TENEBRARUM INFANTEUS (FRA) - Sous Les Cendres (2011)
Label : M & O Music
Sortie du Scud : septembre 2011
Pays : France
Genre : Cyber Techno Indus
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 50 Mins
TENEBRARUM INFANTEUS se forme à Paris en 2004 sous l’impulsion de S.T et JiM-NK. Bien décidés à imposer leurs vues sur la musique Techno Industrielle, ils s’entourent de trois autres comparses, et à force de travail, sortent l’EP Addiction en 2007.
Trois ans plus tard, ils passent enfin au format long, sûrs de leur identité. Et me voici donc en train d’écouter le fruit de leurs réflexions, Sous Les Cendres, un album ma foi assez inhabituel dans le landernau des musiques extrêmes françaises.
Non par son optique de style, mais de par son traitement.
D’abord, le choix du chant en français. Ce qui pourrait au départ se révéler être un handicap de taille (phonétiquement, commercialement) s’avère en fait être un sérieux atout pour TENEBRARUM INFANTEUS, car l’angle résolument macabre/enfantin de leurs textes ajoute un je ne sais quoi de malsain à l’ensemble.
Un petit côté Mylène Farmer/Amélie Morin, fausse innocence, réel vice, qui donne une dimension étrange aux chansons.
Musicalement, Sous Les Cendres est un habile mix entre les arrangements de BIRTHDAY MASSACRE, et les répétitions robotiques de FRONT 242 / FRONTLINE ASSEMBLY. Du Techno Indus candide en quelque sorte, privilégiant les mid tempo dansants et les mélodies accrocheuses.
En s’arrêtant là, l’affaire pourrait être vite pliée.
Mais il y a quelque chose en plus, comme un détail sur une photo que l’on ne remarque pas au premier coup d’œil. Une ombre, un sourire étrange, quelque chose qui ne devrait pas être là.
C’est ce mélange entre la candeur de la voix féminine et la rugosité malsaine de la voix masculine qui aboutit à cet équilibre instable qui dérange. Une apparente froideur, comme l’affrontement entre la poupée qui protège et le croquemitaine qui se cache dans le placard.
A bien des égards, et outre les influences évidentes à la première écoute, j’oserais un parallèle très intéressant qui va certainement faire bondir bien des adeptes.
Car au fur et à mesure de l’avancement de l’album, Sous Les Cendres m’a ramené aux bons souvenirs de certaines formations françaises du début des années 80, qui osaient déjà un mélange inquiétant entre la froideur de la Pop/Cold Wave synthétique et les sonorités ludiques de la Pop digitale. Je pense notamment, et c’est mon premier choix à TAXI GIRL, qui sur Seppuku s’amusait de paroles vraiment déprimantes, posées sur des nappes de synthé joyeuses.
Et si je pousse le bouchon encore plus loin, je pourrais même évoquer MATHEMATIQUES MODERNES, qui tentait sur un album unique une hybridation particulière entre KRAFTWERK et les débordements au Korg à venir.
Cette apparente froideur du chant décalé par rapport à un tissu musical dansant se retrouve ici chez TENEBRARUM INFANTEUS.
Qui ose même sur le magnifique « Carnival » développer un thème de fête foraine cauchemardesque particulièrement réussi. On se retrouve en plein dans la séquence mythique de Carnival Of Souls, lorsque l’héroïne se retrouve piégée dans un espace temps pour le moins inconfortable, entourée de spectres pas forcément animés de bonnes intentions.
Les morceaux les plus évidents de cet album, une fois extraits, sont bien sur parfois répétitifs. L’ombre de JESUS ON EXTASY plane même parfois sur eux, d’une manière légère. Et, si l’extension n’est pas trop osée, une sobre touche de STOLEN BABIES vient même se poser sur quelques intonations.
Et lorsque le quintette se résout à varier le tempo (« Un Arc En Ciel De Douleur »), il parvient à rendre l’ambiance encore plus suffocante.
Mais en parlant de ces fameuses répétitions, elles me paraissent indispensables à la cohésion de l’album, qui se pose en conte enfantin onirique et dérangeant, sorte de rencontre improbable entre Charles Perrault et Benjamin Lacombe.
Des silhouettes étranges, fredonnant des comptines et des berceuses maladives, qui vous empêchent de trouver le sommeil.
C’est en tout cas une bien belle réussite. Qui mérite amplement un équivalent visuel à la hauteur de ses ambitions sonores. Les groupes français sont décidemment de plus en plus intéressants…
Ajouté : Mercredi 12 Décembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Tenebrarum Infanteus Website Hits: 8832
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