Angleterre à cette époque ?
Paul. On dit souvent qu'on ne peut se rappeler des années 60 si on y était pas. C'était une période incroyable. Il y avait bien sûr des guitaristes formidables qui étaient comme du sang neuf à l'époque, tel Jimmy Hendrix (personne ne jouait comme lui), CREAM et Eric Clapton au niveau blues. C’était une époque magique pleine de créativité où on découvrait tous un territoire vierge, où il fallait tout inventer. C’était un peu comme la découverte de l’Amérique par Christoph Colomb !

MI. Quelle est la différence avec maintenant ?
Paul. Rien n'est plus pareil maintenant que ce soit au niveau des tournées, des studios ou de l’ambiance générale, c’est un autre monde. Dans les groupes actuels il y a quand même MUSE que j’aime bien et j’adore le Free Jazz !!!
Par contre, je déteste le Death Metal et toute cette mouvance. Je n’aime pas non plus tous les groupes préfabriqués montés de toute pièce par les maisons de disque afin de faire un profit maximum. Par contre j’aime beaucoup aller voir des concerts Pop, certains me font totalement craquer. Comme tu peux le constater, je suis très éclectique.

MI. Je crois que tu as vécu huit ans au Japon ?
Paul. Exact, la culture et la nourriture sont totalement différentes. Mais j’aimais beaucoup. J’y ai repensé l’autre fois en regardant un documentaire à la télé et j’ai eu comme un manque surtout le quartier de Shibuya que j’adore. Les clubs à Tokyo sont vraiment bien aussi. J’ai passé du très bon temps là-bas.

MI. Tu te rappelles de l'album live que vous avez enregistré là-bas avec MSG ?
Paul. Ah oui. A cette époque j'habitais là-bas depuis longtemps. C'était en 1981.

MI. As-tu aimé cette période au sein de MSG ?
Paul. Oh oui. On était comme les BEATLES. Il y avait énormément de filles qui nous suivaient partout. On avait qu'à ouvrir la porte de notre chambre, on en trouvait pleins dans les couloirs de l’hôtel. Je peux te dire qu’on a bien profité. Ca a été une expérience incroyable qu’on a vécu là-bas ! On était très excessif, on croquait la vie à pleine dents.

MI. Tu as réalisé l'album live ainsi que le deuxième album studio de MSG. Toi qui as commencé en jouant du Jazz, comment en es-tu venu au Hard-Rock ?
Paul. Pour l'argent bien sûr !!! [Rires] Non, je plaisante. Ça a commencé avec un film documentaire que j’ai vu sur Chuck Berry et Keith Richards et une chanson nommée « Havana Moon ». Il y avait beaucoup de musiciens qui sonnaient assez Jazz au début des années 60 mais je savais qu'on ne se ferait pas beaucoup d'argent avec ça. Il y avait trois musiciens de Jazz qui dominaient la scène comme MANFRED MANN, (d'ailleurs je joue toujours du Keith Jarret), mais le Rock, c'était nouveau et je sentais que ça allait exploser dans le monde entier. C'était fort, dynamique et tellement plus puissant. J’ai tout de suite accroché. Maintenant avec mon background, je peux jouer des deux facilement et c’est ça qui est intéressant au final ; pouvoir se confronter à tous les styles musicaux, c’est fondamental pour un musicien.

MI. Tu as fait un album solo « Secret Life » qui est du Jazz, en fait...
Paul. Oui, c'est exact. J'ai grandi en écoutant du Jazz des années 50, comme Miles DAVIS ou BAKER, mais après, tout ce mouvement a évolué et c’est devenu au cours des années 60 une musique beaucoup plus complexe.

MI. Vous avez un invité spécial pour cet album ?
Paul. C'est moi ! [Rires] Alex -mon fils- a changé d’optique et a finalement opté pour la guitare. J'avais peur qu'il se destine à une carrière musicale, mais je crois que pour l’instant il a d’autres priorités.

MI. Quels conseils donnerais-tu à ton fils pour réussir dans la musique ?
Paul. Je lui dis en permanence de faire autre chose [Rires] Il fait des études de langues vivantes en université. Il parle couramment le Japonais et souhaite devenir interprète, ça me parait plus raisonnable que de faire de la musique d’une manière professionnelle. C’est un milieu très difficile où il faut se battre en permanence pour survivre financièrement et artistiquement parlant.

MI. Tu serais fier de lui s'il devenait musicien ?
Paul. Certainement, mais aujourd’hui la situation est différente et je ne suis pas sûr que la vie de musicien soit vraiment enviable ; il faut vraiment aimer ça ! Quand j’ai débuté on n’était jamais sans travail, on jouait en permanence que ce soit dans les clubs, les bars ou en studio, il y avait une énorme demande. Aujourd’hui c'est devenu tellement compétitif qu'il faut avoir un autre emploi à coté pour pouvoir survivre. C'est ce que je répète en permanence à mon fils et à mes deux filles.
L’ainée n’est pas musicienne et poursuit ses études, la cadette joue du piano mais rien ne dit qu’elle deviendra une artiste et qu’elle pourra en vivre décemment. Je la laisse faire son choix.

