DEVOURMENT (usa) - Conceived In Sewage (2013)
Label : Relapse Records
Sortie du Scud : 19 février 2013
Pays : Etats-Unis
Genre : Brutal Death Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 33 Mins
Vous la sentez monter en température, la vindicte populaire ? Non parce que moi, je sors tout juste d’une écoute intensive de Conceived In Sewage, le dernier fœtus de DEVOURMENT et en tant que grand admirateur de leurs travaux passés, je me sens transi par la lucidité d’une telle situation. Peut-être même qu’on va en entendre parler pendant encore des semaines, parce que cette sortie, aussi anodine soit-elle, est une microscopique révolution, mais une révolution quand même. Pour la faire courte, DEVOURMENT, ça se résume encore aujourd’hui à Molesting The Decapitated, l’album de Brutal Death qui aura donné ses lettres de noblesse à la mouvance Slamming Death, provoquant dans la foulée l’ébullition de cette scène au final assez récente. C’était en 1999 et ça n’a pas pris une ride. Pour le reste, DEVOURMENT c’est aussi Butcher The Weak en 2005, un disque qui célèbre une reformation après trois années de flottement et Unleash The Carnivore en 2009. Autant d’œuvres calibrées mais pâteuses qui ne rendent pas hommage à un premier effort jusqu’ici inégalé. Ne comptez donc pas trop sur Conceived In Sewage qui, si on suit ma logique du « c’était mieux avant », persiste dans ce côté régressif.
Et pourtant, après l’avoir analysé sous toutes ses coutures, je ne peux m’empêcher de penser que même si ça ne ressemble pas au DEVOURMENT que je connais, cet opus est d’un niveau absolument honorable, tant dans l’effort qui suinte du processus d’écriture que dans la témérité. Fausses pistes, vrais choix. Et parmi ceux là, difficile d’ignorer la prestation déroutante de Mike Majewski. C’te truie, généralement si douée pour imiter un pourceau coincé dans une chasse d’eau, a abandonné ses couinements hystériques au profit d’un vrai growl estampillé Brutal Death et partiellement découenné. L’initiative est horripilante l’espace de « Legalize Homicide », une politesse froide mais néanmoins nécessaire avant de résonner comme une évidence. Majewski a eu les couilles de sortir de son confort personnel au profit de cette nouvelle orientation et non seulement c’est respectable, mais ça tient aussi la route techniquement. Je ne suis généralement pas fan de ce type de Brutal Death, groovy mais pas assez pour être Slam, gras mais bénéficiant néanmoins d’une production superflue, qui manque à mon goût d’instantanéité (Erik Rutan rpzt). Il y a un semblant d’incohérence dans tout ça mais là encore, c’est tout le charme d’un album qui en joue à chaque seconde. On attendait au tournant l’icône DEVOURMENT après un Unleash The Carnivore moins tonitruant encore qu’un pet de Carla Bruni. On a droit au DEVOURMENT rangé mais mature, presque un groupe de Brutal Death qui se noierait dans la masse si son nom n’était pas aussi prestigieux. Et pour être franc, cette nouvelle mouture m’émerveille, car j’attends justement d’une telle formation qu’elle ne ressorte pas toujours les mêmes recettes de son micro-onde. Guitares rigidifiées, moins chewing-gum, plus explosives, tout en gardant ce petit groove malin, la panoplie de riffs ici présents vaut le détour. Une fois encore, c’est une grande nouveauté que d’entendre cette conception du Brutal Death selon DEVOURMENT. Talent. Parce qu’au final, les Américains rentreront dans le rang avec cette sortie et que ce blaze ne voudra peut-être plus jamais dire la même chose. Comme si Conceived In Sewage était une libération, un premier pas vers des choses moins aléatoires mais plus essentielles. Mention spéciale à « Fifty Ton War Machine », l’illustration du Death nerveux, huileux et psychotique comme je l’aime.
Alors avec le recul, je me fiche de me faire quelques ennemis avec cette chronique. Je le dis tout net : Conceived In Sewage est une superbe surprise dans le sens où DEVOURMENT fait volontairement un pas en arrière pour mieux en faire deux en avant. Cette évolution renferme peut-être une part d’autocritique, finement dissimulée derrière le prétexte du besoin le plus légitime. Mais en tout état de cause, je préfère cent fois avoir à écouter un Conceived In Sewage différent qu’un Molesting The Decapitated que je connais déjà.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Devourment Website Hits: 10008
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