LESSEN (FRA) - Thomas H. et Lambert P. (Aout-2016)
LESSEN est un groupe énigmatique. Des interprètes dissimulés derrière l'initiale de leur nom, un site internet elliptique, comme si le seul moyen de les découvrir consistait à écouter leur musique. Mais c'est bien suffisant et on a tôt fait de comprendre que ces cinq montpellierains n'ont pas besoin d'en faire des caisses pour attirer le public, leur musique parlant bien assez clair pour servir leur propos. Cependant, à l'arrivée d'un nouveau disque, deux ans après le debut album A Redemptive Decay, l'équipe de Metal-Impact a souhaité en savoir un petit peu plus sur les personnalités qui se dissimulent derrière ces initiales et sur les intentions du combo.
Line-up : Thomas H. (Basse), Cyril M. (Guitare), Lambert P. (Chant), Audrey G. (Batterie), Fabrice P. (Guitare)
Discographie : Dazzling Ashes (EP - 2013), A Redemptive Decay (Album - 2014), A Nebulous Being (Album - 2016)
Metal-Impact. Pour commencer, peux-tu nous présenter LESSEN : histoire du groupe, qui en est à l'origine, comment et quand s'est stabilisé le line-up ?
Thomas. LESSEN est un projet que j'ai monté avec Cyril (guitare) en 2012, nous étions tous les deux issus d'univers un peu différents mais assez motivés à l'idée de monter un projet de Metal moderne et d'y intégrer une touche "post", registre que j'ai fait découvrir à Cyril qui a de suite accroché et s'est senti de tenter ce mélange de genres. Il nous aura fallu que quelques mois pour trouver le line-up actuel avec donc par ordre d'arrivée, Lambert au chant, sur annonce tout simplement tout comme Audrey à la batterie et enfin Fabrice à la guitare, qui connaissait déjà Audrey personnellement.
Rapidement, nous avons travaillé pour sortir un premier EP auto-produit début 2013 qu'il nous a été également possible de défendre sur scène dans la foulée. Le rythme s'est intensifié jusqu'à sortir notre premier album A Redemptive Decay en Avril 2014 chez Send The Wood Music et distribué par Season Of Mist puis d'enchaîner sur une grosse tournée nationale de promotion de celui-ci.
Depuis nous avons continué à écumer les scènes hexagonales et travaillé sur notre nouvel opus.
MI. Avez-vous toujours joué du Post-Hardcore ? Qu'est-ce qui vous a amenés à ce style et comment le définissez-vous ?
Thomas. L'idée du groupe a toujours été de mélanger Metal Moderne et Post Rock/Post Hardcore, mais il nous a fallu du temps avant de maitriser ses gimmicks, de s'inspirer du genre et surtout d'arriver à "postiser" de plus en plus des combos très Metalcore au départ.
Ce registre je l'ai vraiment découvert au travers de la scène anglaise des années 90 autour de MAHUMODO et plus largement SHELSMUSIC qui a donné entre autres la formation de DEVIL SOLDS HIS SOUL, une grosse influence de nos débuts, mais aussi via les classiques du genre comme CULT OF LUNA, NEUROSIS, ISIS, etc. Cette idée d'amener ce côté progressif, ambiant voir planant avec ses riffs types et envolées de guitare à du Metal actuel nous a vraiment botté avec Cyril.
MI. Est-ce que l'étiquette Post Hardcore suffit à définir la musique de LESSEN ? Dans le cas contraire : comment qualifieriez-vous votre son actuel ?
Thomas. A vrai dire, l'étiquette Post Hardcore nous dérange presque. En effet aujourd'hui le terme a été tellement déformé qu'il ne veut plus rien dire ! Quand on voit des groupes presque pop Metal, sans aucune ambiance ni scream se définir Post Hardcore, on se dit que cette étiquette est vraiment loin de nous, ou du moins que nous n'avons pas la même définition du genre... Nous avons donc l'habitude de nous qualifier de Postcore Progressif, pour éviter déjà le terme Post Hardcore trop générique mais assumer ce côté Metal Moderne, donc "core", et insister sur la construction de nos morceaux, plus Progressive que Hardcore.
MI. Comment analyses-tu le chemin parcouru par LESSEN entre la publication de votre debut EP, Dazzling Ashes en 2013 et votre deuxième album, A Nebulous Being ?
Thomas. Nous sommes contents de notre parcours, nous avons eu la chance de faire beaucoup de choses, très rapidement et en très peu de temps. En à peine 4 ans, avoir un EP et deux albums, plus de 50 dates à travers tout le pays et reçu un accueil favorable par la presse web et papier c'est une vraie fierté pour nous !
