LOTSAGABE (FRA) - Arnaud Cochet, Pierre Balacey et Ibes Gragirena (Mars-2015)
LOTSAGABE (prononcez "tch" et "bé" svp) est un quatuor basque qui tourne en local depuis 2007 mais vient seulement de sortir son premier EP. Le trio s’est vite transformé en un quatuor solide qui fait résonner un son lourd et bien rythmé. Leur musique est le fruit d’influences diverses, à la croisée desquelles se tisse un Metal alternatif plutôt compact. Bonne portée ! Pierre, Ibes et Arnaud étaient là pour répondre aux questions de Metal Impact le 6 mars 2015, quelques heures avant de partager avec LOFOFORA la scène de l’Atabal à Biarritz.
Line-up : Ibes Gragirena (batterie), Kepa Gragirena (guitare), Arnaud Cochet (basse et voix), Pierre Balacey (guitare et voix)
Discographie : Lotsagabe (EP - 2015)
M-I Interviews du groupe : intitulé
Crédit Photo : LudoPix.com (Retrouvez d'autres photos sur ce lien)
Metal-Impact. Ce n'est pas tous les jours qu'on fait une interview avec un groupe basque… J'en suis ravie. Mais est-ce qu'on peut quand même faire l'interview en français ??
Arnaud Cochet. Oui... [Rires]
MI. Okay, ouf.
MI. Le nom du groupe signifie, je crois, "sans vergogne" ou "sans scrupules" par contraction ?
Arnaud.
Pierre Balacey. "Lotsa gabe" détaché, cela veut dire "sans honte", mais le mot entier existe aussi. Ça signifie "intrépide".
Ibes Gragirena. Le mot existe vraiment, on ne l'a pas inventé.
MI. Mais qu'est-ce que cela signifie pour vous, précisément ? Qui a trouvé le nom du groupe ?
Arnaud. Ça remonte à loin...
Ibes. En fait, le nom du groupe, on n'y attachait pas tellement d'importance à la base. On l'a choisi assez vite.
Pierre. Oui, parce qu'en fait, quand on s'est rencontrés et qu'on a décidé de former le groupe, en moins d'un mois il a fallu se préparer à assurer un premier concert... On a eu l'occasion d'avoir une date, sauf qu'on n'avait jamais joué ensemble ! Donc on a fait tout ça en un mois... Il fallait trouver un nom pour le groupe mais surtout une setlist (sans perdre de temps).
Arnaud. Du coup, le nom n'était pas forcément le plus important à ce moment-là.
MI. OK, je comprends...On trouve par ailleurs peu d'infos sur le groupe sur la toile.
Arnaud. Oui, presque rien, en fait...
MI. Il y a quand même quelques pages et j'ai fini par trouver un ou deux morceaux dispos en ligne. Est-ce un choix de votre part de privilégier un contact plus direct avec votre public, plus "intime" peut-être ?
Arnaud. Non, ce n'est pas vraiment un choix, mais c'est quelque chose qui va se faire petit à petit.
Ibes. C'est vrai qu'on ne garde pas beaucoup de traces de nos concerts, surtout au niveau des films... Mais le plus important, c'est que maintenant on a l'EP.
MI. Oui, justement, parlons-en. On trouve peut-être peu de choses sur LOTSAGABE en ligne... mais votre premier EP vient pourtant de sortir ! Pouvez-vous nous retracer votre itinéraire musical, le chemin parcouru de la scène à l'enregistrement de cet EP ?
Pierre. On a d'abord démarré avec des reprises, quand on était trois, au début.
MI. Reprises de quels groupes ?
Pierre. MASS HYSTERIA, BERRI TXARRAK (ndi: groupe local très populaire au Pays Basque), DEFTONES... Les groupes qu'on écoutait pour le plaisir [Rires]
MI. Vu la couleur de votre musique, je ne suis pas très étonnée... Et ensuite ?
Pierre. On a eu peu de temps au début pour se constituer une setlist, mais les premières scènes nous ont bien boostés et on a évolué depuis 2007. Tout s'est enchaîné, on a fait quelque chose comme 20 concerts ensuite, mais de façon un peu irrégulière au début. Et puis, on a commencé à réaliser nos propres compos. Sur chaque nouveau concert, on avait toujours notre stock de reprises et petit à petit, on y injectait nos compos. Puis on a pris plus de temps pour écrire, et notre style a aussi beaucoup changé. Mais quand on s'est stabilisés musicalement, on a décidé de mettre ça en boîte, poser ce style-là, aussi pour passer ensuite sur de nouvelles choses.
