DEEP IN HATE (FRA) - Chronicles Of Oblivion (2014)
Label : Kaotoxin Records
Sortie du Scud : 3 juin 2014
Pays : France
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 35 Mins
Oublions turpitudes et certitudes. Il n'y a guère plus que la pochette d'Origins Of Inequality pour pouvoir lire en DEEP IN HATE comme dans le marc de café. Peuvent se sentir concernés ceux qui continueront à y voir un test de Rorschach et ceux qui passeront à autre chose. Les Parisiens, eux, sont passés à autre chose, et c'était un mal nécessaire après deux premiers albums écrasants, savoureusement orientés Brutal Death mais désormais en quête d'un second souffle. Tout juste peut-on évoquer avec Chronicles Of Oblivion un brin d'air frais. Arrivé au bout d'un chapitre, DEEP IN HATE s'est attelé à la conception d'un autre, et si leur écriture demeure toujours aussi nerveuse, la fluidité est désormais rimbaldienne. Un curieux paradoxe quand on connaît l'attraction d'Arthur Rimbaud pour le mot "atroce", distillé plein gaz dans nombre de ses poèmes.
DEEP IN HATE avait besoin de plus, mais pas forcément de moins. Toujours aussi tranchant, leur Death Metal se drape désormais d'un linge Deathcore taché non plus de sang mais de sueur. Un assagissement tout relatif qu'on constate sur ce troisième album, moins branlette mais plus catchy, plus élargi, touchant avec la parcimonie nécessaire aux différents registres de Death connus. L'air vicié que l'on respire dès l'arrivée de "Genesis Of Void" sera symptomatique de cette œuvre. Au-delà de l'intensité électrique générée par les guitares et la voix doublement efficace de Math, il pèse sur ce titre l'idée d'une atmosphère détestable et irrespirable. Ce ne sera pas inhérent à chaque morceau, loin s'en faut, mais les intentions sont présentes, et rapidement confirmées par "The Cattle Procession", aux discrets accents progressifs. Autrement plus technique (avec de vrais morceaux de BRAIN DRILL et WITHIN THE RUINS ma gueule), "Altars Of Lies" accentue le fossé entre brutalité et technique, orchestrant un chaud-froid tout à fait singulier au cœur de cet album résolument moderne. Moderne comme la production d'ailleurs, une amélioration d'opus en opus constante chez DEEP IN HATE. Moderne comme "New Republic", pamphlet de Deathcore sombre comme savait en composer WHITECHAPEL du temps de This Is Exile. Moderne (mais pas trop) comme le ABORTED new-look de Global Flatline qui imprègne très fort les tissus tuméfiés de "Wingless Gods". Je ne pense pas que ce soit à cause de Sven De Caluwé, qui mugit de son timbre si identifiable vers 2'15, mais sait-on jamais. Alors dans cet océan d'anticipation, Chronicles Of Oblivion est-il un album de Death moderne ? Ce serait oublier un peu trop tôt les dispositions deathcoreuses de ce disque, qui impactent de manière négative sur quasi chaque morceau. DEEP IN HATE est sorti d'un cliché pour aller s'empêtrer dans un autre. Il n'y aura que le final poignant de "Beyond" et le solo lumineux sur "The Unheard Prayers" pour extirper brièvement ce full-lenght de la mouise rythmique dans laquelle il est allé se fourrer. Malgré l'efficacité instinctive et meurtrière de leur musique, malgré la performance surréaliste de Nicolas Bastos à la baguette et de Math au micro, il y a en cette sortie quelque chose d'éminemment banal qui lui barre l'accès à l'excellence.
Si proche et pourtant si loin d'un ALL SHALL PERISH, symbole justement de l'efficacité qu'on adore à ses dépends dans le Deathcore, DEEP IN HATE s'en sort par harcèlement. Chronicles Of Oblivion ne lâche pas l'auditeur d'une semelle, lui rabâche les oreilles jusqu'à ce que ça rentre, tente parfois, échoue aussi mais propose un troisième album correct et renversant. Ca joue vite et bien. Quant à savoir si ça vous sera suffisant, après tout, c'est votre problème. Pas le leur.
Ajouté : Mardi 27 Mai 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Deep In Hate Website Hits: 11224
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