Ceux-là ne pouvaient qu'être teutons. Je ne suis pas en train de dire que ça se devinait à leurs gueules, ni même à l'étrange artwork d'On High Wings We Fly qui ne laissait rien transparaitre, contrairement par exemple au Road To Nowhere de PHARAO récemment chroniqué par votre serviteur. Je laisse simplement sous-entendre que cet album, musicalement en tout cas, représente le Heavy / Power Metal germanique dans son costume le plus moulant. Et si pareille œuvre sort encore sans faire de vagues en 2012, avec plus de vingt ans de retard, c'est parce que des groupes mythiques comme SINNER, PRIMAL FEAR, BLIND GUARDIAN, GAMMA RAY, HELLOWEEN, FREEDOM CALL ont joué un rôle prépondérant dans cette belle longévité. Formé en 2006, STEEL ENGRAVED s'est délibérément engagé dans cette voie, avec, vous allez le constater, quelques arguments qui plaideront en sa faveur de façon très convaincante.

Premier coup de canon, "Desert Uprising" a commencé par m'évoquer RAINTIME et son excellent Flies & Lies à cause de sa vitesse futuriste. Puis cette belle blondinette de Marco Schober a ouvert son claque-merde pour balancer à la volée deux-trois vocalises, et le drame n'était pas loin d'arriver. De sa voix d'octogénaire cocaïnomane, le bonhomme va faire basculer à lui tout seul On High Wings We Fly dans l'ultra-kitsch. Pourtant, à ma grande surprise, l'espèce de théâtralité avec laquelle le bonhomme surjoue chacune de ses syllabes n'est pas un frein à la bonne tenue de route de cette œuvre. Je dirais même que la typicité de sa voix tranche d'avec la modernité et la spontanéité de ces quelques hymnes. Car la seule chose que j'aime dans le Power Metal, c'est l'aspect tubesque, chevaleresque et épique des morceaux. Je ne suis ébloui ni par la technique, ni par l'intensité, ni par la prose moyenâgeuse, mais par la puissance des refrains et la facilité des rythmes. Ici, STEEL ENGRAVED propose les deux, et sous couvert d'une certaine innovation. Ainsi, l'enchainement initial entre "Desert Uprising" et l'excellent "Forlorn Empire" (un sous "Resurrection By Erection" de POWERWOLF) va lancer ce second opus sur les chapeaux de roues avec leurs refrains imparables et leur douceur mélodique. Idem pour "Steeler" qui réveille un peu le bordel au milieu de l'album avec ses chœurs scandés taillés pour la scène. Décidemment, et c'est une surprise, ces Allemands me plaisent de plus en plus, et la fusion magmatique qui s'empare de leur disque ne décroitra pas jusqu'à l'ultime "Pray For Dead". Ceci étant, pour relativiser un peu l'engouement inattendu qui s'est emparé de moi à la découverte de ce groupe, ça reste du Power Metal, donc limité dans le temps, rétro à mourir et susceptible de surtout plaire aux vieux briscards. Je considère ce demi-coup de cœur davantage comme une anomalie, c'est dire si l'adhérence à leurs propositions est à quitte ou double.

Il parait que l'essayer, c'est l'adopter. Pas si sûr. Avec On High Wings We Fly, les Allemands ont certes exploité de la meilleure des façons un style compliqué à renouveler des années après son apogée, mais ils ont surtout prouvé que la valeur n'attend pas le nombre des années. On peut retourner cet adage dans tous les sens de manière à porter préjudices aux vieux de la vieille, il n'empêche que STEEL ENGRAVED a frappé avec ce second effort un joli coup d'épée... dans l'eau ?