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SOILWORK (se) - Björn "Speed" Strid (Jan-2013)


Si SOILWORK ne fait pas encore partie de la catégorie des dinosaures du Metal, cette distinction étant réservée à toute la vague des années 80, les bougres ne sont pas des petits jeunots déboulant des plaines suédoises sans crier gare, il y a bien longtemps qu'ils ont fait leurs classes. On pourrait même affirmer que nos lascars sont d'office à classer dans le club très fermé des vétérans. L'aventure a commencé en 1995 lorsque Björn « Speed » Strid et son acolyte Peter Wichers fondèrent INFERIOR BREED qui devint très vite SOILWORK. Si nos suédois s'étaient rapidement fait remarquer dans leur pays grâce à une démo : In Dreams We Fall Into Eternal Lake, pour une fois, c'est un label français, Listenable Records, qui eu l'idée lumineuse de les signer et de leur permettre de sortir leur deux premiers méfaits Steelbath Suicide (1998) et The Chainheart Machine (2000). Ces pépites de Death Mélodique encore à l'état primaire leur permis très rapidement de se faire adouber par Nuclear Blast qui pris immédiatement le combo sous sa coupe aux vues du potentiel hallucinant que l'on pouvait déceler chez SOILWORK. Car l'avenir s'annonçait radieux et l'association allait devenir plus que fructueuse ! Le premier choc fut A Predator's Portrait qui s'avéra nettement supérieur à tout ce qu'ils avaient publié avant et qui leur permis de tourner intensivement avec ANNIHILATOR et NEVERMORE. La machine était lancée et n'allait désormais plus s'arrêter ! En 2002 sort Natural Born Chaos enregistré en compagnie de Devin Townsend, ce dernier poussa Björn dans ses derniers retranchements, ce qui lui fit découvrir une nouvelle palette de sa tessiture et permis à nos amis d'atteindre un palier supplémentaire. Une confirmation éblouissante de tout le talent de nos suédois qui en profitèrent pour tourner à travers le monde entier en compagnie d' HYPOCRISY, CHIMAIRA ou encore KILLSWITCH ENGAGE. A peine le temps de souffler et SOILWORK déboule avec Figure Number Five qui les installe définitivement sur la scène mondiale leur permettant de tourner avec CHILDREN OF BODOM, SHADOWSFALL ou bien IN FLAMES. C'est à cette période que des problèmes de batteur viennent perturber les SOILWORK, Henry Renta quitta le gang et fut remplacé par différents intérimaires avant que Dirk Verbeuren (SCARVE) s'installe définitivement derrière les fûts, amenant ainsi l'apaisement et la sérénité. Malheureusement ceci n'était que le long début d'une valse incessante de musiciens qui n'allait pas rendre la tache aisée à notre ami Björn. En 2005 sort Stabbing The Drama qui est une réussite totale et permet à SOILWORK de participer au OZZFEST et de commencer à s'imposer au pays de l'oncle Sam. Pourtant les difficultés vont resurgir avec la décision de Peter Wichers de quitter le vaisseau, un vrai coup dur quand on connaît le talent d'écriture et le rôle important qu'a joué le guitariste tout au long de ces années. Un choc si rude que Björn « Speed » Strid se demande alors si l'aventure ne va pas s'arrêter là ! Mais c'était sans compter sur la détermination sans faille de Mr Strid qui va lui permettre de réagir au plus vite en recrutant Daniel Antonsson pour terminer leur tournée mondiale. En 2007 sort Sworn To A Great Divide qui va leur offrir une place méritée au panthéon du Metal malgré de nouveaux soucis puisqu'en 2008, Ola Frenning quitte lui aussi le navire et est remplacé illico presto par le guitariste français Sylvain Coudret qui officie chez SCARVE. Les allers retours ne semblent d'ailleurs jamais s'arrêter puisque à peine arrivé, Daniel s'éclipse au profit du retour de l'enfant prodige Peter Wichers. Cette surprenante réapparition va donner naissance à The Panic Broadcast, un millésime à mettre aux cotés de leurs meilleures cuvées. SOILWORK semble dans une forme exceptionnelle et repart dans la foulée sur les routes bien décidées à défendre son nouveau bébé. Pourtant la joie sera de courte durée, Peter n'arrivant pas une fois de plus à s'accoutumer à la vie sur la route, nos amis durent d'ailleurs annuler une tournée US et s'adapter aux allers retours incessants de la diva en faisant appel à David Anderson lorsque celui-ci disparaissait. Une vraie belle preuve d'amitié en ces temps difficiles où chaque show est d'une importance capitale ! Mais une situation intenable pour un groupe de ce niveau ! Le 26 juin 2012, il lâche prise définitivement, un véritable soulagement pour tous après ces mois d'instabilités. Un best Of déboule le deux juillet 2012 pour calmer le jeu et faire patienter tout le monde. Alors qu'on pouvait s'interroger sur l'avenir de nos Killers, la nouvelle fuse telle une météorite : les SOILWORK sont de retour avec un double album concept, une véritable surprise qui ne pouvait laisser MI insensible ! Rendez vous est pris dans un hôtel parisien afin d'en savoir un peu plus sur cette étrange affaire ! Magnéto Björn !

