Si le 11 septembre 2012, une majorité du monde avait le regard tourné vers les Etats-Unis d’Amérique, avec cette envie lubrique d’assister en direct à un nouvel attentat, un duo d’irréductibles Finlandais refusait encore et toujours de suivre le mouvement. Et pour cause, ce triste anniversaire coïncide également avec la sortie d’Effigies Of Evil, le troisième album d’une discographie surtout riche de splits en compagnie d’artistes de la trempe d’ANIMA MORTE, COFFINS, HORSE LATITUDES, ILSA ou encore un certain… ASPHYX, figure connue et reconnue de la mouvance Doom / Death Metal qu’ils chérissent tant. D’ailleurs, j’aime autant vous prévenir tout de suite, ne vous attendez pas à une effusion de bonheur au cœur d’un opus dont les incessantes distorsions me donnent encore mal au crâne. HOODED MENACE, c’est le Doom de qualité scandinave dans toute sa splendeur. Vous savez désormais ce qui vous attend.

Ces deux messieurs au physique imposant vous accueilleront avec les dix minutes de « Vortex Machine ». Il y a un côté un peu actif-passif à l’affaire, parce que grâce à la puissance que dégage cette première compo et à sa longueur sadomasochiste, le duo tient l’auditeur en laisse et lui inflige diverses tortures, concentrées principalement sur le rectum. La voix caverneuse, presque éructée, de Lasse Pyykkö vous rend totalement impuissant et sa profondeur abyssale est hypnotique. On est très mal à l’aise, on se sent observé, traqué, et en même temps, cette chasse à l’homme est excitante. Leur Death / Doom Metal très autoritaire ne souffre d’aucune contestation, d’autant qu’il fait beaucoup plus que prendre son public en otage. Par le biais de guitares hallucinogènes, de motifs psychédéliques, il se démarque très légèrement des références du style que sont les DAYLIGHT DIES et autres SWALLOW THE SUN. Aussi décomplexé que rigide, Effigies Of Evil se diffuse dans nos veines en forçant l’entrée. Il n’a rien de profondément conceptuel, novateur ou original et c’est justement cette sincérité artistique qui me plait. A la fois brutal et mélodique, il se contente de dérouler, de manière assez classique mais sans jamais oublier son écrasante intensité. Capable d’inspirer des images diverses et variées, entre la poésie lugubre d’un « Crumbling Insanity » et le Rock bondage de « Summoned Into Euphoric Madness », cet opus, bien que beaucoup trop samplé à mon goût, joue son rôle à la perfection, refusant toute concession et se limitant à une seule ligne de conduite. Un esprit malsain dans un corps malsain, la musique d’HOODED MENACE n’est rien de moins qu’un chevauchement pachydermique de mid-tempos, de mélodies macabres, de psychédélisme et de râles terrifiants. Une force qui peut, selon les avis, se transformer en faiblesse. Car il est également vrai qu’à part sa lourdeur particulièrement magnétique et son côté Heavy / Stoner à peine suggéré, Effigies Of Evil n’est pas un album qui rompt totalement avec l’image qu’on se fait du Doom / Death. Il ne possède pas la musicalité ni l’accroche qui feraient de lui un des albums de l’année. Et c’est presque dommage, parce que techniquement, on sent que Lasse et Pekka ont une parfaite maitrise de leurs instruments respectifs. Aussi, on aurait bien aimé passer du contrôle technique à leçon magistrale, mais probablement faudra t-il attendre encore un peu.

Il n’y aura donc pas eu coup de cœur pour Effigies Of Evil. Par contre, ce disque s’impose comme une alternative plus que crédible aux noms ronflants qui squattent toujours et encore le haut du panier. Et s’ils sont là depuis tant d’années, c’est parce que personne n’a encore osé leur répondre avec de l’insolence dans la voix. Je ne dis pas que les HOODED MENACE auront été les premiers à le faire, mais leur réplique véhémente est à prendre avec tout le sérieux et la sévérité qu’elle véhicule.