WAITING FOR THE MAN : Histoire Des Drogues & De La Pop Music (2008)
Auteur : Harry Shapiro
Traduction : Gaëlle Erkens
Langue : Français
Parution : 7 février 2008
Maison d'édition Française : Camion Noir
Nombre de pages : 544
Genre :
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2910196682
ISBN-13 : 9782910196684
Je me permettrais en préambule un avertissement à l’acheteur potentiel de cet ouvrage. Si vous cherchiez, en achetant ce livre, à vous procurer un bréviaire sur la Rock Music, les drogues, l’alcool et autres substances délicieusement grisantes, tels qu’ils sont d’ordinaires présentés, passez votre chemin. Ici, pas de cas par cas d’artistes cultes dézingués par les opiacés et dérivés, pas de photo racoleuse, mais plutôt une analyse concrète et diablement pointue sur les relations intrinsèques entre les matières illicites, leur histoire, et la musique en général.
L’auteur, bien connu pour ses pérégrinations littéraires sur ce sujet si vaste, nous offre un gigantesque panorama pharmaceutique, associé de manière habile à plusieurs courants musicaux bien distincts dans l’espace, le temps, et le style.
La lecture est ardue pour tout fan de bibliothèque Rock. L’écriture est académique, la mise en place classique, et plus digne héritière de la longue lignée séculaire des essais de société que de la lecture récréative.
L’aspect rebutant pour le non initié se trouvera surtout au niveau du souci de précision le confinant parfois à l’obsession, avec une énumération de trouvailles de chimistes plus où moins bienveillants qui parfois, peut sembler un poil rébarbative. Mais si l’on fait l’effort de dépasser ce simple niveau, on découvre alors un livre passionnant, pointu, informatif.
Mais je ne vous cacherai pas non plus, chers lecteurs de Metal-Impact, que Waiting For The Man, n’a qu’un lointain rapport avec votre musique préférée.
Certes, on y fait de temps en temps référence à LED ZEPPELIN (dont les tournées prenaient le plus souvent l’apparence d’un film de Pasolini), à Paul KOSSOFF et FREE, voire à GUNS N’ROSES, mais c’est tout, et sur un total de 544 pages, c’est assez maigre.
Mais on parle de Blues, de Jazz, de Punk, de Rock, et ça, c’est toujours intéressant pour qui veut bien ôter ses ornières. On découvre, sans réelle surprise pour qui connaît un peu le sujet, que les Jazzmen étaient de furieux consommateurs de coke et d’héro, mais surtout, à quel point ces diverses addictions leur ont gâché la vie, d’un point de vue médical tout d’abord, mais aussi professionnel. Que les ravers sont bien évidemment fans d’Ecstasy et de Poppers, que les Punks, comme leurs grand frère les Mods ne crachaient pas sur les amphés et l’Héro, et que les Rockeurs avaient un don inné pour combiner la poudre et le liquide fort.
Quelques destins funestes sont abordés, celui de Charlie PARKER bien sur, Paul KOSSOF, Billie HOLIDAY, mais une autre facette captivante de ce livre, est que l’auteur aborde tous les aspects du business de la musique, et parle donc des gens de l’ombre, managers, roadies, PR’s, et surtout, pique-assiettes de génie qui ont su, sans le moindre talent musical, se faire une place au soleil de certaines étoiles.
L’ouvrage est de même fortement teinté d’histoire, et les climats sociaux de différentes époques (des tensions raciales des années 30-60 aux Etats-Unis, à la grande crise des années 70-80 en Angleterre) sont abordés sous divers angles pour une meilleure compréhension. Ainsi, de fréquentes références à des organes gouvernementaux anti drogues, et à des décrets en découlant parcourent Waiting For The Man d’un bout à l’autre. Mais loin d’être ennuyeuses, elles enrichissent le livre et permettent de comprendre un peu mieux tout le climat de paranoïa qui pouvait entourer le monde de la Rock music, et de la politique.
Mais en lisant ce livre, qui ne se veut pas pamphlet anti-drogues, mais simplement source d’information (après tout, comme le dit si bien l’auteur, « Combien de gens arrêtent de fumer pour de bon après avoir vu un documentaire sur le cancer du poumon ? »), on reste parfois pantois devant l’acharnement des artistes à ruiner leur vie, pourtant enviable sur bien des points.
On reste aussi stupéfait de découvrir que la plupart de ces substances chimiques ont été conçues comme médicament la plupart du temps, et dont les brevets ont été déposés par les plus grands laboratoires pharmaceutiques.
Il n’en reste pas moins que Waiting For The Man est un ouvrage indispensable à tous ceux qui souhaitent se faire une idée plus précise des relations amour/haine entre le show business et les drogues diverses.
Je laisserai le mot de la fin à la grande Billie HOLIDAY, constat triste et amer, mais tellement juste :
« C’est comme ils disaient, y’a pas de business comme le show business. Il fallait sourire pour s’empêcher de vomir. »
Ajouté : Vendredi 22 Janvier 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Noir Website Hits: 37333
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