Que peut on faire lorsque le soleil donne encore plus que dans un Best Of de Voulzy, que le moindre effort prend des airs de développé couché avec des poids de trois cent kilos de chaque côté, et que la moindre ballade se transforme en cure de detox a base de sueur, de moustiques et de toxines évacuées par les narines ? Se la couler douce dans une piscine ?
Je n'ai pas ça à dispo. Bon.
Une idée ? Vous pensez bien que oui... Restez chez vous, fermez les fenêtres (et laissez les volets clôt comme dirait Nicoletta), asseyez vous, une boisson fraîche à portée de main, et mettez vous le dernier album de TALON, Fourplay.
Je préviens de suite le lecteur potentiel, cette chronique ne contiendra aucun jeu de mot douteux basé sur le patronyme de ce groupe US. Ce serait en effet trop achille. Mais allons-y, et soyons un peu plus précis.

Comme je viens de l'écrire, TALON est un groupe de Hard n' Heavy US, qui compte déjà trois albums à son actif, quatre avec ce petit dernier, sorti fin mars. Chaque LP s'est vu crédité d'un nouveau chanteur, ce qui ne leur a jamais garanti une grande stabilité, même si le groupe en lui même n'a pas changé, ni ses influences d'ailleurs. Ils le précisent eux mêmes dans leur bio, leur seule motivation est de recréer l'ambiances des années 80, et ils s'appuient pour ça sur des valeurs sures, comme SCORPIONS, DOKKEN, FIREHOUSE et la crème du Hard Rock saignant et harmonieux d'il y a trente ans.
Fourplay, est sans conteste leur plus parfait accomplissement. Célébrant en grandes pompes le retour de leur vocaliste originel Michael O'Mara, ce nouvel effort fait montre tout au long de ses douze chansons d'un talent indéniable de composition, et ne se contente pas de se la jouer rétro, mais adapte des standards passés à une époque contemporaine. Avec Ty Sims du combo BOMBAY BLACK à la production, TALON met tous les atouts de son côté en laissant la console à un professionnel du style, et s'offre un son ample, brillant et précis qui met encore plus en relief la richesse de leur Hard Rock classique.

Il est toujours difficile de parler d'un album comme Fourplay, tout simplement parce que seule une écoute permet d'en comprendre la portée. A quoi bon poser des mots sur des chansons après tout, puisque seule la sensation musicale éprouvée est d'importance... Je pourrais faire tourner des phrases à vide, histoire de remplir des blancs, faire des comparaisons...
Je tenterai donc d'être concis. Si vous connaissez le parcours du sextette, ce CD ne vous surprendra pas, il reste dans la lignée de ce qu'ils ont toujours fait, avant même de s'appeler ainsi lorsqu'ils évoluaient toujours sous pavillon VOXEN. Pour les autres, je pense que le paragraphe précédent contiendra toutes les informations dont vous avez besoin. Les références personnelles du groupe sont assez justes, même s'il convient d'y apporter une précision. Certes, le Hard Rock US des DOKKEN, WARRANT, HOUSE OF LORDS se retrouve bien fondu dans la musique de TALON, mais aucun de ces groupes n'a jamais été aussi Heavy. Considérons plutôt que Kory, Jim et les autres ont pris le meilleur du Heavy européen (SCORPIONS, DIO) et qu'ils l'ont mélangé à l'essence du Hard US de la même époque, pour créer un hybride Heavy mélodique, fort en décibels, mais raffiné en mélodies.
On trouve toujours dans leurs chansons des riffs assez costauds ("Love Is Like A Drug To Me", "Sin City Sister", "Evil", dont Vivian Campbell aurait pu signer la partie guitare, "Holly Would" et son jeu de mot illustré par un lick bien tranchant), menant à des refrains aux harmonies précises et séduisantes ("It's a Fine Line Between Love and Lust", "Set Me Free" au solo inspiré, "Hole In My Head" et son feeling un peu EXTREME), et même des clôtures semi acoustiques bien mordantes et Rock ("There Ain't Nothing In The World Like A Rockin' Band", entraînant et enthousiaste), tout en ne cédant jamais à la pression d'une ballade lacrymale et peu inspirée qui polluent souvent ce genre de réalisations.

Douze titres, et autant de segments Hard Rock à partager, Fourplay est un sans faute stylistique impressionnant, qui à le mérite d'offrir des titres soignés, inspirés, énergiques, sans tomber dans les poncifs les plus éculés, et en bénéficiant d'une interprétation sans faille. Il est assez rare en 2015 de tomber sur ce genre d'album, qui se nourrit d'une source loin d'être tarie à la fin des années 80, sans être passéiste, ni lassant, ni redondant. Assurément - et je suis d'accord sur ce point avec mes confrères d'outre Atlantique - le meilleur effort d'un groupe très attachant, qui vit sa passion à fond sans se soucier des modes et des tendances.
Honnêtes, doués, inspirés, que demander de plus à des musiciens, pour peu que l'on soit friand de leur optique ?

Rien, il n'y a qu'à écouter et se laisser porter.

A l'ombre bien sûr, car leur album sous des atours soft, est une vraie fournaise Hard n' Heavy qui va faire encore monter la température de deux ou trois crans !