MI. Combien de temps vous a pris la conception de ce nouveau projet ? Et combien de temps ont pris l'enregistrement et la production ?
Thomas. Nous avons commencé à nous pencher sur ce nouvel album à la fin de l'année 2014 je dirais, avant même qu'un seul riff soit écrit j'ai eu en tête d'orienter cet opus autour des nébuleuses, que je trouvais très graphiques et abstraites, totalement opposé à l'humain et tout ce qui il y a autour de palpable pour nous, ce qui amenait aussi un aspect presque religieux, une représentation de dieu en un sens. J'avais donc trouvé le nouveau thème paradoxal de LESSEN, après le déclin rédempteur, l'être nébuleux !
Comme le premier album, celui-ci a été composé et enregistré en pre-prod sur la durée, tout au long de l'année 2015 jusqu'à il y a très peu de temps en fait ! Toute la partie studio s'est étalé sur 2 bons mois, le master en début d'été et le pressage dans la foulée. Nous avons pris le parti de faire confiance à nouveau au Benhanced Studio pour les prises et le mix, ainsi qu'à l'Upload Studio pour le master, avec qui nous avions déjà travaillé sur le premier album car le côté humain reste très important pour nous, au-delà de faire travailler les acteurs locaux et on ne change pas une équipe qui gagne comme on dit !
MI. A Redemptive Decay rassemblait des chansons écrites à différentes époques de LESSEN et souffrait parfois d'un manque de cohérence. Ce n'est pas le cas de A Nebulous Being qui est beaucoup moins éclectique, à quoi est-ce dû selon toi ?
Thomas. Effectivement, avec le recul nous sommes les premiers à dire que ce premier album sonnait presque comme une compilation mais comme tu le dis si bien, ses morceaux ont été composé sur une période étendue où on avançait un peu à tâtons sur notre registre.
C'est sûrement parce que nous sommes conscients de ça que nous avons cherché à rendre le nouvel album plus cohérent mais aussi avec l'expérience, les nombreux groupes du genre découverts depuis et une vision plus définie de la voie à suivre musicalement parlant.
MI. Votre chanteur, Lambert, a annoncé qu'il quitte LESSEN, il a cependant participé à la construction et à l'enregistrement de A Nebulous Being, comment avez-vous géré la transition avec son remplaçant ? A-t-il également participé à l'enregistrement ?
Thomas. Lambert nous avait annoncé il y a déjà pas mal de temps son intention de quitter la formation, ce qui nous a permis de pouvoir prendre le temps pour gérer cette transition justement et cela n'a eu aucun impact sur son travail depuis sur l'écriture de l'album. Il a en effet enregistré intégralement le chant sur le nouvel album mais celui-ci sera défendu en live par son remplaçant hormis pour nos deux prochains concerts, dont la release party sur Montpellier qui seront montés avec un set à deux chanteurs.
MI. Sur cet album, vous avez enregistré plusieurs passages en chant clair et même quelques parties narratives, on dirait même que plusieurs interprètes ont pris le micro, qu'avez-vous cherché à apporter à votre son avec ces variations ?
Lambert. Depuis le début de LESSEN on tenait à avoir des vocaux variés. Un seul type de scream ou de chant sur un album pour nous c'est trop monotone... Et puis tout simplement en tant que musiciens on évolue, dans la technique et la composition, ainsi que dans nos influences, ça incite à essayer de nouvelles choses. Et en tant que chanteur dans un tel style, je pense que ma voix doit servir le morceau. Sur chaque morceau, chaque passage, je pose ce qui me vient, ce qui me semble approprié. Je n'ai pas rajouté du chant clair pour adoucir notre musique ou augmenter notre auditoire, mais parce que certains passages m'ont automatiquement inspiré ça.
MI. Comme A redemptive decay, A Nebulous Being est habillé d'un très bel artwork en noir et blanc. Avez-vous travaillé avec le même graphiste pour les deux albums ? Comment s'est passé le travail pour concevoir ce visuel ? Renvoie-t-il à un morceau en particulier ?
Thomas. Nous avons travaillé avec un autre graphiste que le premier mais l'artwork était déjà relativement défini et il a su transposer l'idée avec nos directives. J'avais l'idée d'un visuel proche du définitif au départ et Lambert a proposé des idées nouvelles liées aux textes, notamment celui du morceau d'ouverture mais au final l'artwork englobe le concept de l'album et de son titre avec cette forme humanoïde au sein d'une nébuleuse.
