HAREM SCAREM (ca) - Thirteen (2014)
Label : Frontiers Records
Sortie du Scud : 5 décembre 2014
Pays : Canada
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 40 Mins
Six ans se sont écoulés depuis Hope leur dernier album sorti en 2008, et on pensait l'affaire pliée. Harry avait même publié un très bon album solo, Living In Yesterday il y a deux ans, et le temps passait irrémédiablement. Oh bien sur, aucune acrimonie, pas de rivalités ni de tensions, juste une séparation à l'amiable, comme un divorce sans heurts.
Et puis le silence. Jusqu'à ce remake de leur LP le plus fameux, sous la forme habile d'un Mood Swings II. Pas de quoi se réveiller la nuit musicalement parlant, tant le modèle d'origine était insurpassable, mais un indice, un petit clin d'oeil qui voulait peut être en dire plus long qu'il n'en paraissait. Une tournée pour fêter ça, et l'envie retrouvée, devant ce public de fans à qui ils manquaient terriblement. Il fallait se rendre à l'évidence, HAREM SCAREM nous manquait, c'est un fait. Un groupe de cette trempe, capable de produire une musique aussi simple, sincère et magique, ça ne courait pas les rues.
Et puis finalement, la nouvelle est tombée. Une campagne de financement pour un nouvel album, dont le but fut atteint en à peine 24 heures, et la machine était relancée. Nous allions avoir droit à une suite, ponctuelle ou pas, mais Hope ne serait donc pas le dernier album studio des Canadiens, et c'était déjà ça. Peu importe le reste. Et aujourd'hui, nous pouvons l'écouter, avec le sourire aux lèvres. Le même que nous avons toujours arboré.
Thirteen, treize, portera il bonheur ? Ou bien sera il le point final, le vrai, d'une aventure incroyable commencée au début d'une décennie rongée par la déprime, le spleen et les mélodies amères? Surpassera-t-il dans le cœur des fans les meilleures réalisations d’Harry et Pete ? Je n'ai aucune réponse à toutes ces questions, et je ne me les pose même pas. Je me contente de savourer un disque, qui s'il ne parait pas être le meilleur de ses concepteurs, révèle une fois de plus tout leur potentiel, ce savoir faire incroyable qui leur permet de composer des mélodies attachantes, brillantes, étincelantes, portées par une énergie incroyable ou une sensibilité à fleur de peau, selon le choix.
Thirteen, c'est un peu le vortex qui fait se rencontrer Mood Swings et Hope. Les harmonies riches se rapprochent de l'essence pure du premier, tandis que la puissance modérée, plus Hard Rock mélodique que Heavy, rappelle l'au revoir un peu timide mais émouvant d'il y a six ans. La guitare de Pete est bien sur toujours aussi mordante, et certains passages sonnent aussi jeunes et techniques que les mémorables "Saviours Never Cry" ou "Change Comes Around", mais HAREM SCAREM a vieilli, mûri, et leur musique se rapproche maintenant des critères de sélection de labels comme Frontiers, tout du moins en ce qui concerne les légendes d'antan qui sont toujours présentes. Hard évidemment, mais mélodique avant tout. Et les dix titres proposés ne font en aucun cas de remplissage, bien au contraire. Vous pouvez y aller et piocher au hasard, il n'y a aucune chance que vous soyez déçu par telle ou telle chanson. Elles sont toutes parfaites. Mais est-ce exceptionnel dans le cas de HAREM SCAREM ?
D'abord, l'association de la voix d’Harry et la guitare de Pete a toujours fait merveille. Le genre d'osmose qu'on ne rencontre que très rarement, un peu le même genre de magie que les duos Lee Roth/Van Halen, Cherone/Bettencourt, ou Page/Plant arrivaient à créer. Et de ce côté là, une fois de plus, ça fonctionne les doigts dans le nez et on se laisse prendre. A ce sujet, les trois premiers jets de l'album pourraient être pris en exemple par tout compositeur débutant désireux de connaître la recette idéale de tout tube mélodique et puissant qui se respecte. Le B.A.BA, la base, la formule originelle, celle que des groupes comme JOURNEY, ou TRIUMPH ont un jour élaborée et perfectionnée, pour finalement pouvoir l'utiliser toute leur carrière. Qui sait, peut être qu'un jour, dans une dizaine d'années, retrouverons-nous dans le tracklisting des épisodes d'une série dérivée de Glee des morceaux comme "Garden Of Eden", "Live It" ou "Early Morning Signs", tant leurs refrains sentent le bonheur de jouer à plein nez... Et tant que vous y êtes, rajoutez les sur votre liste de classiques du groupe, ils le méritent.
Et s'il y a un signe qui ne trompe pas, qui prouve que le groupe voulait revenir par la grande porte avec cette hargne et cette volonté indéniables, c'est qu'une seule ballade est présente sur Thirteen. Une seule, mais fabuleuse, émouvante sans être larmoyante, une blue song à la HAREM SCAREM, qui évite les poncifs éculés depuis des siècles et les tics faciles, "Whatever It Takes". Avec, en cadeau, un solo piquant, et un refrain... Ecoutez, vous verrez bien.
Dans certains recoins, on retrouve ces riffs uniques qui explosaient les premiers efforts des Canadiens, au point qu'on a le sentiment de se retrouver projeté vingt ans en arrière, quand on écoutait religieusement Mood Swings ou Voice Of Reason dans sa chambre en tentant de les reproduire. Faites l'expérience de "Saints And Sinners", c'est troublant. Même son, mêmes inflexions, mêmes choeurs, le mimétisme du génie à son paroxysme... Et ces mêmes échos rebondissent même sur l'histoire du groupe, lorsqu'ils heurtent le mur RUBBER et les influences plus modernes, comme le prouvent les arrangements rythmiques de "All I Need". Et tout ceci continue, jusqu'à son issue, bien sûr inexorable, lorsque HS nous livre sur un plateau le heavy bluesy "Stardust", au refrain qui une fois de plus fait battre la chamade à votre coeur.
L'histoire de Thirteen, et par extension de HAREM SCAREM, c'est une histoire d'amour. Celle qui relie un groupe à son public. Un public tombé amoureux depuis longtemps, sous le charme de chansons sincères, belles et simples, et un groupe honnête, sans artifices, qui joue une musique qu'il ressent, et qu'il offre sans arrière pensée à ses fans. Avoir cru les Canadiens partis était difficile. Leurs mélodies nous manquaient terriblement, mais on se faisait doucement à l'idée que l'histoire était terminée. Heureusement, il n'en était rien. Et quel plus beau cadeau de retrouvailles que ce nouvel album qu'on n'aurait pas pu souhaiter meilleur, qu'on n'aurait pas pu rêver plus parfait.
Hope méritait donc bien son titre. Et c'est vrai que tant que des groupes comme celui ci existeront, il y aura de l'espoir. Faites moi plaisir, et rangez le à côté de Mood Swings. Il y a sa place, tout comme Harry, Pete et les autres ont leur place dans l'histoire de notre vie. Et en écoutant ces nouveaux morceaux, je me dis que parfois, elle n'est pas si mal...
Ajouté : Samedi 07 Février 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Harem Scarem Website Hits: 5408
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