UNDERCOVER SLUT (FRA) - Amerikkka Macht Frei (2010)
Label : Offensive Records
Sortie du Scud : avril 2010
Pays : France
Genre : Shock Horror Sleaze
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 42 Mins
UNDERCOVER SLUT est un groupe parisien, bien connu de la scène underground, fondé il y a presque 20 ans maintenant.
Misant tout sur une attitude cheap n’trash de mauvais goût (tout y passe, le look, les textes, l’attitude, les albums), basée sur une esthétique de série B devant autant aux pires exactions cinématographiques allemandes qu’à la scène déviante US, le quatuor sans limites ose tout, et c’est même à ça qu’on les reconnaît. Certains prendront leurs jambes à leur cou, d’autres assisteront au spectacle l’écume aux lèvres.
Parfait exemple de ce que les frenchies savent faire de mieux (ou de pire, c’est selon), Amerikkka Macht Frei est la réédition de leur second album qui avait fait grand bruit à l’époque et leur avait ouvert les portes du marché US. Il est assez amusant de constater d’ailleurs que le public américain fut séduit par un groupe français reproduisant ses propres travers… Mais on accepte parfois le miroir que nous tend l’autre… Et il faut avouer que celui dressé par UNDERCOVER SLUT est tout sauf déformant.
Musicalement, pas d’épiphanie, mais un savant mélange de recettes déjà éprouvées, parfois reproduites à l’identique, parfois transcendées. Un poil de MURDERDOLLS, de WEDNESDAY 13, et surtout, une énorme louche du MANSON pré Antichrist Superstar, à savoir le premier LP Portrait Of An American Family, et le EP Smells Like Children. En gros, une tentative d’adapter les séminaux CRAMPS à l’époque, la culture intouchable en moins et la provoc’ louche et gratuite en plus.
Mais ne vous méprenez pas, le bal est loin de sentir le rance et les frusques humides… Le groupe a en effet le mérite de se lancer dans le concept les deux pieds en avant, et nous assène dans ses plus grands moments de véritables hymnes Cooperiens, comme si le « I’m Eighteen » de mister Furnier slowait d’un peu trop près avec le « Lunchbox » de Brian Warner.
Et lorsque toutes les pièces du sale puzzle se mettent en place, c’est véritablement détonnant. Ainsi, les hymnes à la débauche que sont « Shadow Song » et son up tempo diabolique, ou « Kastration Kar Krashes » font monter la sauce à la lisière du débordement, et le mauvais goût le dispute alors à une science du riff indéniable. Les vocaux blasés et nasillard de O collent parfaitement à l’ambiance générale, et le monsieur loyal n’a plus alors qu’à laisser le tapis rouge sang se dérouler.
Bien sur, le mimétisme avec Manson est parfois un peu trop troublant, comme sur « Anna Nicole Smith » (la classe…), qui ressemble à un démarquage parfait sur le thème de « Tourniquet », mais je crois que les gars ne s’en cachent pas plus que ça… C’est de plus un très bon morceau, heavy, malsain, troué de samples judicieux et autant morbides que sexy. Alors pourquoi s’en priver ?
Le groupe utilise en effet à merveille la technologie, et outre les samples pré cités, distille les arrangements électroniques qui dynamisent la musique (« WHITE WHORE Conspiracy », « Black CNN » techno Rap Sleaze du meilleur tonneau, « Creature Feature », savant hommage à la culture US et ses programmes télé improbables), sans oublier de s’écarter des chemins balisés, avec un surprenant et glauque « Jesus Kills! Coroner Saves! », qui flirte avec la scène gothique du début des années 80, et se permet même d’exhaler un doux parfum BAUHAUS. Et terminer l’album sur une touche aussi atypique est décidemment une preuve supplémentaire que les musiciens n’en font qu’à leur tête…
Et c’est tant mieux dirais-je. Parce que parfois, il faut savoir pousser le bouchon un peu loin pour se faire entendre. Le Rock aura toujours besoin de trublions.
Alors certes, Amerikkka Macht Frei, et par extension UNDERCOVER SLUT ne sont pas exempts de défauts, et on a parfois l’impression que la machine tourne à vide en se reposant sur des gimmicks un peu trop systématiques, mais l’ensemble dégage une telle odeur faisandée qu’il serait déplacé de faire la fine bouche. Les titres efficaces ne manquant pas, il est évident que cet album à sa place dans toute discothèque un peu branque.
A l’instar de formations comme THE CNK ou PUNISH YOURSELF, UNDERCOVER SLUT fait vivre l’underground français à grand coups de provoc’ et de riffs catchy, réussissant par la même à adapter une image très travaillée à une musique efficace et viable.
Et si cela vous dérange, vous pouvez toujours aller écouter du Vincent Delerm chez Christine Boutin.
Ha, non désolé. On me dit qu’elle est déjà sur le site du Hellfest avec des capotes.
Ajouté : Mardi 27 Août 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Undercover Slut Website Hits: 7712
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