MASTERPLAN (de-us) - Roland Grapow (Fév-2007)
Autant dire que ce troisième album, que l’on a coutume d’appeler l’album de la maturité, a été enfanté dans la douleur avec de nombreux problèmes personnels et musicaux, dont le départ de Jorn Lande et Uli Kush, membre fondateur de la formation, ne fut pas des moindres. Roland Grapow nous revient sur l’enfantement de MK II et sur son optimisme quant à l’avenir du groupe qui s’ouvre sous des bons auspices vu la qualité de ce troisième opus.
Line-up : Mike DiMeo (chant), Roland Grapow (guitare), Mike Terrana (batterie), Jan S. Eckert (basse), Alex Mackenrott (claviers)
Discographie : Enlighten Me (single – 2002), Masterplan (2003), Back for my Life (2004), Aeronautics (Album - 2005), Mk II (Album - 2007)
M-I Interviews du groupe : Jorn Lande (Jan-2003/VF-EV), Roland Grapow et Axel Mackenrott (Déc-2004), Roland Grapow (Fév-2007)
Crédit Photos : LudoPix.com
Metal-Impact. Depuis votre dernier album, deux membres importants du groupe ont quitté MASTERPLAN. Peux-tu nous en dire plus sur les raisons de ces départs ?
Roland Grapow. Jorn Lande (chant) nous a quittés en mars-avril de l'année dernière d'un commun accord. Il n'était plus satisfait de la direction prise par le groupe ; il préférait notre aspect rock, ce qui se rapprochait plus de ce qu’il développait dans ses propres albums solo, et il souhaitait approfondir cette voie.
Cela faisait deux ans qu'il était sur cette position et nous étions arrivés à un stade où cela devenait vraiment difficile de progresser ensemble. Nous nous sommes quittés en bons termes.
Nous avons tout de suite cherché un remplacement, ce qui n'était pas chose aisée, d’autant plus que nous étions déjà engagés dans un certain nombre de dates dans des festivals. Vu que nous ne trouvions pas de remplaçant, Jorn a eu la gentillesse d’assurer la transition et de rester à son poste de chanteur pour ces concerts.
En ce qui concerne Uli (Kush, batteur et membre fondateur du groupe), son départ fut nettement plus brutal, dramatique et négatif. Au mois de septembre 2006, il m'a envoyé un mail pour des histoires de business, d'argent, et je n'ai alors plus eu de nouvelles de lui que par manager interposé. Quelques jours après, il décidait de quitter le groupe. Il a par la suite engagé un avocat et j'avoue que cette histoire m'a mis un sacré coup au moral. D’autant plus que d'autres problèmes sont venus se greffer là-dessus. Il y avait une entreprise en Allemagne qui s'appelait Masterplan, impliquée dans le secteur de l'édition, notamment musicale. A la suite d'une fusion, j’ai été informé par les représentants de cette société que je n’avais pas le droit d'utiliser ce nom à moins de le leur acheter, ce que j'ai fait pour un montant non négligeable.
Dans le même temps, notre maison de disque au Japon a perdu foi en MASTERPLAN après le départ d’Uli, même si cela avait déjà commencé après le départ de Jorn. Lorsque je leur ai demandé une avance pour finir l'album, ils nous ont dit qu'ils n'étaient plus vraiment intéressés par la formation et qu’avant de débloquer quoi que ce soit, ils souhaitaient qu’on leur envoie une démo. Je me suis dit : « Qu'ils aillent se faire foutre ! ». Après tant d'années dans le circuit, tu as besoin de personnes qui te font confiance. La même année, mon père est décédé. Autant dire que c'était un peu too much.
Après le départ d'Uli, j'ai demandé à Mike Terrana s'il voulait bien nous donner un coup de main pour finir d'enregistrer l'album. Il a répondu : « Ok, mais pourquoi ne pas rejoindre carrément le groupe ? » J'étais surpris, vu qu'il était alors investi dans RAGE. C'est alors qu'il m'a annoncé qu'il allait bientôt quitter le groupe et qu'étant fan de MASTERPLAN, il aurait été très heureux de rejoindre nos rangs et j'ai bien entendu dit oui. C'est un vieil ami à moi, cela fait une dizaine d'années que je le connais. Il m'a accompagné sur mon projet solo, nous avons fait une tournée ensemble, je connaissais donc ses qualités, tout en sachant que c'était quelqu’un sur qui on pouvait compter.
