BLACKRAIN (FRA) - It Begins (2013)
Label : Columbia
Sortie du Scud : 10 Juin 2013
Pays : France
Genre : Heavy Metal Glam
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 40 Mins
Le travail finit toujours par payer. Certes, cette maxime est d’une lénifiante simplicité, mais quoi de plus vrai dans le cas de BLACKRAIN ?
BLACKRAIN, depuis le début, c’est la controverse. Il y a les fans, qui défendent le groupe bec et ongles, et les détracteurs, prompts à les enfoncer dès que le cas se présente.
Et il y a peu, le cas s’est présenté sous la forme d’une émission télévisée, à laquelle ont participé nos glameurs favoris. « La France à Un Incroyable Talent » n’est certes pas l’exemple même de télé-crochet sur lequel on s’attarde lorsqu’on a envie de découvrir les talents de demain, mais ça n’a pas empêché notre quatuor d’y voir une fantastique opportunité. Opportunité qui s’est avérée payante, puisque le combo est parvenu jusqu’à la finale, et a vraiment marqué les esprits.
Mais las, les esprits chagrins ne leur ont que très peu pardonné cette incartade, que les plus conciliants ont qualifiée de blague, et que les moins tolérants ont raillée à outrance.
Je me permettrai de donner mon avis sur le sujet, avant de le clore définitivement. Les mecs, vous avez eu raison, car lorsqu’on fait du Rock, et à fortiori du Hard Rock en France, il faut sauter sur toutes les occasions de se faire connaître, et celle-ci en était une bonne.
Bien vu, bravo, sujet clos.
It Begins. C’est ici que les choses sérieuses commencent. Max, Swan, Math et Frank ne le savent que trop bien. Aussi fameux soient-ils, Licence To Thrill et Lethal Dose Of… ne sont plus maintenant que des étapes du passé, solides bases sur lesquelles les quatre musiciens peuvent s’appuyer pour regarder vers l’avenir et préparer les set list de concerts. Rien de plus. Parce que la route est encore longue, et celle qui démarre aujourd’hui est la plus dure à affronter. C’est la route qui, à un moment T se sépare en deux. D’un côté, celle étroite et endommagée de l’oubli, et de l’autre, l’autoroute vers le succès, pavée d’or et de reconnaissance. Laquelle allez vous emprunter ? Je ne sais pas, mais une fois de plus, vous avez mis tous les atouts de votre côté.
Depuis cette émission, le statut de BLACKRAIN a bien changé. Ils ont signé sur une major, Columbia (Sony Music), se sont fait produire leur nouvel album par Jack DOUGLAS (AEROSMITH, PATTI SMITH, BLUE ÖYSTER CULT, NEW YORK DOLLS, CHEAP TRICK, on fait ce qu’on peut…), et sont devenus numéro un des pré commandes digitales sur Amazon. De quoi faire tourner bien des têtes. Sauf que celles de Swan et sa bande sont bien accrochées. Alors, allons-y, parlons de ce nouvel album que beaucoup de fans attendaient au tournant, dont votre serviteur, fan du groupe depuis ses débuts.
Et pour ceux étant dans mon cas, la transition va être brutale. Car vous vous doutiez bien que l’équation major+producteur en or n’allait pas se résoudre avec la même facilité et désinvolture que les précédentes, qui fleuraient encore bon l’autoproduction et la débrouille.
BLACKRAIN, comme tant d’autres avant eux, a perdu à l’occasion de ce nouvel essai king size sa candeur, son côté « bordélique MAIS sincère », et sa folie débridée. Ils sont devenus pros, carrés, ont composé des hymnes aptes à séduire le grand public, en gros, ils sont devenus compétitifs. Et inutile de leur reprocher quoi que ce soit, car ils ont eu raison. On appelle ça la maturation, la progression, l’adaptation au marché. En gros, le professionnalisme.
It Begins est propre, c’est un fait, d’aucun diront sans doute, « trop ». C’est pourtant du Hard Sleaze du meilleur tonneau, avec toujours ce savoir faire indéniable qu’a Swan pour composer des hymnes instantanés et accrocheurs. Alors oui, les titres sont sans doute un peu simplistes, mais BLACKRAIN est un party band, un Teen bubble four-piece dans la plus grande tradition, et n’ont jamais prétendu être autre chose. Alors les « Wild Wild Wild », « Death By Stereo », « Ho Hey Hey Hey Hey », aussi évident soient ils, sont de véritables trésors, de jolies bulles de savon qui vont exploser live dans une ambiance surchauffée. On ne change pas une recette qui gagne, on l’adapte c’est tout.
Mais derrière ce paravent d’évidence se cachent aussi des innovations, qu’il convient de mettre en avant.
En première ligne, le surprenant « Re-Evolution – New Generation », au doux parfum Heavy sudiste, samples à l’appui et rythme lourd en surplomb.
« Nobody But You », ballade aux doux accents AOR à l’américaine aurait sans doute fait un malheur sur les FM US dans les années 80. La voix de Swan se fait plus délicate (saluons d’ailleurs son travail énorme sur cet album pour moduler sa voix), l’instrumentation est larger than life, et le refrain est une perle mélodique telle que les JOURNEY/BON JOVI pouvaient les pondre à l’époque, et les chœurs bien placés sont diablement efficaces. Du beau boulot.
Presque Pop, « Cryin’ Tonight » est aussi étonnante, et révélatrice de cette nouvelle facette du groupe, qui n’oublie pas de s’ouvrir à l’univers du grand public, sans pour autant renier ses racines. Digne héritière des girls band sucrés des années 60, cette chanson est un plaisir majeur que personne ne devrait se refuser.
Le reste est bien sur constitué de ce que le quatuor sait faire de mieux, avec toujours ce son si clair, puissant, profond, qui met en valeur les meilleures compositions tout en donnant suffisamment de patine aux plus tièdes pour qu’on ne les rejette pas en bloc. Moins Sleaze bien sur, plus adapté au marché, mais pro, très pro. Et puis, quel intérêt de refaire sans arrêt le même album, et de ne pas profiter des armes qu’on vous offre, qui ne sont d’ailleurs offertes qu’en récompense du travail accompli ?
Alors maintenant que cet album est sorti, les critiques vont pleuvoir, et aucun parapluie ne saura protéger le groupe… Ils auront sans doute droit aux « Vendus ! » d’usage, à la jalousie, la médisance, le mépris, mais aussi la fidélité d’un public acquis à leur cause, et qui les suivra, comme nous il l’a toujours fait depuis le début. Et je croise les doigts, je brûle un cierge pour que cet album marche, ce qui ne serait que la conséquence logique d’une abnégation de tous les instants, d’un travail acharné, d’une faculté à saisir sa chance que bien des groupes pourraient leur envier, et leur envieront.
Et au-delà de tout ça, It Begins, malgré ses défauts, est un bon album. Un très bon album.
Alors roulez les gars, et à fond. Et ne loupez pas l’embranchement. Beaucoup se sont trompés avant vous.
Ajouté : Mercredi 19 Juin 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Blackrain Website Hits: 10392
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