Line-up
: Björn "Speed" Strid (Chant), Sylvain Coudret (Guitare), David Anderson (Guitare), Sven Karlsson (Claviers), Ola Flink (Basse), Dirk Verbeuren (Batterie)

Discographie : Steelbath Suicide (1998), The Chainheart Machine (2000), A Predator's Portrait (2001), Natural Born Chaos (2002), Figure Number Five (2003), Stabbing The Drama (2005), Sworn To A Great Divide (2007), The Panic Broadcast (2010), The Living Infinite (2013)

M-I Interviews du groupe : SOILWORK (se) - Björn "Speed" Strid (Janv-2005), SOILWORK (se) - Björn "Speed" Strid (Jan-2013)

Retranscription / Traduction : Vanessa Laulit



Metal-Impact. Pour The Living Infinite vous avez fait un travail énorme, vingt titres ont été enregistrés. Pourquoi avoir choisi de sortir un double cd ?
Björn "Speed" Strid. Hé bien, je pense que ça a été un défi difficile à réaliser car comme tu le sais, nous avions déjà publié de nombreux albums et il était vital pour nous de passer au niveau supérieur cette fois-ci et faire quelque chose d'unique et d'important. Cette idée m'est venue au fil du temps et je l'ai présentée aux autres en 2011 pendant les dates que nous avons effectuées lors des festivals d'été et le groupe a vraiment été très intrigué mais dans le bon sens du terme par cette proposition mais ils semblaient avoir des doutes sur la manière par laquelle nous arriverions à écrire autant de morceaux. Nous avons alors fait un compromis où le premier disque serait très bon et dans ce cas nous continuerions sur cette lancée. Et dans le cas contraire, on stoppait tout. Ca a été notre première préoccupation. Nous avons ensuite pu nous apercevoir très rapidement, après avoir commencé l'écriture que le reste des titres étaient aussi bons que ceux écrits au tout début de la création de The Living Infinite. Du coup, nous avons gagné en confiance et en plus, tous les musiciens ont collaboré à cette partie du travail. Nous avons réalisé que ce serait très varié, et que ce serait un atout. Quand tu écris une vingtaine de chansons, il faut de la diversité.

MI. Vous avez été très vite pour composer The Living Infinite, qu'est ce qui vous a inspiré cette fois-ci ?
Speed. Je pense que tout vient de la frustration que l'on a ressentie après la sortie de Panic Broadcast. Nous n'avons pratiquement pas fait de concerts et aucune tournée du fait des problèmes de line up que nous avons rencontré. Du coup, je pense que nous voulions créer quelque chose de nouveau et donc faire un opus spécial. Au final ça a été une très bonne motivation et ça a donné un bon rendu. On ressent la passion que nous avons investie sur cette galette. Nous avons composé tous les morceaux en à peu près huit mois et tout est venu très facilement.

