CUB3 (FRA) - Tout le groupe (Août-2013)
Voilà, ça devait arriver. Après quatre années de tergiversions diverses, les Français de CUB3 sont enfin passés aux actes. On ne croit plus à l’amour quand il vient de nous quitter et pourtant, le coup de foudre est arrivé, aussi imprévu qu’intense. La faute à Identité, savant mélange de Metal moderne introspectif, d’Indus rammsteinien et d’arrangements complexes. A l’occasion de la proche explosion de cette petite bombe en laquelle nous croyons, Metal-Impact a voulu en savoir plus sur les motivations de ce projet sorti de nulle part, en partant à la découverte de cinq garçons talentueux, motivés et intéressants. Entretien.
Line-up : Mathieu (chant et guitare), Dgé (guitare), PJ (basse et chant), Guillaume (claviers et chœurs), Fabien (batterie)
Discographie : Démo (démo – 2010), Identité (album – 2013)
Metal-Impact. Salut messieurs, je suis Stef pour le webzine français Metal-Impact. Tout d’abord, merci infiniment de nous accorder cet entretien à quelques semaines de la sortie de votre premier album. La première question que j’aimerais vous poser, c’est évidement comment vous vous sentez à l’approche de la date fatidique ? Etes-vous sereins, angoissés, confiants, névrosés ?
Dgé. Salut Stef ! Merci à toi de nous accorder un peu de visibilité pour la sortie de ce premier album qui effectivement nous occupe pas mal l’esprit ! Nous n’avons pas encore atteint le stade de l’angoisse, mais disons qu’on essaie de tout cadrer, peaufiner, pour sa sortie... On va donc dire qu’on est concentrés ! Après, on reste lucide, c’est notre premier album, on sort de presque nulle part, on part vraiment de pas grand-chose, donc les moindres retombées seront positives.
MI. Pouvez-vous nous faire un bref résumé de l’histoire de CUB3 en mettant l’accent sur les moments qui ont été marquants pour vous (line-up, concerts, expérience studio...) et nous expliquer pourquoi avoir choisi ce nom et pas TRIANGL3 par exemple ?
Fabien. Le groupe s’est formé en 2009 sur la base des anciens membres de LA FIRME : Dgé, Mathieu et moi-même, qui venait de rendre l’âme pour des raisons de "disponibilités". Là-dessus on a commencé à faire pas mal de jam, on a essayé de trouver une direction. On est resté plus de 6 mois à trois, à cause de cette peur de trouver des membres peu impliqués ou sans disponibilités... Mais on a finalement rencontré PJ qui nous a rejoints fin 2009, et ça a tout de suite collé. Les compos ont commencé à aboutir, toujours dans cette optique que le groupe puisse avancer avec des membres motivés. Mathieu a pris définitivement le poste de chanteur, ce qui représentait vraiment un nouvel instrument pour lui.
Dgé. On ne nous avait jamais fait le coup de TRIANGL3 (rires) ! Pour le nom CUB3, on cherchait un nom court et à l’époque, l’idée d’un cube nous paraissait bien représenter le coté structuré de notre musique, compacte, au click, avec samples, etc... Et puis le concept d’un cube est intéressant : 6 faces égales pour former un tout cohérent et massif...
Mathieu. Il faut savoir qu’une vraie expérience de studio, on n’en a pas vraiment. On a plus une expérience de salle à manger, salon, ou salle de bain pour la réverb’, car on a toujours fait nos prises et nos mix à la maison ! Fabien a un peu de matos et de connaissances et on s’est toujours débrouillés comme ça, avec cette logique du DIY, propre au groupe depuis le départ. D'ailleurs, Dgé fabrique ses propres sous-vêtements en peau de bananes, on te fera suivre l’adresse de ses tutos sur YouTube (rires).
PJ. Pour les concerts, on a eu la chance de faire quelques dates vraiment sympathiques sur des configurations assez importantes, notamment le Hell’oween Fest avec JENX, DARKNESS DYNAMITE, etc... C’était vraiment marquant.
MI. Pour en revenir à ce premier album, quelles ont été les principales étapes de sa création ? Avez-vous rencontré des difficultés pour l’écrire ou l’enregistrer ?
Guillaume. Pour la composition des morceaux, le groupe existant depuis 2009, on avait déjà la majorité des titres qui étaient prêts. Les deux morceaux les plus récents sont "Ces Morts Qui Marchent" et "VS". L’écriture du chant en revanche représentait quelque chose d’assez nouveau pour chacun des membres mais finalement, on a fini par trouver un processus de création collectif assez intéressant : on a vraiment cherché un concept par morceau, puis autour d’une table, on a écrit tous ensemble pour la plupart des morceaux, ce qui a donné lieu à des débats d’idées intéressants.
PJ. Il est aussi arrivé qu’un thème touche particulièrement un membre du groupe et qu’il arrive avec 99% du texte écrit.