MI. Comment es-tu rentré en contact avec votre nouveau chanteur, Mike DiMeo ?
Roland. En réalité, je ne le connaissais pas à la base. Fin juillet-début août 2006, il m’a contacté sur MySpace. A l’époque, je recherchais encore un remplaçant pour Jorn. Nous avons commencé des fichiers audio sur nos prestations respectives et j’ai tout de suite accroché à sa voix qui a des intonations Blues, comme celle de Jorn. Je pense que ce style de voix correspond mieux à MASTERPLAN qu'une voix plus typée Heavy Metal. Je lui ai alors proposé de rejoindre le groupe. Je lui ai envoyé un titre, « Killing In Time », pour le tester et tout le monde, dont Uli, a été satisfait de sa performance.
MI. En quoi ces changements de line-up ont-ils influencé la composition de MK II ?
Roland. La majeure partie de l’album a été composé avec Jorn et Uli, l’essentiel ayant été écrit en janvier-février 2006.
Quand UIi est parti, il m'a demandé si je souhaitais garder ses compos pour l’album, je lui ai dit que non, à l'exception d'une seule, « Masterplan ». J'ai alors réalisé que nous n'avions pas assez de morceaux et je voulais vraiment composer un bon album. J'ai donc demandé à Jan et Axel de me rejoindre dans mon studio en Slovaquie.
Nous avons travaillé dix jours en studio et Axel a vraiment composé de bons titres, comme « Enemy », « Watching The World » ou encore « Keeps me Burning », qui est ma favorite.
Quand je parle de composition, je tiens à préciser que je n'entends que la partie instrumentale, et non les paroles.
Sur cet album figure également un titre écrit par un ami suédois, fan de MASTERPLAN. A la base, Uli ne l'aimant pas, nous l’avions mis de côté. Mais à son départ, nous avons décidé de le réintégrer puisqu’il convainquait tout le monde : il s'agit du titre « Lost And Gone ».
MI. Quelle était la participation de Mike à l'écriture de MK II ?
Roland. Il a écrit tous les lyrics à l'exception de « Lost And Gone ». Quant au titre « Masterplan », c'étaient Uli et moi qui en avions eu l'idée et je lui ai donc dit l'orientation que nous voulions pour les paroles.
Dans 60-70 % des cas, nous avons également retravaillé les mélodies qu'il nous proposait, car, à mon avis, elles sonnaient trop RIOT et nous voulions plus leur donner le style MASTERPLAN.
MI. Peux-tu nous en dire plus sur les thèmes développés par DiMeo ?
Roland. Ils sont globalement assez positifs. DiMeo, lorsqu’il a écrit ses textes, avait en tête la situation du groupe, celle du renouveau, d’un nouveau futur.
D'autres n’ont bien entendu rien à voir avec cette idée. C’est le cas par exemple de « Call The Gypsy », qui traite vraiment des tziganes. DiMeo est très intéressé par cette culture et pour ce titre, il s’est en particulier inspiré d'une de leurs cérémonies, selon laquelle, lorsqu’une personne décède, une sorte de fête est célébré en présence du défunt dont les yeux sont recouverts d'une pièce. Un tel texte était d'autant plus intéressant qu'il y a beaucoup de tziganes en Slovaquie.
MI. Quelle est la signification de ce titre, MK II ?
Roland. MK II est l’abréviation de Mark 2. Ce titre symbolise pour nous un nouveau line-up, un nouveau départ.
MI. Concernant la pochette, qu’est-ce qui vous a amenés à choisir quelque chose d’aussi massif ?
Roland. J'ai toujours eu le sentiment qu'il manquait un logo pour le groupe. Nous devions le faire dès la sortie du premier album, c’est d'ailleurs la signification du symbole à l'intersection des quatre saisons mais qui, pour le coup, n’était pas terrible. Pour tout ce qui est merchandising, nous avions également besoin de quelque chose qui symbolise le groupe et lui assure une certaine continuité. Quelque chose qui ne soit pas trop kitch, surtout à mon âge, sinon je ne le porterai pas sur moi. Avoir ce symbole sur le bras pour les membres du groupe, je trouve ça plus sympa qu'un truc à la HAMMERFALL qui n’est vraiment pas ma tasse de thé.