MI. Concernant Peter Wichers, il me semble que vous êtes très proches. Vous vous étiez rencontrés à l'école, pourquoi a-t-il décidé une nouvelle fois de quitter le groupe ?
Speed. Effectivement, nous sommes de vrais amis d'enfance, nous avons monté le groupe ensemble. A cette époque déjà, quand SOILWORK a commencé à tourner intensivement, j'avais constaté que la vie de tournée ne lui convenait pas bien. Il a d'ailleurs quitté SOILWORK une première fois en 2005, ce qui ne m'a pas étonné du tout. Cette fois-ci, j'ai pu remarquer qu'il ne serait pas une fois de plus de la partie pour l'enregistrement du nouveau disque. Il se sentait vraiment très mal sur les routes, il était très stressé et déprimé d'être loin de sa famille alors nous nous doutions qu'il allait une fois de plus lâcher l'affaire. Quand nous étions en studio pour Panic Broadcast, il était pourtant très excité et motivé, tout allait bien, il avait l'air heureux, il voulait vraiment travailler sur cet opus mais quand nous avons commencé la tournée, nous avons tout de suite pu remarquer que ça ne fonctionnerait pas ! Et c'est là que David Andersson a fait des essais pour le remplacer. Il avait fait quelques remplacements en tant que guitariste notamment pour pallier aux absences de Peter lorsqu'il ne pouvait pas jouer avec nous sur scène. Nous le connaissions depuis 2006, il était un peu notre guitariste de session, c'était tout à fait normal de réaliser cette nouvelle étape avec lui, une évidence en quelque sorte.

MI. Vous avez annulé une tournée aux Etats-Unis suite à l'absence de Peter Witchers juste après la sortie Panic Broadcast, c'était vraiment un geste d'amitié très fort quand on pense à toutes les conséquences qui ont du découler de cette annulation...
Speed. Nous sommes vraiment un groupe de copains à la base, nous essayons d'être très démocratiques et c'est vrai qu'on voulait l'attendre pour qu'il soit prêt à recommencer dans une forme optimale. Mais nous étions juste arrivés à un point où ça ne marchait plus vraiment et nous avons pris cette décision pour sauver SOILWORK, c'était la meilleure chose à faire. Peter est maintenant chez lui avec sa famille, il travaille pour Fender au Texas en Arizona. Je pense qu'il est plus heureux comme ça et nous, nous avons David Anderson qui veut vraiment faire partie de la tournée et qui est passionné par le fait de donner des concerts à travers le monde. Au final, c'est une situation gagnante pour les deux parties.

MI. Qu'a-t-il apporté à l'écriture des morceaux de The Living Infinite ?
Speed. Je pense qu'il apporte une certaine touche mélancolique en comparaison de ce que Peter apportait et je crois que c'était quelque chose que nous voulions retrouver car nous avions développé ce genre d'éléments au début de notre carrière. Je pense que Peter, lui apportait plutôt ce que j'appellerais une influence américaine. La différence c'est que ce nouvel opus a un style plus scandinave et c'est ça que nous voulions retrouver dans notre musique.

MI. C'est en quelque sorte un retour aux racines ?
Speed. Oui, nous voulions surtout faire revenir ce côté triste et sombre car nous avions vraiment l'impression de l'avoir perdu sur nos opus précédents. Je pense même que même sur Natural Born Chaos ce sentiment n'était plus vraiment présent. C'était le moment de remettre en avant ce coté un peu noir qui était aussi un peu notre marque de fabrique au tout début.

