TUSKO (usa) - Tusko (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 19 septembre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Post Progressif
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 32 Mins
Restons donc aux Etats-Unis, mais migrons de Denver à Pottsville, Pennsylvanie, pour traquer d'autres furieux qui n'ont pas grand chose à envier à leurs aînés.
Si les TUSKO se réclament du progressif, admettons en principe de base qu'ils sont avant tout fondamentalement Mathcore et Post Hardcore, avec certes une bonne emphase sur l'évolution de leurs thématiques.
Mais ce sont eux qui se décrivent le mieux, en une formule grivoise, ironique et lapidaire :
"THE DILLINGER ESCAPE PLAN et SOUNDGARDEN qui se fistent mutuellement pour savoir qui aura le dernier bout d'acide".
C'est péremptoire, pas très élégant, mais ça décrit assez bien l'univers du quintette. Ce quintette, c'est Jim Thomas, Shane Flail, Brandon Foti, Samule Grim et Erin Linderman, qui s'égosille au chant de sa voix criarde et stridente.
Le reste ? Le B-A.BA du Mathcore bruitiste et implacable, des rythmiques échevelées, des riffs déconstruits, et des bases vocales abrasives, écorchés et déchaînées. Six morceaux, dont trois qui prennent leur temps, sans s'embarrasser de politesses inutiles.
Et à la manière d'un DILLINGER qui débutait son Miss Machine par un "Panasonic Youth" direct et apocalyptique, TUSKO entame les hostilités avec "Checks And Balances" à peine moins véhément, à l'impact légèrement atténué par une production plus sourde que celle de l'album de Ben & Co. On tombe direct dans les sables mouvants, avec gestes amples et inutiles pour s'en sortir, mais le quintette s'amuse beaucoup de nous voir bouger comme un beau diable, et nous fait même croire qu'on peut encore s'en sortir. Plage calme avec guitare toute en aigus subtils, riff franc en arrière plan, avant de nous enfoncer la tête encore plus en reprenant ses ardeurs Math.
Ca calme ? Oui. Parce que c'est classique mais pas vraiment, parce que c'est puissant mais sournois, et surtout parce que cette voix complètement hystérique empêche toute réflexion.
"Skook" reste sur la même trame, sauf que le morceau la tend sur plus de sept minutes. Les idées se télescopent à vitesse grand V, et effectivement, l'emprunte de SOUDGARDEN devient plus perceptible, mais celui des débuts, d'Ultramega OK, pour ces mélodies maladives et cette tension palpable. D'ailleurs, dans ces moments là, la voix d'Erin prend les intonations de Chris lorsqu'il se prenait pour un Jésus en pleine crucifixion. Puis retour à la case DILLINGER, version Calculating Infinity, avec guitares élimées et rythmique instable MAIS précise. Ca ralentit, ça s'écroule, et pourtant ça repart de plus belle, avec une ligne de guitare presque digne de l'héritage College Rock des années 80. Surprenant, mais diablement séduisant...
"Answers" reprend les débats de plus belle et débute en fanfare sur une belle syncope générale, avec un chant qui se calque sur une rythmique en échauffourée. La voix atteint une fois de plus les limites de la stridence, évoquant les miaulements d'un chat à qui on piétine la queue, et la structure du morceau ne se stabilise pas plus que sur les deux efforts précédents.
"Stripper Tits" et son titre finaud n'arrange rien au problème et semble même accumuler encore plus de pistes différentes. Cette voix ci, le filet d'Erin se veut plus doux et sensuel, comme pour épouser la thématique, et nous avons même droit à un intermède presque Néo, avant qu'elle ne se rappelle de temps à autres qu'elle est là pour nous vriller les tympans.
"R.E.M.ember" et son savoureux jeu de mot n'invoque pas vraiment l'esprit de Michael Stipe, et ne fait pas de détour par Athens. Encore une fois, même principe, valse hésitation entre Mathcore dru et Néocore alternatif, alors que les guitares se permettent même quelques inflexions Néo Thrash, voire Death. Mais on constate quand même qu'Erin à un très joli filet de voix quand elle chante...
En guise d'adieux, "Sun As A Weapon" décoche un riff cinglant et redondant, qui cette fois tombe complètement dans le Néo Thrash, alors que le chant suscite quelques interrogations Rrriot Girl très légitimes, un peu comme si GOJIRA trempait son biscuit dans la tasse des BIKINI KILL, en, toute indiscrétion. Quel groupe étrange décidemment, mais il émane de ces chansons somme toute assez similaires un charme indéfinissable, qui fait qu'on reste collé à son casque.
Pour savoir si madame Linderman va oser aller encore plus loin par exemple... Mais ce dernier morceau n'en oublie pas pour autant les plans de funambule, et le break central complètement halluciné, avec incantations cauchemardesques d'une Kate Bush sous acide nous renverse encore un peu plus...Est on vraiment sur de ce que l'on vient d'entendre.
Oui c'est un foutoir, un ballet sous acides, plus proche en effet du Mathcore dézingué des DEP que des errances psychotiques de SOUNDGARDEN, mais l'effet est assuré, et l'originalité pointe souvent le bout de son nez. Pour une synthèse rapide, ingurgitez "Sun As A Weapon", le morceau le plus foutraque du lot, mais sinon, l'intégralité du EP est aussi une option, viable, ou pas...
De la fureur, de la rage, du bruit, des éructations à la limite de la souffrance morale et physique, voici ce qui vous attend avec TUSKO.
Essayez de fumer le CD, peut être que son impact sera encore plus grand...
Ajouté : Jeudi 03 Mars 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Tusko Website Hits: 8300
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