MI. En ayant cet album entre les mains et entre les oreilles, j’ai le sentiment que vous avez voulu créer un univers unique. Tout est en harmonie, de la pochette à la musique en passant par les textes. Y avait-il en vous ce besoin d’uniformité et d’arriver avec un beau produit fini sur le marché ?
Mathieu. Merci ! Absolument, on a vraiment cherché une unité. Il ne s’agit pas d’un "concept album" et les morceaux ont été composés à des époques différentes, mais on a vraiment essayé de proposer quelque chose de cohérent : l’artwork extérieur blanc, présente une forme de pureté, presque un coté virginal, une façade diront certains, le visage qu’on essaie tous de présenter à nos semblables, mais surtout à nous-mêmes. Cependant, lorsque tu ouvres le digipack, l’artwork bascule du coté obscur, ça n’a rien à voir avec les sous vêtement précités, et peut représenter la part d’ombre non exprimée avec laquelle certains vivent, et tous les questionnements qui vont avec...
Dgé. Libre à chacun de faire sa propre interprétation, mais on a vraiment essayé d’aller vers quelque chose de complet, d’aller au bout des choses. On ne sait pas combien de temps on va pouvoir faire de la musique donc autant essayer de faire les choses du mieux possible, avec les outils à disposition à un instant T.
MI. Musicalement, comment définiriez-vous la musique de CUB3 ? Quelles sont les influences musicales qui font qu’on en arrive à ce degré d’intensité, de précision ?
Guillaume. Notre musique est évidement dans un style Metal, mais on a beaucoup de mal à se rattacher à une école ou un code particulier. Il y a évidemment une touche Indus, mais aussi Death, et beaucoup de mélodies et d’ambiances assez particulières.
Fabien. Concernant les influences, au début, on avait vraiment en tête l’efficacité des titres de RAMMSTEIN et STATIC-X, pour produire quelque chose de direct. Puis on a commencé à introduire de nouveaux éléments, là-dessus, GOJIRA, LAMB OF GOD, DIR EN GREY, TOOL ont eu une certaine influence... Mais ce qui nous a poussé plus loin, c’est le travail sur les samples et les ambiances, qui nous viennent de B.O... On est plusieurs dans le groupe à beaucoup aimer les compositions d’Akira Yamaoka et de Danny Elfman entre autres.
MI. Ce disque base son concept sur un travail d’introspection, à la recherche d’une identité. De quelle identité parlez-vous ? Et sur une échelle de 1 à 10, à quel niveau pensez-vous avoir trouvé cette identité ?
Mathieu. Pour être clair, le mot "identité" est utilisé ici pour parler d’un tout. Ce premier album présente forcément le visage du groupe à un moment précis, mais le titre Identité renvoie surtout aux questionnements introduits par les textes, sur la connaissance et la pleine expression de soi-même. Nous continuerons certainement à utiliser des guitares électriques, une basse, des samples, des textes en français, donc si on parle de ces codes-là, oui, on a trouvé notre identité mais l’identité du groupe se forgera elle au fur et à mesure des compositions, albums, concerts, etc.
MI. Concernant les textes, vous allez évidement marquer des points en vous dévoilant comme groupe français qui chante en français. Pourquoi avoir fait ce choix ? Les artistes disent pourtant que le français est plus difficile à mettre en valeur dans des textes Metal...
Mathieu. Généralement, on ne marque pas de points en ayant fait ce choix...
PJ. Il est arrivé quelque fois qu’on nous félicite pour cette démarche, mais ça reste marginal.
Dgé. Le choix du français nous a paru évident, on ne voulait surtout pas écrire de la merde en anglais genre "j’ai traversé la route, j’ai vu le bout du chemin, sans me perdre dans la forêt, etc...". Bien évidemment, tous les groupes chantant en anglais ne sont pas dans ce cas de figure. "The Gift Of Guilt" de GOJIRA ou "Ghosts Of The Modern World" de HACRIDE sont vraiment très intéressants, mais on a préféré opter pour le français, et d’un point de vue terre à terre, la plupart des concerts que nous donnerons seront en France... Autant que nos textes soient compris.
Fabien. Bien sûr, on est conscient qu’on ne choisit pas la "facilité" pour du Metal, pourtant certains mots en français peuvent vraiment sonner de manière agressive et percutante. Des groupes comme RAMMSTEIN nous ont aussi peut-être influencé sur ce point en défendant leur langue maternelle dans leurs compositions.
MI. Qui rédige les paroles au sein du groupe et quelle importance ont-elles pour vous ? Dans quel état d’esprit se trouve votre parolier quand il écrit ? Il semble y avoir de la souffrance dans ces paroles...
Guillaume. Le parolier s’appelle en réalité Olivier. Il est nourri avec deux yaourts par semaine et ne sort de sa pièce de 7m² qu’au moment de l’écriture... Là, on lui offre un slip - voir les tutos - puis on le range, en attendant les prochains textes.
MI. Quelle serait la chanson de l’album la plus représentative de l’entité CUB3 et pourquoi ?