MI. Quelle a été la réaction de votre maison de disque quand elle a su que vous prépariez un double album ?
Speed. Ils ont vraiment été surpris par cette idée. Nous n'étions pas vraiment sûrs de ce qu'ils allaient nous répondre, c'est le genre d'aventure qui demande réflexion. Par les temps qui courent, je pense que ce genre de projet est plutôt difficile à réaliser et surtout à faire en sorte qu'il soit une réussite sauf s'il est vraiment bon et reconnu, et je pense que c'est le cas. Je suis persuadé que ça devrait aller. Ils y ont vraiment cru et depuis de nombreuses années ils nous ont toujours supporté et accompagné dans nos décisions. Nous sommes très confiants car au final dans cette catégorie nous sommes les premiers à sortir un double cd.

MI. Dirais-tu que c'est un concept album ?
Speed. Effectivement. Il parle énormément de problèmes existentiels. C'est quelque chose qui m'obsède, j'y pense vraiment parfois même un peu trop. C'est pourquoi nous avons réalisé ce double album avec ce thème ! J'avais besoin d'extérioriser toutes ces idées qui me hantent. Ces dernières années, j'ai été obnubilé par tellement de choses… : « savoir comment les sentiments et les pensées peuvent s'évaporer après la mort… » C'est ce genre de théorie que j'ai mis beaucoup de temps à accepter, savoir que tout disparait après que tu ais quitté ce monde, c'est très perturbant.

MI. Tu veux dire que c'est basé sur le concept de la vie ou pas après la mort ?
Speed. Pas que ça. Il y a aussi la problématique de savoir pourquoi nous sommes là et si la vie n'était qu'une projection… ? Et si nous existions autre part ? Des pensées comme celles-ci. Un peu surréalistes et étranges.

MI. Ces pensées ont-elles toujours été là ?
Speed. Non, en fait j'ai eu un grave accident en 2009, j'ai percuté un mur de plein fouet ça a été un choc très violent qui m'a énormément marqué mentalement. C'est ma façon à moi de parler de cet incident ! C'est à partir de ce jour là et suite à cette collision mentale que j'ai vraiment commencé à penser à ces choses là.

MI. Dirais- tu qu'une partie des textes est autobiographique ?
Speed. Dans un sens, oui je pourrai affirmer cela. Ce que je veux dire c'est que j'ai eu une expérience très traumatisante en 2009 à Phoenix. Quelqu'un a mis de la drogue dans mon verre et je me suis réveillé en pensant que j'étais mort. Je pensais réellement être passé de l'autre coté et que j'étais dans l'au-delà. Je pense que ça a été la chose la plus effrayante qui me soit arrivée. J'en parle dans le morceau « Spectrum Of Eternity », c'est ma façon à moi de dédramatiser la situation. Cette aventure a conduit à un vrai changement au niveau de mon état d'esprit et a laissé des traces. J'ai effectué une véritable remise en question !

MI. Tu veux dire que quelqu'un t'a fait prendre une drogue qui fait perdre l'esprit sans que tu le saches ?
Speed. Oui, c'est de la méthamphétamine. Ca a en tout cas été une épreuve très douloureuse pour moi. A la suite de cela j'ai eu un parcours un peu difficile mais je pense qu'exprimer toutes ces idées à travers l'écriture a été le meilleur moyen de prendre du recul sur ma situation en tant qu'être humain et de réfléchir sur les questions existentielles qui en découlent.

MI. Donc maintenant tu fais très attention quand quelqu'un te propose un verre ?
Speed. [Rires] ... Oui, tout le monde devrait être vigilant ! C'est vraiment effrayant de se retrouver dans des situations aussi dangereuses.

