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ERIC CLAPTON : La Vie En Blues (2003)





Auteur : David Perrault
Langue : français
Parution : 8 novembre 2003
Maison d'édition : Le Castor Astral
Nombre de pages : 519
Genre : Biographie
Dimension : 15 x 23 cm
ISBN-10 : 2859205268
ISBN-13 : 9782859205263








Nous sommes en Avril 1995. Votre serviteur, âgé d’à peine 17 ans, ne jure que par SLAYER, METALLICA et MEGADETH. Pourtant, depuis quelques mois, son père lui parle d’un évènement à venir et à ne louper sous aucun prétexte. D’ailleurs, les places sont déjà réservées. Bien qu’entièrement voué à la cause du Thrash Metal et reniant toute autre forme de musique, ce jeune trou du cul pressent qu’effectivement, quelque chose de spécial va se produire.
Ce quelque chose de spécial, c’est la venue d’Eric Clapton à Bercy (la tournée s’appelle alors « Nothing But The Blues »). Oui, oui, ce guitariste de Blues, qui commence à lui chauffer les oreilles avec ses chansons acoustiques « unplugged » qui inondent les ondes … Depuis ses plus jeunes années, Clapton et d’autres pointures des années 70 (les STONES, Rory Gallagher, ALLMAN BROTHERS, etc …) constituent les galettes de référence du « padre » et tournent en boucle le soir (pendant les devoirs) ou le Week End à la maison.
En cette douce soirée d’Avril 1995, donc, dans un Bercy archi-comble, Clapton va laisser son public en pleine extase et livrer une prestation tout simplement sensationnelle. Plus de 2h30 de concert, entamé par un petit show acoustique, dans un sobre costard blanc, et achevé par un « Crossroads » d’anthologie …
J’aime autant vous dire que le trou du cul que j’étais a assisté là à son meilleur concert de tous les temps, loin, bien loin devant tous les autres, et ce tous styles confondus. Peu enclin à accepter la présence divine, j’ai du me rendre à l’évidence : ce soir là, j’ai vu Dieu de mes propres yeux.
« Dieu », c’est le surnom dont est affublé Clapton à 20 ans. David Perrault, lui, considère Clapton comme étant « la réponse terrienne au martien Hendrix ». Voilà qui semble plus juste. Si Perrault n’a de commun que le patronyme du grand Charles, Eric Clapton, La Vie En Blues ressemble quand même étrangement à un conte. Pas un conte de fées, non.
Dès les premières pages (la biographie suit un ordre naturellement chronologique), on comprend bien vite que la vie de Clapton ne peut pas être qualifiée de « féérique ». Né le 30 Mars 1945 d’une anglaise mineure (Patricia, 16 ans) et d’un soldat canadien (Howard Fryer) qui a tiré son coup avant de rentrer au pays, Eric Patrick Clapton voit sa mère l’abandonner dès ses premiers mois (elle part vivre en Allemagne). Elevé par ses grands-parents, le bâtard du village, où tout se sait et où les préjugés font mal, se marginalise très tôt et appartient à ces enfants « à part ».
Les véritables joies de son enfance, Eric les trouve dans la musique. Ado, il n’apprécie guère les groupes british à la mode qu’il trouve trop « pompeux ». Les BEATLES ? Trop peu pour lui. Eric ne jure que par Freddie King et le Blues noir américain. Si le guitariste boutonneux a un jeu de piètre qualité, le jeune adulte six-cordiste qu’il devient acquiert bientôt une certaine renommée. Convoité entre autres par les ROLLING STONES et les BEATLES, le soliste au jeu raffiné débute finalement avec les YARDBIRDS (lui succèderont quand même Jimmy Page et Jeff Beck). C’est le commencement d’une vraie vie de Rock Star.
Pourquoi Rock Star ? Vous allez me dire, Clapton c’est le Blues et rien d’autre. Faux. Archi-FAUX. Et c’est là que la biographie écrite par Perrault fourmille d’anecdotes et de détails qui en disent long sur la carrière de « God ». Si d’apparence, de nos jours, Clapton a tout du tonton idéal, il n’en fut pas toujours ainsi. Clapton, c’est le chaînon manquant entre le Blues, le Rock, le Reggae et le Hard, à l’image de son jeu fluide, fait d’accalmies, de passages psychédéliques et d’envolées jouissives. Comme toutes les périodes qu’il a traversées et dans lesquelles il a joué un rôle majeur.
