Un bref regard posé sur le booklet de cet album et sa lecture diagonale vous donneront déjà suffisamment de renseignements pour cataloguer vite et bien les Français de DUNKELNACHT. L’Islam et ses « infâmes imams misogynes et autres vermines lobotomisées » prennent cher, au même titre que les chrétiens qui se plaisent à « sucer inlassablement la bite du Christ ». Niveau bourrage de crâne, vous allez vite constater que ces mecs ne sont pas mieux que les institutions qu’ils dénoncent. Pour ce qui est des présentations, on repassera. Entre bouleversements dans le line-up, membres qui quittent mais qui restent impliqués et paquet de démos et splits, le C.V des Lillois est déjà copieusement garni, malgré une création assez récente, puisqu’effective à la fin de l’année 2004. Presque six années plus tard, un premier effort, nommé Atheist Dezekration a vu le jour. Et c’est peu dire que Christine Boutin se serait bien passée d’une énième attaque frontale.

Parce ce que ce disque est une morsure qui diffuse un violent poison dans vos veines. Les textes en français sont formidablement bien écrits (même si je ne partage pas du tout le message véhiculé), mais leur Black Metal est d’une telle puissance qu’il empêche toute appréciation intellectuelle des lyrics. Le travail réalisé par la guitare lead par exemple, qui accouche souvent de motifs hypnotiques (« Etau Chrétien »), éclipse totalement les paroles blasphématoires vociférées par Exp:/13. Certains groupes arrivent à faire de la relation entre chant et instrumentations une collaboration étroite. Chez DUNKELNACHT, il y a une scission. Leurs morceaux sont tellement magnétiques et leurs riffs tellement surprenants qu’on se focalise dessus, oubliant au passage la présence d’un vocaliste dont le chant n’est pas des plus originaux. Atheist Dezekration manifeste très rapidement un sérieux et une grande fidélité au Black Metal traditionnel. Le leur est presque brutal et la faute est inhérente à un seul élément. Une boîte à rythmes qui synthétise totalement le mouvement permanent présent au cœur de l’opus. Si au début, on y prête très peu attention parce que relativement bien programmée, au bout de cinq ou six morceaux, l’assistance robotique qu’elle apporte à DUNKELNACHT devient insupportable. Le déclic s’est fait sur « How To Build A New Burning Head Messiah », dont le tempo étouffant marque un drôle de retour à la réalité, après vingt-cinq premières minutes qui nous plongent dans un état léthargique inattendu. Etrangement pour un groupe de Black Metal très orthodoxe, Atheist Dezekration parvient à captiver, non seulement à cause de sa puissance homogène mais surtout à cause de morceaux qui transpirent l’authenticité. Ce n’est pas un Black Metal très inventif, mais il fait effet parce qu’il donne exactement à son public ce qu’il a envie d’entendre. Une musique franche, sans compromis, sans chichis. Quelques temps forts viennent par ailleurs rompre une linéarité évidente, comme par exemple ce simili de mid-tempo sur « In The Halls Of Tortured Idols » ou le penchant Brutal Death d’« Atheist Dezekration », sur laquelle chante Ben Phegore, que je suspecte fortement d’être Benoit Laurence, vocaliste pour DISGUST. Son intervention, en plus d’être efficace, apporte un peu de tonus à une section vocale qui commençait doucement à s’étioler.

Pas de quoi sauter au plafond donc. Un disque de Black Metal honnête écrit et joué par un groupe honnête. Mon seul regret concerne à la fois la mise en avant des paroles, qui traduisent un point de vue antireligieux beaucoup mieux rédigé et beaucoup plus intéressant à lire que la plupart des textes de Black classique et dans l’utilisation d’une BAR qui rompt totalement avec l’image organique et vivante que j’ai de ce style musical. Du coup, Atheist Dezekration me laisse en plan avec cette sensation assez étrange de ne pas l’avoir beaucoup aimé sans pour autant l’avoir détesté.