MI. Comment as-tu rencontré Justin Sullivan de NEW MODEL ARMY et comment l'as tu convaincu de chanter sur « The Windswept Mercy » ?
Speed. Je l'ai rencontré après un show qu'ils ont donné en 2009 à Phoenix en Arizona. Je n'avais jamais vu NEW MODEL ARMY en concert mais j'étais fan depuis les années 90. Ce fut un concert merveilleux. Ca a été un vrai plaisir de les voir en live. C'est après le show que j'ai pu le rencontrer, on a discuté pendant plus d'une heure et il me semblait être le mec le plus sympa sur la terre, il a vraiment écouté mon histoire. On a discuté, il m'a donné son adresse mail et je lui envoyais un message de temps en temps. Nous avons été au studio pour The Living Infinite et j'étais assis en train d'écrire les paroles pour la chanson « The Windswept Mercy » et ça m'a frappé. Je me suis demandé si je ne pensais pas à la voix de Justin Sullivan en écrivant ce morceau car ce titre me faisait penser à sa tessiture. Et quand je l'ai écouté terminé, je me suis dit ce serait parfait pour Justin. Je lui ai donc envoyé un mail pour lui demander s'il serait intéressé pour faire la voix en tant qu'invité sur ce morceau. Il m'a répondu dix minutes plus tard en me disant : « Bien sur, ce serait un honneur ! ». Je lui ai envoyé le morceau, il l'a écouté et l'a décrit comme « un titre merveilleusement étrange ». Il l'a enregistré à Londres alors qu'il était en studio avec NEW MODEL ARMY.

MI. Quels sont les artistes avec lesquels tu aimerais travailler ?
Speed. Hé bien, peut-être l'une des chanteuses d'ABBA. [Rires] ... Non, très sérieusement j'adore leurs voix. Et la rousse, Frida, habite dans le village où je suis né. Elle a une très grande demeure sur la colline. Je l'ai déjà croisée plusieurs fois au supermarché du coin avec ses lunettes de soleil [Rires] … Alors peut-être qu'un jour je travaillerai avec elle, ce serait vraiment cool.

MI. Vous avez retravaillé avec Jens Brogen (OPETH, AMON AMARTH) qui avait déjà produit The Panic Broadcast. Comment s'est passé l'enregistrement cette fois-ci ?
Speed. Ca s'est fait très en douceur, je ne m'y attendais pas ni personne d'ailleurs. Nous avions le studio pour 2 mois et Dirk a enregistré toutes ses parties de batteries en 9 jours pour les 26 morceaux que nous avons mis en boite. C'était très impressionnant. Pour le reste des prises, nous avions 3 pièces dans le studio ce qui nous laissait des possibilités énormes. Nous pouvions enregistrer différentes parties en même temps. Je pense que c'était la bonne solution d'enregistrer de cette manière sinon ça nous aurait pris 6 mois. Donc, oui, ça a très bien fonctionné et en plus j'ai commencé à faire les voix très tôt dans le processus. Normalement c'est une étape qui arrive à peu près 2 semaines avant la fin des prises et on enregistre à peu près 3 chansons par jour ce qui n'est pas très bon pour les cordes vocales. Mais là, j'enregistrais une chanson en 24 heures, je suis resté en studio 6 à 7 heures par jour pendant à peu près un mois. Je pense que ça a été une bonne chose de pouvoir me focaliser sur un titre à la fois. Je pouvais vraiment me donner corps et âme tout au long de l'enregistrement. Cela m'a permis d'apporter une touche très émotionnelle tout au long des morceaux de The Living Infinite.

MI. Vous avez beaucoup travaillé les morceaux avant l'enregistrement ?
Speed. Nous faisons des démos avant d'arriver en studio mais pas grand-chose de plus.