Clapton, c’est la musique du 20ème siècle dans tous ses excès. Consommateur de cocaïne et d’héroïne, il se persuade d’ailleurs à ses débuts qu’un bon morceau ne peut être composé ou joué que sous acides … Alcoolique et ivre les ¾ du temps, il se rend coupable de concerts désastreux et met sa santé en danger. On lui découvre un ulcère de la taille d’une orange dans le bide, et on se demande encore pourquoi ce mec n’est pas mort 10 fois. Il survit à Jimi Hendrix (son « frère »), Janis Joplin, Keith Moon (batteur des WHO), ou encore Stevie Ray Vaughan. Amateur de femmes (Patty, la femme de George Harrison, restera à jamais son grand amour, et il lui écrira … « Layla »), il collectionne les conquêtes comme il descend les verres de Cognac : Michelle Pfeiffer, Naomi Campbell, Sheryl Crow, et un tas d’autres beautés plus ou moins connues.
Clapton, c’est la musique du 20ème siècle sans frontière, non cloisonnée, imaginative et transcendante. Après quelques mois passés auprès du Bluesman John Mayall, Eric fonde avec le bassiste Jack Bruce et le batteur Ginger Baker le premier power-trio révolutionnaire : CREAM. Et là, j’aime autant vous dire que ça dépote sévère sur « White Room » ou « Sunshine Of Your Love », dont on se demande encore pourquoi le riff n’est pas aussi célèbre que celui de « Smoke On The Water » … Je ne saurais que trop vous conseiller d’écouter les versions remasterisées de Disreali Gears ou Wheels Of Fire. On tient sûrement là les balbutiements d’un Rock très Hard … si vous voyez ce que je veux dire. Le Grand Jimi se charge de la suite quelques mois plus tard. Les deux bonshommes vivent d’ailleurs leur rencontre comme une prodigieuse révélation. Avant d’être cruellement séparés …
La suite de la carrière discographique de Clapton est composée d’albums de légende (le Layla de DEREK AND THE DOMINOS, Eric Clapton, Journeyman ou From The Cradle en solo) et de sorties très discutables (les albums produits par Phil Collins ou Pilgrim en tête). Il touche à tous les styles, joue avec tout le monde (de DIRE STRAITS à Phil Collins en passant par John Lennon, Peter Tosh des WAILERS, George Harrison, Tina Turner, Bob Dylan, B.B. King ou encore Richie Sambora) et accède au rang de « légende vivante ».
Clapton, c’est aussi la vie qui vous prend au ventre et vous met les larmes aux yeux. C’est un guitariste anglais qui va payer lui-même les royalties qu’il doit aux Bluesmen noirs américains, avec des valises remplies de billets, quand d’autres les pillent et plagient sans aucun scrupule (citons au hasard LED ZEP et son « Whole Lotta Love »). C’est un Anglais solitaire qui est sauvé par ses potes et peut compter sur des amitiés sincères, comme celles de Pete Townsend des WHO et George Harrison.
C’est un mec qui perd son fils de 3 ans, Connor, alors qu’il comprenait enfin le bonheur d’avoir un petit garçon aux yeux émerveillés …
Perrault, bien que très lucide et très objectif sur la véritable nature excessive de Clapton, décrit ses faits et gestes avec une affection toute particulière. Il y effectue un travail d’archives impressionnant, à l’aide de témoignages précieux et inspiré parfois d’autres biographies, pour aboutir à un ouvrage qui se dévore comme un passionnant roman. A travers la vie de Clapton, c’est une série d’époques dans lesquelles on se plonge, avec tout ce que cela comporte : mode, tenue vestimentaire, politique, etc … Et pour une fois qu’on parle de Clapton sans entendre parler de Patrick Verbeke surnommé « Monsieur-je-sais-tout-à-propos-de-Clapton », ça fait du bien !
Merci, Monsieur Perrault, de m’avoir permis d’en découvrir un peu plus sur la vie de ce grand Monsieur qu’est Eric Clapton. Je comprends un peu mieux le Rock, le Blues, et ce qui en découle.
De tout mon cœur, merci David.
Et merci Papa.


Ajouté :  Lundi 04 Mai 2009
Chroniqueur :  NicoTheSpur
Score :
Lien en relation:  Le Castor Astral Website
Hits: 62811
  
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