BECOMING THE ARCHETYPE (usa) - I Am (2012)
Label : Solid State Records
Sortie du Scud : 18 septembre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metalcore progressif
Type : EP
Playtime : 11 Titres - 51 Mins
Le sens de la démesure. Après la saignée subie dans son effectif dans la foulée d’un Celestial Completion, quatrième album déjà bricolé avec les moyens du bord, on ne voyait pas vraiment BECOMING THE ARCHETYPE se relever. Brent Duckett (batterie) et Jason Wisdom (basse), deux des trois membres fondateurs restants, ont plié bagage, laissant le pauvre Seth Hecox définitivement seul après les défections de Jon Star et Sean Cunningham. Et pourtant, ce colosse aux pieds d’argile est toujours debout et pousse même le vice jusqu’à sortir un cinquième opus en cette année 2012. I Am. Je suis. Vivant, probablement. Comme un message adressé par Seth à ses anciens partenaires. Du côté, des anecdotes technico-techniques, on remarquera une pochette signée Dan Seagrave (le même qui a dessiné celle du Altars Of Madness de MORBID ANGEL en 1989), laquelle évoque étrangement celle du Dead Throne de THE DEVIL WEARS PRADA (elle aussi œuvre de Seagrave). Autre domaine, autre choix, les noms des chansons commencent tous par « the ». Ceux qui ont posé une oreille sur le dernier ATTACK ATTACK ! (This Means War) se souviendront peut-être d’une convergence à ce niveau.
Mais le plus important reste bien évidement le contenu de cette cinquième galette et surtout, l’apport substantiel de nouveaux musiciens. D’une manière positive ou négative, I Am va nous apprendre des choses. Par exemple, que BECOMING THE ARCHETYPE réduit sérieusement sa marge de manœuvre. Ou alors, que BECOMING THE ARCHETYPE a perdu de son ambition et de son égo. Ou encore, et c’est là le plus tragique, que BECOMING THE ARCHETYPE est devenu quelconque. Ce groupe, qui a forcé son destin grâce à un Metalcore progressif et très volumineux, illuminé par des prises de risque fantasques (éléments jazzy, solos de trombones, atmosphères hindous, orchestrations voluptueuses, pianos endiablés) s’est garé en double-file, faute de place. Il n’y a définitivement plus d’espace, ni même de clémence, pour ce Metalcore basique, aussi efficace soit-il. Tout au long de ces 37 minutes, j’ai attendu le déclic, le coup de folie digne d’un « Cardiac Rebellion », qui aurait fait basculer I Am dans le génie. Mais à part deux ou trois refrains en chant clair (« The Sun Eater », « The Ocean Walker »), rien de concret. « The Machine Killer » était-elle censée matérialiser cet état de grâce ? Des pianos discrets posés sur des boucles électroniques à deux doigts de tomber dans le Dubstep pendant deux longues minutes, je trouve ça plutôt nul comme inspiration divine. Alors oui, vous avez raison, c’est peut-être mieux que le classicisme affiché par « The Sky Bearer » ou « The War Ender », mais de la part d’une formation qui a pondu une instrumentale comme « Nocturne », c’est sacrément tristounet. Au rayon des satisfactions, on pourra toujours se dire que Chris McCane, le nouveau vocaliste, n’a pas mis trop longtemps pour faire oublier Jason Wisdom et que les solos Heavy ont toujours autant de prestance, mais cette affirmation est peut-être tronquée par la qualité très médiocre d’un Metalcore qui peine presque à justifier son statut de Metalcore « progressif ». Peut-être Seth a-t-il voulu donner un nouvel élan à son projet, peut-être a-t-il voulu tirer un trait sur le passé. Mais quoiqu’il en soit, il n’était pas encore temps de prendre ce virage, surtout après un Celestial Completion très abouti artistiquement, et ce malgré déjà quelques problèmes de line-up. Il est clair que l’osmose n’est pas encore idyllique entre les membres et je ne pense pas, très sincèrement, que Cody Watkins (basse), un drôle de clone de Jonah Hill soit dit en passant, ni Chris Heaton, deux anonymes dans le milieu, aient pu imposer quoi que ce soit à un Seth Hecox visiblement dépassé par les évènements.
Je ne cherche pas à incriminer qui que ce soit. Je dis simplement qu’après quatre sorties de bonne (voire de très bonne) facture, I Am est de loin une contreperformance. Il est l’album de Metalcore progressif qui n’a plus rien de progressif. Il est l’album le plus générique jamais écrit par BECOMING THE ARCHETYPE. Il est l’album porté sur le blasphème, et ce n’est pas évident à accepter pour un groupe Metalcore chrétien. Il est la mauvaise surprise de cette fin d’année. Il est, il est, il est… Voilà qui suffira à justifier son titre. I Am.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Becoming The Archetype Website Hits: 8572
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