MI. Vous avez participé à la croisière Hell Metal Cruise, comment ça s'est passé et seriez vous tenté de refaire l'expérience ?
Speed. C'était vraiment cool, presque surréaliste. C'était vraiment bizarre d'être en croisière vers les Bahamas. Je me souviens d'avoir vu le bassiste d'un groupe se balader une Pina Colada à la main, autour de la piscine avec son short et son tatouage sur son dos, c'était vraiment fou. Mais ça a été une très bonne expérience. Nous avons fait un concert sur le trajet qui nous emmenait vers les Bahamas et un au retour. Nous avons joué en intérieur et en extérieur et ce que nous avons adoré c'est l'emplacement près de la piscine ! C'était le plus sympa. Le plus dingue c'est le concert que nous avons donné en extérieur avec toutes ces personnes qui nous regardaient alors qu'elles étaient dans le jacuzzi en train de siroter un cocktail tropical genre Pina Collada. Hallucinant ! Cela reste vraiment un excellent souvenir dans une situation un peu surréaliste. Je le referais avec plaisir.

MI. Quel est le sens du morceau The Living Infinite ?
Speed. Ca vient en fait de Jules Verne et de sa description de l'océan que j'ai vraiment adorée. C'est le capitaine Nemo qui donne cette étrange définition de l'océan. J'ai grandi près de la mer et d'ailleurs je vis aujourd'hui tout près d'un océan et c'est un élément très inspirant pour moi. Ca crée vraiment une ambiance propice pour avoir des pensées existentielles comme quand tu regardes la mer et que tu te rends compte qu'elle n'a jamais la même forme. Tu vois ce que je veux dire… Et c'est ça qui me fait cogiter. C'est pourquoi ce morceau s'intitule ainsi et c'est aussi pourquoi la pochette s'inspire de ce thème nautique qui rejoint bien les questions existentialistes qui me hantent.

MI. Tu lis donc Jules Verne ? C'est un genre que tu apprécies ?
Speed. Oui, j'aimais surtout ça quand j'étais plus jeune [Rires] ...

MI. Vous avez un rapport privilégié avec la France, Sylvain Coudret votre guitariste est français. Dirk est belge un vrai cousin, quand viendrez-vous vous installer à Paris pour y vivre ? [Rires] ...
Speed. [Rires] ... Hé bien, qui sait ? C'est une ville très cool et sympa. J'y suis venu pour la première fois en 1997 quand nous voyagions à travers l'Europe. Nous avons bien profité de tous les endroits à voir, les plus touristiques… Nous sommes d'ailleurs allés voir la tombe de Jim Morrison au Père Lachaise.

MI. Vous avez commencé sur un label français Listenable Records si je me souviens bien ?
Speed. Oui, effectivement et c'était la meilleure façon de commencer. Laurent, le patron de la maison de disque, était vraiment un grand fan. C'était un passionné avant tout et un businessman ensuite, c'est ce qui nous a plus. Je pense que c'est un super label et je le recommande encore aujourd'hui aux nouveaux groupes qui arrivent sur le marché.

MI. Il y a quelques années, lors d'un passage en France vous avez été très déçus par l'organisation et vous n'êtes jamais revenus en France, pour quelles raisons ?
Speed. Effectivement, nous avions été très déçus mais simplement à cause du promoteur de la tournée qui est parti avec tout l'argent, nous n'avons pas été payés pour les concerts que nous avons donnés sur la tournée française. Il a juste disparu sans plus jamais donner de nouvelles. Nous n'avons rien à reprocher au public français. Je me souviens que ce soir là au Trabendo (22 Novembre 2008), les fans français ont été très bons et nous avons reçu un magnifique accueil. Ce qui nous a terrassé c'est que le promoteur se soit sauvé avec la caisse, cela nous a démoralisé quand même beaucoup il faut bien l'avouer. Nous n'étions plus motivés pour revenir dès l'année suivante et notre agence de Booking non plus, il faut dire que ne pas être payé est très difficile à concevoir de nos jours, d'autant que la situation n'est aisée pour personne en ces temps de disettes.

MI. Vous êtes revenus jouer en France depuis cet incident ?
Speed. Non. A vrai dire, même sur la dernière tournée avec ALL THAT REMAINS pour la promotion de Panic Broadcast, je ne me souviens pas avoir joué en France. C'est une histoire qui remonte à 4 ou 5 ans. Mais crois moi, nous reviendrons très prochainement. Nous sommes en train d'étudier les possibilités qui s'offrent à nous, une chose est sur, SOILWORK va revenir très prochainement dans l'hexagone peut être même cet été.