MI. Votre premier album a reçu un accueil critique unanimement favorable. Comment avez-vous vécu cette reconnaissance ? Est-ce que cela vous a mis un peu plus de pression pour la suite ?
Thomas. Nous avons été très agréablement surpris des chroniques du premier album car en effet toutes positives ou alors encourageantes pour la suite. Cela crée toujours une pression de proposer de nouveaux titres car on prend forcément une direction au détriment de certains éléments, nous espérons que cela jouera en notre faveur mais dans tous les cas ce nouvel album nous ressemble vraiment.
MI. Tenez-vous compte des critiques de la presse et de votre public dans l'évolution de votre musique ou au contraire privilégiez-vous le feeling et vos aspirations artistiques (lorsque les uns et les autres ne sont pas compatibles) ?
Thomas. Bien sûr que nous en tenons compte, c'est toujours enrichissants de recueillir des avis extérieurs et plus il y en a mieux c'est ! Nous avons retenu justement ce manque d'uniformité qui a été soulevé plusieurs fois mais aussi les éléments plébiscités pour tenter de les garder dans ces nouvelles compositions même si il nous parait important de proposer une musique qui nous correspond et que l'on estime en raccord avec l'évolution de nos inspirations actuelles.
MI. Etre un groupe Metal à Montpellier, est-ce plus difficile qu'ailleurs en France ? Qu'est-ce qui est le plus difficile pour vous en tant que groupe ?
Thomas. Je ne pense que ce soit plus difficile qu'ailleurs, notre situation géographique nous permet de couvrir une bonne partie du territoire sans trop de soucis et la relative proximité avec l'Espagne ou même l'Italie permet de jouer à l'étranger sans trop souffrir de la logistique, notre venue dans ces pays est d'ailleurs déjà prévue pour les dates de fin d'année de promotion de l'album.
En tant que groupe le plus difficile reste bien sûr de gérer les individualités et ce que cela peut engendrer en terme de disponibilité, moyens financiers, etc. Mais à partir du moment où nous vivons le projet chacun fait toujours de son mieux pour permettre au projet de vivre le plus de choses possibles.
MI. Quels sont les groupes de Metal actuel dont vous vous sentiez artistiquement proches ?
Thomas. Nous avons rencontré pas mal de groupes en France avec qui nous avions cette impression de proximité artistique mais si nous devions nommer des formations en dehors de nos influences et parler un peu de la scène nationale je dirais en tout humilité YEAR OF NO LIGHT, HYPNO5E ou encore REGARDE LES HOMMES TOMBER, même si déjà ces trois-là sont assez différents les uns des autres en somme !
MI. Tu as participé au Hellfest en juin dernier, quels ont été tes trois coups de coeur et tes trois déceptions ?
Thomas. Les autres membres du groupe n'ont hélas pas pu assister aux concerts du Hellfest et comme je n'arriverais pas à en nommer si peu je vais pouvoir me lâcher ! BLACK SABBATH avec nostalgie, HATEBREED pour ce défouloir mêlé à cette bonne humeur, DROPKICK MURPHYS pour l'ambiance, ABBATH et DARK FUNERAL pour mon côté sombre puis FALLUJAH et HAVOK que je découvrais en live et qui m'ont mis une sacrée claque ! Et parce que cela m'a rappelé mes jeunes années de métalleux, KILLSWITCH ENGAGE !
Niveau déceptions, BRING ME THE HORIZON avec une prestation honteuse de bout en bout, AUGUST BURNS RED que j'ai eu l'habitude de voir plus en voix sur les concerts précédents et enfin GOJIRA que je voyais en live pour la première fois et dont j'attendais peut être trop...
MI. Dans la scène Metal, quels sont les groupes qui vous font vibrer ?
Thomas. Sur les sorties récentes, le dernier CULT OF LUNA qui a l'originalité d'être chanté par Julie Christmas et le dernier DEAFHEAVEN, encore plus osé dans ce côté Crossover autour du black !
MI. Quelque chose à ajouter ?
Thomas. Tout d'abord un grand merci à toi et Metal-Impact pour l'intérêt que vous avez pour nous, merci à tous ceux qui nous suivent de près ou de loin et avis à tous les métalleux, soutenez la scène, allez voir les concerts, des plus petits aux plus grand shows car ce style n'existe que grâce à vous !
Ajouté : Dimanche 25 Septembre 2016 Intervieweur : Rivax Lien en relation: Lessen Website Hits: 5816
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