MI. Donc l'EP, c'est aussi une façon de franchir un cap, musicalement ?
Pierre. On aurait pu rester longtemps comme ça... On composait, et chaque fois on était tentés d'attendre pour enregistrer, en se disant qu'on ferait toujours de meilleurs chansons.
Arnaud. Mais à moment donné, il fallait se donner une base et l'enregistrer. L'EP, c'est une façon de se construire une base, mais aussi pour se permettre de passer à autre chose, depuis le temps.
Pierre. L'EP nous permet aussi d'avoir quelque chose de précis à proposer en concert.
MI. Oui, dans un sens c'est un aboutissement, mais en même temps c'est aussi le début de quelque chose pour LOTSAGABE...
Pierre. Oui, exactement...
MI. La fin d'un cycle et le début d'un autre...
Ibes. Oui, c'est ce qu'on espère en tout cas ! Jusque là on jouait en concert, mais l'EP nous permet de poser nos bases et de voir notre son évoluer par rapport à cette base.
Pierre. Jusque là, on se disait que notre son ressemblait à ci ou çà, mais maintenant il est là, vraiment. Du coup, on joue aussi dans de bonnes salles avec de belles sonos, un bon retour... C'est nouveau pour nous, ça permet aussi de mieux préciser notre musique, de faire des ajustements, de nouveaux réglages, de corriger les défauts... Bien sûr, on aurait aimé faire ça plus tôt, mais...
MI. Enregistrer demande aussi une certaine maturation, non ?
Arnaud. Oui...
Ibes. Et puis, cela ne fait pas longtemps qu'on est quatre (avec un guitariste en plus).
Pierre. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que LOTSAGABE est vraiment devenu ce qu'il est. Ca nous a fait aussi repartir en arrière, car l'arrivée d'un nouveau guitariste implique de retravailler certains morceaux, de refaire des réglages, de repartir un peu à zéro... Certaines de nos chansons ont dû être repensées pour deux guitares. Sans compter qu'il faut aussi que les deux guitares aillent ensemble...
Arnaud. Oui, l'idée, c'est que si on prend un nouveau guitariste, ce n'est pas pour qu'il fasse la même chose que le premier.
Pierre. C'est là qu'on a arrêté de ne faire que du MASS HYSTERIA [Rires]. Du coup, au fur à mesure qu'on sélectionnait des chansons pour l'enregistrement, on continuait à écrire des morceaux de plus en plus différents de ce qui était prévu pour l'EP. On se disait qu'on n'allait jamais s'en sortir si on virait les premiers morceaux au fur et à mesure. On attendait donc pour enregistrer, mais au bout d'un moment, il a bien fallu se lancer ! On s'est dit, maintenant on a fait ça, et il faut le montrer.
MI. Justement, c'est aussi comme ça, en posant les choses, qu'un groupe mesure sa propre évolution, non ?
Pierre. Oui, c'était frustrant de se dire qu'on passait tout ce temps à écrire et à répéter, pour finalement ne rien garder et ne rien enregistrer... Il nous fallait ça pour avancer. Donc, à moment donné, on a décidé de faire une pause dans l'écriture pour enregistrer et jouer sur scène les compos sélectionnées pour l'EP. Maintenant, on cherche surtout à faire un maximum de dates, mais on pense aussi à un album pour 2016.
MI. Super. Mais de quoi sera-t-il fait ? On a parlé un petit peu des groupes que vous avez aimé reprendre à vos débuts... Mais parlez-nous aussi de vos influences. Metal, Metal alternatif, punk, rock basque ?
Ibes. Oui... Quoi qu'il en soit, vu qu'on écrit et qu'on chante en basque, notre son ressemblera toujours un peu à du rock basque. C'est la source, quelque part... Donc on peut toujours essayer de ressembler à un groupe international et se classer Rock/Metal, mais on préfère l'idée de Metal alternatif.
Pierre. Notre inspiration reste le Metal, mais même dans le Metal il y a aussi tellement de styles différents. On se nourrit de ça aussi.
MI. Et le Rock basque a toujours été assez proche de la sphère Metal...
Pierre. Oui, on a une base instrumentale très Metal, sur laquelle on joue aussi, parfois, avec des influences plus Rock.
Arnaud. En fait, c'est presque plus difficile de décider de faire rentrer son propre groupe dans une classification que de déterminer le style des groupes qu'on écoute... On a des influences qui nous traversent, mais pas forcément tout de suite de recul par rapport à ça.
Ibes. C'est pour ça que l'appellation "Metal alternatif" est ce qui nous ressemble le mieux, au final.