MI. Peux-tu me parler de vos projets de tournées dans les prochains mois ?
Speed. Hé bien, nous voulons faire tant de choses en même temps. Nous nous sommes rendu compte que nous avons beaucoup perdu de temps après la sortie de Panic Broadcast. Nous n'avons pas pu vraiment le défendre sur scène à cause principalement de notre problème avec Peter. Mais maintenant avec The Living Infinite qui est encore meilleur que le précédent nous allons avoir beaucoup à faire, ce sera très amusant d'en faire la promotion en concert. Nous voulons rattraper le temps perdu c'est une évidence. Tous les morceaux seront terribles en live. Nous commencerons avec une tournée en Amérique du Nord en mars, nous allons donner 44 shows en 46 jours, nous n'aurons seulement que 2 jours de repos !

MI. Comment faites-vous avec un rythme si soutenu pour être au top chaque soir ?
Speed. Hé bien ce n'est pas si difficile que ça ! Bien sûr, il faut boire avec modération et prendre soin de soi. Aujourd'hui par exemple, je ne bois plus autant qu'avant lorsque je suis en tournée. Tant que je ne tombe pas malade et que je vais bien, ça va je tiens le rythme sans difficulté. Je pense être chanceux. Partir des mois sur les routes n'est pas donné à tout le monde, ce n'est pas une chose aisée à assumer.

MI. Vous préoccupez-vous de ce qu'il se passe en France ?
Speed. Oui, vous avez de bons groupes, surtout de très bons musiciens qui viennent de France. TRUST, DAGOBA, GOJIRA … Je suis vraiment curieux de découvrir des talents français.

MI. Sylvain Coudret est le seul français de SOILWORK, a-t-il participé à l'écriture de nombreuses chansons pour cet album ?
Speed. Il a bossé sur 2 ou 3 morceaux. Mais il a surtout fait beaucoup de parties de lead guitars sur la majeure partie des titres, c'est une particularité de cette galette, les parties solos sont présentes sur de nombreux passages. C'est un guitariste vraiment très passionné pour tout ce qui est solo de guitare, il excelle dans ce style. Il a fait un travail merveilleux sur The Living Infinite.

MI. Il y a des passages très atmosphériques sur certains morceaux avec un certain groove. Qu'est ce qui vous pousse à vous aventurer dans cette voie ?
Speed. Sur un double album, il est vraiment important de jouer avec les dynamiques. Nous avons toujours été très bons pour ça. Réaliser des coupures dans les morceaux puis remonter d'un coup, c'est vraiment un ingrédient très important. Nous aimons développer un coté épique avec des refrains puissants avec énormément de voix. Il y a beaucoup de subtilité tout au long de ces vingt morceaux et il faut beaucoup d'écoute pour découvrir toutes les nuances de The Living Infinite.

MI. Vous cherchez à surprendre dans vos morceaux en fait ?
Speed. Oui, c'est ça. Nous cherchons à créer un effet de surprise sinon cela devient très vite ennuyeux pour l'auditeur. C'est de cette façon que nous travaillions, que nous nous développons années après années.

MI. Vous avez énormément de morceaux à votre disposition, comment allez-vous choisir ceux que vous jouerez en live ?
Speed. Ca va vraiment être très difficile de faire un choix. Sur la tournée nord-américaine, nous n'allons probablement ne jouer que quatre ou cinq nouveaux titres car, quand elle commencera, notre disque sera tout juste sortit donc je ne pense pas que le public sera très familier avec nos nouveaux morceaux. Peut-être que nous en jouerons plus sur la tournée européenne, mais encore une fois cela va dépendre de l'accueil qui sera fait à ce nouvel opus par nos fans. Je suis persuadé que ça devrait aller alors peut-être que nous jouerons le cd numéro 1 sur une tournée et le second sur une autre puis peut-être ferons nous un mixte avec d'autres de nos anciennes chansons. Pour l'instant, je suis encore un peu dans le flou.

