EUROPE (se) - War of Kings (2015)
Label : UDR Music
Sortie du Scud : 2 mars 2015
Pays : Suède
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 54 Mins
Allez l'hiver touche à sa fin... Fini la pluie le vent, l'humeur morose, il est temps de retrouver un peu d'allant aux prémices d'un printemps que certains prédisent clément.
Allitérations ? Too much?
Peut-être, mais que voulez-vous, je suis plutôt de bonne humeur. Il fait beau et chaud (et non l'inverse), et en ce samedi chômé, je retrouve un groupe que j'adore. Un groupe qui aligne depuis sa reformation de 2003 des albums impeccables, inspirés, débordant de vitalité et de créativité.
Oui, j'ose, j'affirme. Depuis le révélateur Secret Society en 2006, EUROPE représente une certaine vision d'un Hard Rock parfait. Parfait car créatif, joué avec les tripes, chanté avec le coeur. Honnête, mais volontaire et bien au dessus du minimum syndical. Gorgé de feeling, de tubes mélodiques mais mordants, de lignes de chant fabuleuses et de soli qui rendent les groupies heureuses. Et il en reste, des tonnes. Masculines aussi. Dont moi.
Dis moi mon beau Joey, qu'est ce qui s'est passé en fait ? Tu as oublié les sirènes du succès commercial de masse que The Final Countdown avait fait sonner dans ta tête ? Tu t'es souvenu, avec John, de l'amour que vous portiez aux grands anciens, le PURPLE et le ZEP en tête ? Wings of Tomorrow ? Oui, c'est bien ça. Sauf qu'en 2015, tu viens nous parler d'une guerre. La guerre que vous menez depuis une décennie pour faire oublier vos exactions sucrées ? C'est possible. Mais s'il s'agit aujourd'hui de rois, vous en faites assurément partie. Des rois indétrônables, au sommet d'un règne qui semble ne pas avoir de fin. Car lorsqu'on oublie les richesses, on se souvient qu'un jour, on a eu faim. Et qu'on a eu la rage au ventre. Celle que l'on retrouve sur ce nouvel effort, très judicieusement intitulé War of Kings. Et sans jouer les prophètes, je peux affirmer sans risquer de me tromper que vous allez la gagner. Car après tout, et c'est toi même qui le dit :
"War of Kings est l'album que nous avons toujours souhaité faire, depuis que nous étions gosses et que nous écoutions des groupes comme Zeppelin, Purple et Sabbath"
Qu'est ce que je disais, tiens tiens... Alors, oui Joey, bien vu, bien joué. Parce que ce War of Kings n'aurait pas fait tâche dans la production pléthorique et riche des 70's. Mieux, il aurait fait des envieux. Car il est riche, très riche, dense, touffu, parfois difficile d'accès, lourd mais harmonieux, plein de surprises et de morceaux si Heavy qu'on en oublie le nom du groupe qui les interprète. Et ça aussi, c'était bien senti d'en confier la prod' à Dave Cobb, il vous a taillé un son sur mesure. Profond, comme le pourpre, lourd et sombre comme le sabbat, mais tranchant et luxurieux, comme le zeppelin. Combinaison fatale pour satisfaction totale. Merde, ça laisse admiratif quand même des mecs qui refusent de se reposer sur leurs lauriers...
Allez, oublions la mesure. War of Kings est bon de bout en bout. Parce qu'il est porté par ce chant superbe, à la pureté inégalable qui commence pourtant à se teinter d'un grain bluesy à la Glenn Hughes. Parce qu'il est sublimé par cette guitare sincère, qui plombe les riffs les plus abrupts en faisant s'envoler les soli bien au dessus des nuages, avec un feeling que seul Norum peut ressentir. Parce qu'il est maintenu au sol par une rythmique sous estimée, et pourtant d'une rare solidité. Fluide et puissante, légère et caressante, mais faisant tinter à l'unisson les baguettes et les cordes rondes. Et parce qu'il se voit offrir une patine d'arrangements de clavier qui ont oublié les tics synthétiques pour se rappeler des longues fulgurances de Jon Lord. Rhodes, où étais tu ? Pas bien loin je crois.
Alors, avec tout ça, il suffit de dérouler. Mais proprement, sans oublier la passion, comme sur cet aveu à demi mots, "Days of Rock n'Roll". Il est encore vivant ? tant mieux, célébrons le. Groove, investissement, ça pourrait revenir d'un temps où on pensait authentique, où le plastique ne servait qu'à emballer les disques. "Light Me Up", et Blackmore doit écouter ça avec le sourire. Il s'y est amusé lui aussi sur Machine Head et In Rock. Et il te paierait une pinte tiens John, dans un vieux pub médiéval pour lui avoir rappelé sa jeunesse.
"Praise You", où comment synthétiser RATM et le ZEP en sonnant comme... DEEP PURPLE. Du Blues, toujours du Blues, mais celui qui réchauffe le coeur et qui fait passer les heures plus vite. Refrain lyrique, mais pas trop, batterie en roue libre, et une fois de plus, juxtaposition d'une guitare divine et d'un chant plein de passion. On ménage les couplets, on laisse exploser les sentiments, la rage positive, et ça flirte avec les sommets. J'en tremble encore.
Mais on en oublie pas pour autant le fast Rock qui dynamitait les sorties précédentes. "Hole in my Pocket" vole, virevolte sur l'asphalte, vitre ouverte, lunettes vissées sur le nez, et on dépasse le 120 mph pour une virée sans retour. Fuck the past, I'm built to last...
Feu Ronnie James, paix à son âme, aurait pu venir taper un boeuf impromptu avec vous les gars, sur ce "Children of the Mind" qui lui aurait autant évoqué RAINBOW que ses meilleures années en solo... En tendant bien l'oreille, on pourrait même croire que Vivian Campbell reproduit un solo d'époque. Et ce goût du passé pique la langue avec une nostalgie acide, mais laisse un bien être au fond de la gorge. Et puis, terminer sur cet instru superbe et relaxé, quelle bonne idée...
En 2003, ma curiosité avait été piquée au vif. En 2006, mon intérêt s'était réveillé. Et depuis, je n'ai pas oublié, j'y reviens tous les deux, trois ou quatre ans, avec impatience... avec amour même, je n'en ai pas honte. EUROPE, en 2015, c'est le meilleur du Hard Rock des 70's remis au goût du jour, sans trahir, sans détours. Une relecture des plus grands, qui s'ils ne s'intéressent guère à l'actualité doivent savoir que leurs héritiers ont bien assimilé. Mais plus que ça, plus qu'un hommage, c'est un adoubement. Une entrée en grandes pompes dans la cour des plus grands.
Car maintenant, EUROPE peut s'asseoir auprès d'eux, leurs idoles, sans croire que leur place est usurpée. De la guerre contre le temps, ils sont sortis vainqueurs. Ce sont eux, les rois maintenant.
Ajouté : Vendredi 20 Mars 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Europe Website Hits: 5980
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