BRENNUS MUSIC (FRA) - Alain Ricard (Fév-2003)
Brennus, label existant depuis 1994 (fêtant depuis peu sa 100e sortie avec l'album de Killers "Habemus Metal") se veut en quelque sorte militant de par ses groupes signés et sa volonté d'aider des groupes qui sont dans l'ombre en leur fournissant soit conseils avisés, soit leur ouvrant les portes de sa structure qui leur servira de tremplin.
Nous sommes donc partis à la rencontre du commandant de bord (Alain Ricard) de cet ambitieux et courageux navire afin qu'il nous compte sa traversée de cette mer tumultueuse qu'est la scène française mais aussi parce que nous partageons la même conviction et le même but dans notre rédaction, à savoir aider les groupes et que de toute manière se sera les gens passionnés qui feront avancer le schmilblick !
Metal-Impact. Comment et quand en es-tu arrivé à écouter du Metal ?
Alain. Il y a de cela si longtemps que je ne saurais être hyper précis... Mais cela devait être en 1971 ou 1972 grâce à un copain de collège un peu plus âgé que moi qui écoutait sans cesse du Led Zep, The Who, Ange, Alice Cooper et autres "petites choses" de ce genre et m'a contaminé sans mal [Rires]
MI. Quels sont tes albums de chevet et groupes favoris ?
Alain. Côté album, je n'en ai pas particulièrement - tant il y a de nouveautés à écouter - mais en ce qui concerne les groupes, je pense que celui qui m'aura le plus marqué de tous les temps sera sans doute LED ZEPPELIN.
MI. Ton style de prédilection reste principalement le Hard Mélodique, le Heavy ?
Alain. En effet, même si j'écoute et apprécie énormément d'autres choses (Rock Progressif, Punk, Blues, Folk, Jazz Rock, etc...), j'ai une petite préférence pour le Heavy mélodique qui, souvent, puise un petit peu dans toutes ces cultures pour évoluer.
MI. Pratiques-tu toi même un instrument et si oui as-tu déjà joué dans un groupe ?
Alain. Non, je n'ai jamais joué d'aucun instrument et c'est sans doute pour cela que j'ai voulu apporter ma modeste contribution d'une autre manière à la scène Rock française.
MI. Pourquoi as-tu décidé de monter Brennus Music ?
Alain. J'étais, à l'époque du lancement du label, et depuis de nombreuses années, animateur sur diverses radios libres. Je recevais régulièrement d'excellentes démos et parfois de tout aussi bons albums auto produits de groupes français mais aucuns n'avaient la moindre chance de se retrouver dans les bacs des disquaires... faute de label consacré au Metal mélodique français en ce milieu des années 90 (11/94). J'ai donc décidé de me lancer dans l'aventure en créant Brennus et en lui trouvant son premier distributeur (Night & Day) pour palier à ce manque de structures pour ce style musical.
MI. Dans quelle optique diriges-tu Brennus Music ?
Alain. Il serait prétentieux de dire que c'est pour "assurer" à cette partie de la scène Metal française une véritable reconnaissance... mais c'est néanmoins pour lui permettre de s'exprimer avec un peu plus de résonance que par une simple auto distribution (via les concerts, sites internet et disquaires locaux). Le simple fait que Brennus existe encore 8 ans et 100 albums après sa création, me laisse penser que l'idée n'était peut être pas si mauvaise.
MI. Continueras-tu dans la voie du tremplin ou espères-tu un jour que Brennus devienne une grosse structure ?
Alain. Une grosse structure, je ne le pense pas et ne suis même pas certain de le souhaiter mais par contre, une évolution est en cours (depuis 2000) avec une volonté de ne plus signer d'albums qui pourraient faire plus de tort que de bien au label... et surtout à leurs auteurs.
Je conseille plus les groupes dans leurs démarches artistiques que je ne le faisais durant les premières années du label. Les commentaires que je glane par-ci par-là me laissent penser que cette évolution a largement été remarquée par la profession et les médias.
MI. Parle nous de ton choix concernant la distribution et pourquoi as-tu changé ?
Alain. En fait, je n'en ai pas vraiment changé, je suis tout simplement revenu à mes "premières amours". En effet, Night & Day a été le premier distributeur à faire confiance à Brennus, puis, pour des raisons de "surproduction" j'ai été amené à travailler également sur une dizaine de références avec M10.
Depuis 2000, l'Association Muséa - dont faisait alors partie Brennus par le simple fait que je suis très impliqué dans cette structure - s'est lancé elle-même dans la distribution et il m'a semblé normal de "rapatrier" mon catalogue en son sein. Des données techniques et aucunement humaines m'ont fait revenir sur ce choix tout récemment et c'est donc chez Night & Day que sortiront dorénavant les nouveautés Brennus, le fond de catalogue et les sorties jusqu'à fin 2002 restant chez Muséa.
MI. Pourquoi se concentrer sur un seul style ?
