ROTE MARE (au) - Serpents Of The Church (2011)
Label : Altsphere Productions
Sortie du Scud : 2 septembre 2011
Pays : Australie
Genre : Doom Metal
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 76 Mins
Connaissez-vous le temps d'infusion d'un thé ? Bien évidement, les puristes répondront du tac au tac que tout dépend du produit qu'on souhaite déguster. Attention au blasphème : 3 minutes pour un thé noir, 4 pour un thé vert et entre 10 et 20 pour un Perle de Jade. Il faut donc s'armer de patience avant de s'abreuver. C'est un peu pareil pour ROTE MARE, le Perle de Jade du Metal. Car avec ses 76 minutes au compteur et ses arômes à rallonge, Serpents Of The Church infuse, infuse loooooooongtemps, jusqu'à épuisement ! On a tellement plus de chances de mourir en écoutant ce disque qu'en écoutant LAST DAYS OF HUMANITY que c'en devient dangereux. Ce n'est pas que mathématique, c'est également métaphorique. Mourir d'ennui, voilà le sort qui nous guette. A moins d'être endurant ou rompu aux joutes laxatives du Doom Metal, ce premier opus pour nos australiens nous fera généreusement patauger dans une gadoue visqueuse qui engloutit la vivacité de l'esprit.
A ce titre, ROTE MARE est donc un groupe de Doom plus que correct, en harmonie de corps et d'esprit avec les caractéristiques éculées du genre. Ce qui n'était au début qu'un one-man band emmené par Phil Howlett jusqu'en 2009 est devenu au fil du temps une machine à tuer la patience. Empruntant autant aux vieux briscards (BLACK SABBATH, PENTAGRAM, SAINT VITUS) qu'aux petits nouveaux (REVEREND BIZARRE), ROTE MARE a néanmoins l'immense mérite de développer sur ce premier brouillon une musique extrêmement personnelle et introspective, vérolée jusqu'à l'os. Je ne vous ferai pas l'insulte de vous apprendre que Serpents Of The Church est un disque répétitif, mais j'ai quand même dans ma hotte de quoi vous surprendre. Les superlatifs sont servis sur un plateau d'argent, mais quand vient le virage Rock N' Roll du premier morceau, c'est la stupeur qui prend le relai. Le cliché du bon vieil album de Doom cradingue s'étiolerait-il sous les coups de boutoir de ce Heavy Rock éléphantesque et groovy qui sévit au détour d'un riff transpirant ? Pas tant que ça finalement. Car si cet opus dispose de titres plus "éclairés" à son arc, c'est surtout sur le long terme que reviennent les influences sabbathiennes, aux limites du psychédélisme. Rares sont les incursions vraiment lumineuses, les cassures rythmiques (notons tout de même celle qui sévit sur la fin de "The Martyr"). Tout ça est presque totalement hermétique, monolithique, dégoulinant d'un flegme qui cantonne ROTE MARE au rang d'élèves médiocres mais volontaires. "Doom Metal Is True Metal". Voilà ce qu'on peut lire en décrochant le disque de son réceptacle. Oui, il y a effectivement de cet état d'esprit dans Serpents Of The Church et c'est extrêmement positif de le ressentir. Mais combien d'efforts auront été consentis pour venir à bout de cette œuvre et lui laisser la possibilité d'exister ? Elle ne réagit pas, ne captive pas, s'exprime à peine, s'enfonçant dans un mutisme absolument terrifiant. Alors oui, je crois qu'il faut être un peu psychologue pour tenter de comprendre sa timide perversité.
Exagéré dans sa longueur, étouffant l'auditeur de ses redondances, ce disque est à la fois proche et lointain des standards du genre, capables de faire aimer le Doom aux hyperactifs du bulbe. Seules quelques formations de légende possèdent cette aptitude, et je pense tout particulièrement aux mythiques PENTAGRAM. ROTE MARE a donc encore énormément de choses à apprendre, et si les intentions sont là, elles ne sont hélas cantonnées qu'au stade embryonnaire de stéréotypes. Parce que sur les 15 minutes de "Funeral Song", dites-moi qui seront les suicidaires qui s'amuseront à compter les mesures ?
Ajouté : Lundi 25 Août 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Rote Mare Website Hits: 7072
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