Tel était le sens des directives que j'ai données à notre designer, Thomas Ewerhard, qui avait travaillé sur les pochettes précédentes du groupe.
MI. « Lost And Gone » sera le premier single à être extrait de l’album. Pourquoi ce choix ?
Roland. Pendant la phase d’enregistrement, le label m’a demandé si j’avais un titre susceptible de servir de support pour un clip qui devait être tourné deux jours seulement après le mixage de l’album. J’avais également proposé « I’m Gonna Win » et « Take Me Over » mais c’est donc « Lost And Gone » qui a été retenu. La vidéo figurera sur le single, de même qu’une interview du groupe.
MI. Vous allez bientôt partir en tournée (ndr : cette interview a été réalisée début février 2007) avec SAXON et ROSE TATOO. Te considères-tu toi-même comme un vétéran de la scène, comme le gardien d’un certain esprit Metal ?
Roland. En fait, pour ce qui est de cette tournée, ROSE TATOO ne sera avec nous que sur 9 dates. Pour le reste, est-ce que je me sens comme un vétéran ? En termes d’âge, oui, sans doute, mais pas en termes d’expérience. J’ai commencé tard : il faut savoir que lorsque HELLOWEEN m’a proposé de les rejoindre, j’avais 29 ans. A cet âge, certains musiciens ont déjà sorti une dizaine d’albums. Etre entré tard sur la scène est aussi ce qui me permet de continuer à m'améliorer alors que d'autres musiciens de mon âge sont eux sur la pente descendante.
Je n’ai pas pour prétention ni pour intention d’être le gardien d’un certain esprit Metal. Ce qui m'intéresse, c’est d'abord faire ce que j'ai envie de faire. Seul mon jeu de guitare perpétue peut-être cet esprit Metal. Par exemple, un titre comme « I'm Gonna Win », sans les guitares, sonnerait totalement différent.
Je n'ai d'ailleurs jamais été un métalleux pur et dur. Je me suis toujours senti plus proche de la scène mélodique et rock des 70s. Pendant longtemps, j'ai été fan de groupes que les métalleux n'aimaient pas comme TOTO, FOREIGNER, JOURNEY, STYX. Je trouve que ses racines se ressentent dans ma musique même si j'ai poussé dans la direction Metal. Question Metal, je suis un grand fan de JUDAS PRIEST, SCORPIONS mais par contre, je n'ai jamais été fan d'ACCEPT par exemple. J'aime également RAMMSTEIN, BLACK SABBATH…
MI. Puisque nous parlons musique, si tu devais choisir 3 albums pour emmener sur une île déserte, quel serait ton choix ?
Roland. Le black album de METALLICA, même si je ne suis pas fan à proprement du groupe pour autant, Mutter de RAMMSTEIN et No More Tears de OZZY : j'adore le morceau qui a donné son titre à cet album. Je crois avoir cité trois albums de Metal : comme quoi, je suis un fan finalement.
MI. Continuons dans le jeu des listes : si tu devais choisir 3 guitaristes qui restent à tes yeux des modèles, lesquels seraient-ils ?
Roland. Michael Schenker (SCORPIONS), Uli Roth et pour le troisième, il m’est difficile de choisir entre John Sykes (THIN LIZZY, WHITESNAKE) et Zakk Wylde. Par contre, je ne suis pas fan des Joe Satriani et autre Steve Vai. Pour moi, Steve Vai avec son tapping, joue du clavier sur sa guitare. Ce qui est important pour moi, c'est le feeling avec son instrument comme pouvait l'avoir Jimmy Hendrix...
Et oui, il ne faut pas oublier ses fondamentaux... C’est sur ces noms de légende que se clôt notre entretien avec sieur Grapow.
Ajouté : Jeudi 19 Avril 2007 Intervieweur : Le Comte de la Crypte Lien en relation: Masterplan Website Hits: 16998
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