AS MY WORLD BURNS (sp) - Letters From Alaska (2009)
Label : Noisehead Records
Sortie du Scud : 5 Septembre 2009
Pays : Espagne
Genre : Death Metal / Post-Hardcore Mélodique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 41 Mins
Pas facile, en Espagne, de percer dans le Metal. Les cinq jeunes d’AS MY WORLD BURNS l’ont bien compris. Après avoir assisté au split de leur ancien groupe, FREAK INC, ils n’ont pas perdu leur passion et se sont retrouvés autour de cette nouvelle formation. Quelques concerts dans les clubs de la capitale pour rôder la machine, et les voilà déjà sur le chemin du studio pour mettre en boîte ce premier album, Letters From Alaska.
Ils ont fait avec les moyens du bord, et cela s’entend. La production est encore très rustique, aucun lissage ni gonflage des instruments. S’ils s’en sortent avec un son pas trop mal dans l’ensemble, l’on aurait préféré un mix plus spacieux et plus clair envers les lignes de guitares. En outre, un excès de basse a tendance à vite saturer le spectre et rendre des passages inaudibles. Bien embêtant puisque le groupe s’exprime via un Post-Hardcore brutal, avec emphase sur les sections rythmiques grondantes. Les riffs sont abrasifs, il leur manque juste cet aspect plus agressif dans le rendu sonore pour vraiment marquer le ton (« Static Shot »). Les guitaristes s’inspirent clairement de THE DILLINGER ESCAPE PLAN dans leurs jeux les plus déconstruits, un tantinet Prog, à l’image de « Jacqueline ». Et pour ce qui est de la mélodie, c’est plus vers BURST qu’il faut se tourner, avec cette dimension épique dans les leads, qui succèdent avec accroche aux sections mouvementées. Alberto et Txus amènent une mélodie bien sentie dans la lourdeur des titres, à l’instar de « Now That The City Sleeps » et sa montée en intensité progressive, ou des pointes sur « Letters From Alaska », portées par un chant à cœur ouvert - une des rares fois de l’album. Par ailleurs, il n’y a pas de réelle démonstration technique, si ce ne sont les enchaînements plus complexes et dissonants qui se mettent parfois en branle (« A Missed Phone Call »).
Pour ce qui est du frontman, l’on reste loin du Deathcore, car Raul suit plus les codes des groupes Punk/Hardcore à la POISON THE WELL. On y retrouve la même fougue, avec un chant toutefois moins screamo, mais davantage tourné comme un growl moderne, aspiré et très éraillé. Le problème, avec son type de voix, est qu’il a tendance à être monotone, ne prenant même pas la peine de se nuancer sur les parties mélodiques. Qui plus est, il manque de consistance et, du coup, les émotions rageuses qu’il peut transmettre s’en trouvent amoindries. En outre, pour ne pas arranger le tableau, des compositions telles que « Clocks » et « Waltz Of Masks » affichent l’intervention d’un chant clair. Et on apprécie vraiment que Raul n’ait pas décidé de garnir davantage de pistes avec, tant il manque de justesse. Ses interprétations claires ont tout de même pour elle de permettre de diversifier les vocaux hurlés, qui ne sont clairement pas les meilleurs qui soient. Sur ces mêmes pistes, se crée un contraste frappant puisque le jeune homme y emploie également un growl inintelligibles pour des phases vraiment Death, appuyées de percussions lourdes. Il suffit donc de faire abstraction de la prestation de Raul, très fatigante pour l’oreille, afin de profiter d’un album honnête et solide dans son déroulement.
En empruntant la puissance d’un ARCHITECTS, sans être aussi technique, le groupe fait ressortir un côté Mathcore de ses compositions. Passons tout de suite sur la basse qui, si elle prend quelques initiatives, se fait vite oublier. Et pour des pistes qui misent sur des structures plus complexes que la normale, c’est dommage qu’elle ne s’impose pas plus. Néanmoins, la batterie, bien qu’un peu sèche, tabasse et offre un jeu assez dynamique et diversifié. Les racines Hardcore des Espagnols apparaissent alors au grand jour sur le claquant « Circles », ponctué, comme d’autres morceaux de la galette, de séquences acoustiques. Celles-ci amènent alors un bel équilibre bien vite remis à sang par les rythmiques (« Black, Melancholy And Autumn »). Les constructions décousues des pistes permettent aussi de donner lieu à des titres assez barrés et chaotiques, à l’exemple de « A Bullet And A Farewell ». On revient néanmoins sur le même problème de la production qui empêche les percussions de prendre de l’ampleur, et rend les breakdowns inexistants.
Ne le cachons pas, Letters From Alaska sonne encore très amateur. Pour y remédier, il faudra perfectionner indubitablement le chant qui est actuellement le plus gros point faible du combo dans sa recherche offensive. Mais aussi, il faudra prendre plus de temps pour proposer une production qui fasse honneur au genre, sans grésiller dès que les fréquences basses sont effleurées. Et même si le disque est parfois laborieux à s’enfiler, l’on sent un réel travail derrière les compositions de Letters From Alaska. À voir si AS MY WORLD BURNS saura apprendre de ses erreurs.
Ajouté : Mercredi 10 Octobre 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: As My World Burns Website Hits: 8338
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