MI. Maintenant, avec les nouveaux systèmes numériques, il est facile d’enregistrer un album chez soi dans son propre mini studio. Ne penses-tu pas qu'il est plus facile de faire illusion pour un musicien avec ces techniques ?
Paul. Complètement et c’est le danger, il est impossible de se dire musicien après seulement six mois de pratique parce qu’on maîtrise bien l’informatique c’est ridicule. Mais c’est vrai qu’avec toutes les nouvelles techniques, on peut faire illusion. Personnellement, j'ai vraiment beaucoup étudié que ce soit la musique classique ou le jazz et j’ai énormément travaillé. Je peux te dire que même après 46 ans de carrière, je continue à m’améliorer et j’apprends continuellement, c’est sans fin.

MI. Au début, as-tu commencé par le piano ou la guitare ? Parce que tu joues des deux sur scène…
Paul. Le piano est mon instrument de prédilection.

MI. Et apprends-tu toujours quelque chose quand tu joues ?
Paul. A la guitare, je ne sais pas toujours ce que je joue, cela reste un mystère pour moi ! [Rires] Je trouve que c’est plus facile de composer à la guitare, le piano est un instrument assez compliqué et qui demande beaucoup de travail avant de le maîtriser parfaitement.

MI. J’ai lu que tu avais acquis un nouveau piano, qu’est-ce que c’est exactement ?
Paul. Non pas à ma connaissance, où as-tu lu ça …???

MI. Je crois l’avoir lu dans un magazine, tu collectionnes les pianos ?
Paul. Oui j’en ai beaucoup qui sont stockés dans un garage. J’ai un vieux KORG que l’on m’a donné, un Roller D50, et tout un tas de pianos qu’on n’utilise plus maintenant.

MI. Il t’arrive de les utiliser sur tes albums solos ou pour UFO ?
Paul. Oui, bien sûr j’aime bien innover et créer de nouvelles ambiances, surprendre un peu l’auditeur. C’est pour ça que j'ai utilisé un KORG sur certains morceaux de Seven Deadly. J’adorerais avoir un Steinway mais pour l’instant, ce n’est pas possible car ils sont vraiment très chers. Quand je vivais au Japon, j’avais un grand piano classique, et c’était un vrai plaisir.

MI. Pour finir, maintenant que l’album est terminé, dans quel état d’esprit es-tu ? Impatient ou comme à chaque fois ?
Paul. On est surtout pressés de partir en tournée, c’est ce qu’on aime par-dessus tout, jouer sur scène et rencontrer le public car c’est l’essence même d’un groupe de Rock.

MI. Combien de concerts as-tu fait dans ta carrière ?!!!
Paul. Depuis 36 ans ! [Rires] Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que je connais ma femme depuis bien moins longtemps !!! [Rires]

MI. Gardes-tu des souvenirs précis de tes tournées ou est-ce juste une impression générale ?
Paul. Pas tant que cela, on oublie beaucoup de choses mais parfois c’est mieux, crois-moi ! Récemment oui, mais avant, il y a quelques années on expérimentait pas mal de trucs alors les souvenirs sont parfois très vagues.

MI. Que préfères-tu : les festivals ou les concerts en salle ?
Paul. Les festivals, c’est plus facile pour moi que de jouer devant des gens tout près de la scène, c’est un point de vue personnel pour d’autres c’est l’inverse.

MI. Quand allez-vous jouer en France ?
Paul. Je me souviens avoir joué plusieurs fois à l’Elysée Montmartre et nous voulions y retourner encore cette fois-ci. J’adore cette salle mais j’ai appris qu’elle a brûlé, ça m’a attristé. Donc nous jouerons au forum de Vauréal le 15 Mai 2012 et on fera aussi une date à Cléon (La Traverse) le 7 mai 2012.

MI. Elle devrait rouvrir mais il n’y a pas de date prévue pour l’instant. Ils ne peuvent pas la détruire, elle fait partie du patrimoine national... Alors je te dis à bientôt, peut être avec une bouteille de vin et on trinquera car je crois que tu aimes bien le vin !
Paul. Formidable. Oui, c’est mon point faible. Je t’attends de pied ferme.

MI. Merci beaucoup pour cette interview, c’était très sympa.
Paul. Merci à toi, à bientôt.


Ajouté :  Lundi 26 Mars 2012
Intervieweur :  The Veteran Outlaw
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