Dgé. "VS" ou "Ces Morts Qui Marchent". Ils représentent assez bien le côté violent et épique de notre musique, et les textes sont très intéressants dans ces deux morceaux qui ont la particularité d’avoir été composés à 100% en live.
MI. Quels sont les projets qui succèderont à la sortie de ce disque ? Allez-vous le défendre sur scène ? Une tournée est-elle dans les cartons ?
Dgé. Bien sûr ! On essaie de faire de notre mieux pour monter une tournée pour la fin d’année 2013 - début 2014 avec l’agence "L'Alchimie Des Ténèbres" et essayer de faire un maximum de dates en France. D’ailleurs, avis aux intéressés !
MI. Quelle importance accorde CUB3 à la scène ? Vous avez déjà partagé l’affiche avec de grands noms français dont BETRAYING THE MARTYRS, quelle expérience en avez-vous tiré ? Et si la possibilité se présentait d’ouvrir pour n’importe quel groupe, lequel choisiriez-vous ?
PJ. Le live reste quelque chose d'instantané, d’explosif. C’est un peu comme un sprint, une importante dose d’adrénaline, ce qui finalement est complètement éphémère et addictif. On adore vraiment ça et on souhaite vraiment que ce premier album soit un pont pour jouer le plus possible.
Guillaume. Pour BETRAYING THE MARTYRS, on a joué dans le même festival en 2011 au Hell’oween Fest en même temps que DARKNESS DYNAMITE, JENX, OTARGOS ou OFFENDING. En passant, merci Jésus et Sylvio ainsi que l’équipe. Effectivement, on a pris une énorme fessée sur le professionnalisme des gars, le jeu de scène, la concentration, l’intensité de leur set. Ça nous a montré la direction à prendre sur ces points, et l’investissement personnel qui en découle. Et pour la première partie, définitivement : LOS COLORADOS.
MI. Je citais plus haut BETRAYING THE MARTYRS. Que vous inspire l’ascension fulgurante d’un tel groupe ? C’est un destin qui vous fait rêver ou qui vous laisse plutôt indifférents ?
Fabien. En toute sincérité, on est assez peu nombreux dans le groupe à s’être penché à fond dans leur son. C’est très bien fait, ils ont leur truc. Leur parcours impose forcément le respect. Malgré nos âges, on est assez jeunes dans ce milieu et ce qu’on en voit n’est pas toujours "très joli" ni fun pour faire exister ton groupe... Les gars ont dû bosser comme des bêtes, promouvoir, contacter, relancer, étoffer leur réseau, rencontrer les bonnes personnes au bon moment, lâcher des thunes, provoquer les bonnes opportunités, etc... On n’en sait rien mais c’est sûr qu’un tel succès peut faire rêver.
MI. Avez-vous déjà eu quelques retours de la presse spécialisée concernant "Identité" et si oui, de quelle nature sont-ils ?
Mathieu. On commence à avoir des retombées, oui, et elles sont plutôt positives. Parfois, certaines personnes entendent des choses ou font une interprétation assez éloignée de la vision musicale, mais quoiqu’il arrive, ça fait bien plaisir d’enfin avoir un retour sur tout ce temps passé !
MI. Plus généralement, quel est votre avis sur la presse spécialisée, les webzines ? Est-ce un outil indispensable, au même titre que les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter sur lesquels vous êtes inscrits ?
PJ. Dans le cadre d’une musique plutôt marginale, oui absolument. Il faut des personnes motivées et avec une certaine culture de ce milieu pour le promouvoir. Même si les réseaux sociaux jouent un rôle très important dans la promotion d’un groupe, peu de personnes font la démarche d'aller chercher par eux-mêmes des groupes dans tel ou tel style de musique et se penchent simplement sur ce qui leur est présenté sur un plateau. Souvent, avec ce genre de réseaux sociaux, on a l’impression de faire partie d’une communauté, de suivre des choses presque underground... Alors que finalement on ne fait que suivre la tendance du moment.
Dgé. Ce sont définitivement des outils de communication puissants, bien plus que ceux qu’on a pu avoir par le passé.
MI. Que peut-on souhaiter à CUB3 pour la suite de l’aventure ? Quel serait l’accomplissement ultime pour vous ?
Guillaume. 20.000 "j’aime" sur Facebook, 14.000E pour un tour-support et un Iphone. Et que LOS COLORADOS fasse une cover d’un de nos morceaux.
MI. Merci les CUB3 pour le temps que vous avez accordé à cette interview. Nous vous souhaitons le meilleur et comme le veut la tradition, le mot de la fin est pour vous. Merci beaucoup.
Dgé. Merci à toi pour le temps consacré au groupe et nous avoir posé des questions pertinentes. Et tant qu’on y est, si des organisateurs de concerts sont intéressés pour des tutos live concernant la création de sous-vêtements en peaux de bananes, qu’ils nous contactent (rires) !
Ajouté : Jeudi 17 Octobre 2013 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Cub3 Website Hits: 13661
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