MI. Est-ce qu'il est possible que vous fassiez un concert en jouant l'intégralité de The Living Infinite ?
Speed. Et bien je ne sais pas, si le public veut vraiment avoir tout l'album en live pourquoi pas. Mais peut-être que nous jouerons le premier album sur une tournée et sur une autre le second, je penche plutôt pour cette solution. Ensuite il y aura une seconde partie où nous jouerons d'anciens titres que les gens attendent obligatoirement.

MI. Est-ce que vous comptez réaliser un DVD Live sur cette tournée ?
Speed. Oui, effectivement nous travaillons dessus car nous n'en avons toujours pas sorti. Cela devient ridicule compte tenu des années que nous avons passées sur les routes. SOILWORK existe depuis si longtemps qu'il est temps de combler ce vide ! Le public nous en réclame un sans cesse.

MI. Vous aviez débuté en 1995, c'est bien ça ?
Speed. Oui, nous avons commencé par des démos et nous avons été signés en 1998, donc cela fait assez longtemps.

MI. Vous allez faire quelque chose de spécial pour marquer vos 20 années de carrière ?
Speed. Oui, nous devrions !

MI. Quand tu as débuté en 1995, est ce que tu aurais imaginé être à Paris presque 20 après pour parler d'un disque basé sur le concept de l'existentialisme ? [Rires] ...
Speed. Non, c'est de la folie vraiment ! Parfois, je fais une pause pour repenser à nos débuts et analyser comment nous en sommes arrivés là ! Pour moi, cela reste toujours incroyable et je n'arrive toujours pas à y croire !

MI. Vous n'avez pas eu envie de sortir un dvd qui retrace l'historique de toute votre carrière ?
Speed. Oui nous y avons pensé. Nous avons énormément d'archives et effectivement cela pourrait être intéressant. Le problème c'est qu'il y a énormément d'images à regarder… Nous allons embaucher quelqu'un pour ce travail afin qu'il puisse tout visionner. Ce sera certainement la façon la plus simple d'y arriver car nous allons être en tournée la plupart du temps et nous n'aurons pas forcément le temps nécessaire pour travailler sur tous ces documents.

MI. Au sein de SOILWORK vous avez tous un très bon niveau technique. Est-ce un réel avantage ?
Speed. Hé bien, être un groupe très technique n'implique pas forcément que tu as la capacité d'écrire de bonnes chansons. Je le vois souvent en découvrant de nouveaux artistes, il y a tellement de groupes talentueux de nos jours mais qui ne savent pas écrire de bons morceaux. Mais avec SOILWORK nous avons vraiment de très bons compositeurs qui écrivent de très grands titres même s'ils ont beaucoup de maîtrise technique. Ceci ne nous empêche pas de créer des choses simples quand cela nous semble utile. Nous n'avons pas non plus peur d'écrire des morceaux très accessibles et de les mixer ensuite afin d'obtenir quelque chose d'original. Je crois que c'est ce mélange de musique à la fois simple et très technique qui donne cette dynamique que l'on trouve chez SOILWORK.

MI. Pour finir, que voudrais tu que le public retienne de The Living Infinite ?
Speed. J'espère qu'il pourra ressentir que nous avons pris beaucoup de plaisir à le réaliser, nous nous sommes beaucoup amusés. Nous avons vraiment été très passionnés par sa réalisation. C'est un album très réaliste et j'espère que le public pourra saisir cela aussi. C'est très important pour moi.


Ajouté :  Lundi 17 Juin 2013
Intervieweur :  The Veteran Outlaw
Lien en relation:  Soilwork Website
Hits: 13266
  
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