HYPOMANIE (nl) - Calm Down, You Weren't Set On Fire (2012)
Label : Valse Sinistre Productions
Sortie du Scud : avril 2012
Pays : Pays-Bas
Genre : Black Shoegaze instrumental
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 44 Mins
Lorsque l'on sait que les victimes d'hypomanie sont sujets à des symptômes psychologiques qui rendent l'humeur irritable, on se demande bien pourquoi Selwin a choisi ce nom pour son projet musical. Le one-man band a été formé en 2007 et a sorti à ce jour 3 albums. Si son premier jet tournait autour d'un Black Metal acéré, notre jeune ami s'est vite réorienté vers quelque chose de plus léger. Sous une cover épurée, ce Calm Down, You Weren't Set On Fire se présente à nous comme un voyage vers l'inconnu, dépourvu de paroles.
Etant donné que j'avais découvert le Shoegaze par le biais d'une formation beaucoup plus anonyme (MONDE CELESTE), je ne partais pas sans aucune base pour aborder cette œuvre. Pour être franc, la timidité et la brume si propre au style m'avaient séduit au plus haut point. Pour en revenir à notre néerlandais, il maitrise à merveille son sujet. Les guitares se font très discrètes et nous envoûtent dans une douce mélancolie. Les effets sonores occupent une place très importante et apportent une réelle personnalité aux compositions comme en témoigne "Alissa Loves Perfume", un morceau fort bien construit, qui offre une dose de créativité des plus rafraichissantes. Notre hôte sait également afficher une facette plus sombre et hargneuse afin de nous pondre un "Pale Blue" plus agressif que le reste sous ses accents Black Metal légers. Au final, le manque de paroles arrive sans problème à être comblé grâce aux instruments qui s'expriment bien plus efficacement que n'importe quelle corde vocale. Dans l'ensemble, Calm Down, You Weren't Set On Fire est un album d'une tristesse tellement joyeuse qu'elle vous enivrera au plus au point. Les structures des musiques en elles-mêmes sont répétitives et dénuées de trop de complexité, ce qui est ici loin d'être une mauvaise chose. De nos jours, peu de galettes peuvent se vanter de nous prendre aux tripes de cette façon et de nous plonger dans un monde pur ou seul cette lancinante mélodie nous berce, sans rien pour la perturber. Ne voyez-vous pas la pluie qui frappe votre visage et dégouline le long de vos joues ? L'herbe et les arbres se gorgent d'eau sans broncher, tandis que le disque termine sa course sur la courte "You Never Listened To The Birds". Et je suis dans le regret de te dire que si, mon cher Selwin. Chaque jour que Dieu fait, leurs cris résonnent dans les tréfonds de ce qui me sert d'âme. Mais ils se meurent, de plus en plus, dans le silence le plus absurde. C'est bien là tout le problème de notre monde : l'indifférence.
Au final, inutile de s'apitoyer sur notre sort en vain. Il vaut mieux tenter de se réconforter du mieux que l'on peut. Pour tout vous dire, cet album s'est présenté à moi comme un ami dont j'ai été heureux de faire la connaissance en l'espace de trois quart d'heure. Il ne m'a pas parlé beaucoup, mais rien que sa présence m'apaisait. Son regard ne s'est jamais tourné vers moi, et pourtant je savais que je pouvais compter sur lui. Après avoir tracé sa route sans se retourner, je n'ai éprouvé aucune tristesse, juste un faible sourire. Il reviendra bientôt, plus fort, et surtout plus souffrant. Et encore une fois, personne ne pourra rien faire.
Ajouté : Vendredi 09 Mai 2014 Chroniqueur : Nash Score : Lien en relation: Hypomanie Website Hits: 6922
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