Arnaud. Notre musique, c'est un peu un gros mélange d'influences... C'est du Metal, quoi [Rires]. Et puis les influences se succèdent, ça se joue aussi au niveau de ce qu'on écoute à telle période, puis ça change, ça revient. Tout se mélange, et ces influences se retrouvent dans notre musique, même parfois en-dehors de la sphère Metal.
Pierre. Et puis, il n'y a pas que les influences purement musicales... Il y a aussi la vie, et les sensibilités de chacun. On est quatre, et chacun a son univers, sa sensibilité.
MI. C'est bien quand tout ça arrive à s'accorder pour faire de la bonne musique. Justement, quelles sont les thèmes, les choses qui vous donnent envie d'écrire et de composer ? Vous faites la première partie d'un groupe très engagé (LOFOFORA), donc on est un peu obligés de vous poser la question...
Ibes. Pour nous, l'engagement est surtout par rapport à la langue... Le fait d'écrire et de chanter en basque a du sens pour nous.
MI. C'est sûr, on ne peut pas parler de LOTSAGABE sans parler de la langue et de la culture basque. Il existe d'ailleurs une tradition Rock / Metal assez forte dans la culture musicale en langue basque. Pour vous, y a-t-il quelque chose de particulier dans ce choix de composer en basque, ou s'est-il imposé à vous naturellement ?
Pierre. Déjà, ça nous faisait bizarre de chanter en français...
MI. Donc, c'était bien une évidence ?
Arnaud. Oui, c'est clair que c'était évident pour nous.
Pierre. Et pourtant, c'est drôle parce qu'on ne parlait pas tous le basque à la base, mais on a fait le choix de l'apprendre, de le travailler. Même si on a grandi dans la culture basque, on ne parlait pas forcément la langue. Ibes, qui écrit les textes, parlait déjà le basque, mais notre volonté de faire la musique ensemble nous a aussi boostés pour travailler la langue.
MI. Et pour en revenir à vos sources d'inspiration...
Pierre. Tout ça ne veut pas dire que nos paroles soient politiquement engagées, mais pour nous, l'engagement, il est dans la langue. Les paroles sont quant à elle davantage le reflet de ressentis, de choses qu'on a vécues... Si on veut écrire des textes engagés, il nous suffit d'allumer la TV et on trouve des choses à dire, des chansons à composer tous les jours... Le plus important, c'est aussi que les paroles ait du sens pour les quatre membres du groupe. Si un texte ne plaît pas à tout le monde, on ne le garde pas. C'est d'abord important pour nous que les quatre s'identifient aux paroles qu'on va chanter.
Ibes. Il y a aussi des choses que je pense mais que je n'écris pas... J'estime que ce qui n'est pas la cause du groupe n'a pas sa place dans les chansons du groupe. L'important, c'est que nous nous accordions sur le sens des textes, et que lorsqu'on joue, on ressente vraiment ce qu'on chante. On cherche à exprimer des choses parfois très personnelles, mais qui restent assez ouvertes.
Arnaud. Par contre, on ne s'est jamais imposé une quelconque censure. On ne s'est jamais interdit de chanter un texte parce qu'on avait peur qu'il ne plaise pas au public.
Pierre. Tant qu'à nous, ça nous parle, on le transmet. On fait part de nos réflexions, on essaie de faire réfléchir les gens, pas de leur dire ce qu'il faut faire ou ne pas faire.
Arnaud. Non, c'est sûr, pas de leçon de morale...
MI. Oui, on en reçoit déjà assez comme ça.
MI. Moins sérieux... Ca fait quoi de partager la scène avec LOFOFORA ?
Pierre. On hallucine un peu... C'est énorme.
MI. Super vitrine ?
Pierre. Evidemment... On tourne depuis longtemps dans la région, mais au niveau national, on n'est pas encore connus.
Arnaud. Du coup, se retrouver sur une scène comme celle-là, avec une telle affiche, c'est énorme. Et puis, LOFO, on adore.
MI. Qu'est-ce qu'on peut vous souhaitez pour la suite ? (projets, album, concerts ?)
Ibes. D'abord des scènes.
Arnaud. Une tournée aux USA... [Rires]
Pierre. On prend tout ce qu'on nous propose, on avance. Et oui, l'album ensuite en 2016. On prend tout le bon qui nous arrive. Il n'y a pas si longtemps, on n'aurait jamais imaginé se retrouver sur une affiche de LOFOFORA. Tout arrive... Déjà, trop hâte d'être en concert ce soir.
Ajouté : Mardi 31 Mars 2015 Intervieweur : Istaria Lien en relation: Lotsagabe Website Hits: 7564
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