Alain. Pour résumer, je donnerai surtout deux raisons ; on ne fait bien (en tout cas du mieux que possible) que ce que l'on maîtrise et la dispersion n'est pas pour moi un gage de réussite. J'en ajouterai une troisième... je n'ai jamais su être opportuniste !
MI. Peux-tu nous compter la relation particulière qu'unie Brennus et Killers ?
Alain. Il n'est point de relation "particulière" avec Killers ; si ce n'est que nous évoluons en partenariat plus que dans une relation de groupe à label ou vice-versa. Il y a deux "forts caractères" qui se comprennent et arrivent de ce fait à bosser ensemble d'une manière tout autant humaine que professionnelle.
MI. Quel est l'album sorti chez Brennus dont tu es le plus fier ?
Alain. Le premier... parce que ça a été l'aboutissement d'une folie ordinaire, le centième... parce qu'il est sans doute un sacré "pied de nez" à nombre de ceux qui se sont évertués à ignorer Brennus et ses groupes et qui ne sont plus tous là, eux, pour vomir sur la passion !
MI. Quel album de chez Brennus a été le mieux reçu par le public ?
Alain. C'est difficile à dire vu de mon côté de la "lorgnette". Je pense qu'il y en a eu plusieurs, à différents niveaux. Par les "critiques", il y a eu Far'N'High, Dream Child, Headline, et la plupart des albums de Killers... par les nostalgiques (dont je suis parfois) il y a eu les rééditions de Blaspheme, High Power ou autres Attentat Rock... Par le public français je pense que l'on retrouve Killers, Headline mais aussi Dyslesia et quelques autres. A l'étranger, c'est plus difficile à dire car chaque pays a sa sensibilité propre.
MI. Quelle est la chose que tu n'as pas encore accompli et que tu aimerais faire ?
Alain. Trop de choses pour que cela puisse tenir dans un interview [Rires]
Je suis, et veux rester un "utopiste" car le rêve fait avancer !
MI. Peux-tu nous donner ton avis sur la scène Underground et Commerciale française par rapport à celle internationale ?
Alain. La scène "underground" française se porte de mieux en mieux et n'est encore underground que par la volonté des "décideurs" friqués qui ne voient pas en elle un phénomène de mode exploitable comme peut l'être la scène commerciale "neo Metal" actuelle.
Le problème est qu'en France, on ne fonctionne que par "modes" successives et tout ce qui est à la mode est automatiquement appelé à se démoder... donc je préfère rester intègre et ne pas changer de style de prédilection au gré des vents !
MI. Comment expliques-tu l'état presque amorphe du marché français malgré la présence de groupes nationaux au fort potentiel ?
Alain. Sans le vouloir, je viens d'y répondre... à vouloir suivre les modes, on ne construit jamais rien de durable !!!
MI. Crois-tu qu'un jour la scène française sera connue et reconnue à l'étranger à sa juste valeur ?
Alain. Sans doute pas à sa juste valeur... tant qu'il n'y aura que le fric pour seul moteur !
MI. L'actualité de Brennus pour 2003/2004 ?
Alain. Consolidation et développement de l'export, avec notamment la création depuis début 2003 de la SARL BRENNUS Music qui vient prendre le relais de la structure associative qui existait depuis 1994. D'autres projets de développement sont à l'étude mais il serait présomptueux d'en parler aujourd'hui.
MI. Quels conseils pourrais-tu donner aux groupes qui souhaiteraient travailler avec Brennus ?
Alain. Les principaux conseils que je me permettrai de leur donner sont d'ouvrir grandes leurs oreilles et grands leurs yeux sur ce qui se fait autour d'eux et dans le monde dans le style musical dans lequel ils évoluent. Il ne s'agit plus d'être "meilleur" que le groupe du bloc voisin mais d'être aussi bon que les meilleurs du genre... sans y perdre son humilité !!!
MI. A ton avis, quelle utilité ou différence a un webzine par rapport à un zine ?
Alain. Je suis un "vieux accro" du zine papier donc je n'en dirai pas de mal... mais il est clair qu'en terme de lectorat, le webzine a une potentialité bien plus large et ses retombées peuvent être, géographiquement plus grandes (néanmoins, il ne faut pas s'imaginer que cela en déclenche des masses non plus).
MI. Qu'attends-tu d'un webzine comme Metal Impact ?
Alain. De continuer à faire ce qu'il fait si bien, véhiculer une (des) forme(s) artistique(s) qui ne trouvent pas toujours chapitre sur d'autres supports.
Continuer à tisser la toile dont manque cruellement notre "beau pays", celle qui permet à nos voisins italiens, espagnols, grecs et autres d'être beaucoup mieux structurés que nous pour donner voix et voie à leur scène nationale.
MI. Je te laisse la griffouille de la fin...
Alain. Restons fous et "long live Rock 'n' Roll"...
... Puissent tes lecteurs partager un peu de ma folie [Rires]
Ajouté : Samedi 01 Mars 2003 Intervieweur : Blasphy De Blasphèmar Lien en relation: Brennus Music Website Hits: 19493
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